Injures de rue : la réaction d’Oser le féminisme
L’association Oser le féminisme a réagit au film de Sofie Peeters sur les injures faites à Bruxelles. Cette association radicale s’est fait remarquer par la campagne « Oser le clitoris », entre autre.
L’association a donc donné son avis suite au film de Sofie Peeters, film critiquable tant sur la méthode que sur la documentation. Pour mémoire il ne fournit aucun chiffre et laisse entendre que les maghrébin sont des harceleurs et injurieurs de femmes.
Dans une tribune du Monde, Oser le féminisme, officine du parti socialiste français, remet en avant une supposée domination masculine comme un fait général et universel.
« Le phénomène de harcèlement, qui s'inscrit dans un continuum des violences machistes, entretient le sentiment que la rue est un espace masculin dans lequel les femmes ne peuvent circuler de manière pleinement libre et sûre, à toute heure du jour et de la nuit. »
Et encore :
« Le harcèlement de rue, comme tous les autres types de violences faites aux femmes, découle d'une idée encore sous-jacente dans notre société patriarcale : les corps des femmes sont à la disposition des hommes et soumis à leurs désirs. »
On remarquera le « continuum de violences machistes », laissant entendre comme d’habitude que cette violence est générale et permanente. Massive, donc ? Cela on sait que c’est faux. Les chiffres sur la violence envers les femmes montrent que celles-ci ne sont le fait que de d’environ 2% d’hommes en ce qui concerne les violences physiques. Et que la même violence s’exerce des femmes sur les hommes dans une proportion moindre de moitié ou égale selon les indicateurs.
Il n’y a pas de « continuum de violences machistes ». Il n’y a pas de généralisation de violence masculine. Il n’y a pas non plus de généralisation de la violence féminine.
On peut ajouter que la rue est un espace où les femmes et les hommes « ne peuvent circuler de manière pleinement libre et sûre, à toute heure du jour et de la nuit. » Le problème de la sécurité est général. Par contre, se faire siffler dans la rue est spécifiquement féminin. De même être sollicité visuellement ou aguiché par des femmes très déshabillées dans la rue est spécifiquement masculin.
Cela doit être compris. Que ce soit culturel ou biologique les hommes cherchent les femmes à leur manière. Les femmes cherchent les hommes d’une autre manière. De manière générale les hommes avancent plus vers les femmes, et les femmes freinent plus les avances des hommes. On peut considérer les choses comme l’on veut, c’est ainsi.
J’admets sans réserve qu’une femme a le droit d’être dans la rue sans se faire injurier. Faut-il museler les hommes ? Faut-il condamner l'impulsion masculine vers la femme ? Faut-il neutraliser ce pouvoir masculin de la drague (je ne parle pas de l’injure qui n’a rien à voir avec la drague) ? Alors ne faudrait-il pas aussi neutraliser le pouvoir féminin de la séduction par le maquillage, par les jupes courtes, les bustiers avantageux, le look en général ? Car en réalité la rue est un lieu de pouvoir autant féminin que masculin. Au « pouvoir » de la drague répond le « pouvoir » de la séduction.
Dans la tribune d'OF publiée par Le Monde une petite phrase souligne une des critiques que l’on doit faire à ce féminisme : la généralisation, la systématisation. Idéologie oblige, tous les hommes sont mis dans le même paquet. Mais après avoir lié le témoignage de Sofie Peeters au patriarcat et aux « continuum de violences machistes » il est écrit :
« Oui, la rue est un lieu où les femmes sont exposées au sexisme et aux violences de certains hommes ».
« Certains hommes » : voilà qui change singulièrement la donne. Et qui relativise. Si ce sont « certains hommes » ce n'est plus le « patriarcat » qui par définition englobe tous les hommes, ni le « continuum de violences machistes » qui là encore suppose que tous les hommes sont des machos violents.
Ce sont « certains hommes ». Donc pas tous. Donc, questions légitimes : lesquels, où, combien ? Ce à quoi le film ne répond pas, pas plus qu'OF.
Bien évidemment l'injure et la pression comme elle est montrée sont insupportables. Les hommes éduqués devraient, doivent eux-même dire à ceux qui ont un tel comportement, que c'est inacceptable et qu'un homme ne se comporte pas ainsi. Draguer est une chose, et ma foi c'est le jeu. Injurier en est une autre.
Mais, et au final c'est l'intérêt de la tribune d'OF : le groupe féministe reconnaît lui-même que ce sont « certains hommes ». Donc pas tous. Donc pas un système qui les ferait tous pareils.
Le problème est ici double : les injures subies par des femmes à cause de certains hommes, et la représentation que le film, la presse et le féminisme donne des hommes en général. On est en plein devant le double stéréotype de la femme victime (entendez toutes les femmes) et de l'homme agresseur (entendez tous les hommes). Faut-il dénoncer la situation de Bruxelles sans faire la part des choses ? Ce ne serait pas une bonne option. Car hors du témoignage on ne sait pas ce que représente le film en nombre, en pourcentage, en type précis de population (non seulement l'origine ethnique mais le degré d'éducation et de formation, entre autres). Il s'en suit ce qui s'est passé et qui continue : une généralisation. Avec à la clé des politiques destinées à criminaliser les hommes, si ce n'est toujours dans le texte, au moins dans l'esprit.
OF reprend cette généralisation, mais est obligée d'y mettre un bémol. Très timide ce bémol, et inclus dans une phrase qui stigmatise.
La rue est le lieu du pouvoir des femmes et des hommes, et j'entends que l'on considère la relation de séduction qui est faite pour se montrer belle et attirante (pour qui quand on est sans son conjoint ?), autant que la situation de sollicitation parfois lourde et salissante que certains hommes créent.
Condamnons les injures - mais quel en est le réel pourcentage ? On n’en sait rien. Le film de Sofie Peeters les présente comme une généralité. Pour faire des études sérieuses il faut filmer en de nombreux endroits, de manière discrète. Filmer dans des quartiers arabes, africains noirs, blancs, russes, juifs, jeunes, vieux, riches, pauvres, etc. Vérifier le nombre d’hommes qui injurient ou font des propositions déplacées sur l’ensemble des hommes qui sont dans la rue. Compter le nombre de femmes qui se font aborder sur l’ensemble des femmes présentes dans la rue. On pourra alors avoir une idée plus précise du standard de pouvoir masculin dans la rue.
Ensuite il faut filmer les femmes, leur pouvoir de séduction, l’effet sur les hommes, et définir là aussi un standard du pouvoir féminin des femmes dans la rue. Les femmes ont le droit de marcher dans la rue habillée comme elles en ont envie. D’accord. Mais si cela produit de l’effet, que doit faire l’homme ? Agitez une femme avantageusement dénudée devant un homme, que se passe-t-il ?
Regarder les choses d’un seul côté, alimenter encore la culpabilisation des hommes : c’est le plan de la Féminista. On ne le rappellera jamais assez. Faire un stéréotype unique englobant tous les hommes est un fond de commerce. Les relations hommes-femmes ne sont pas toujours simples. La culpabilisation en général des hommes comme violents en général ne va pas améliorer les choses. Au contraire.
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