« On ne naît pas femme, on le
devient », écrivait Beauvoir en 49. J’ai relu presque
entièrement « Le deuxième sexe », il y a un an. Lecture
extrêmement éclairante, et qui a fait beaucoup pour que les femmes
« deviennent » autre chose que ce à quoi les
condamnaient des siècles d’obscurantisme religieux et d’idées
toutes faites légitimées par la référence constante à une
« nature » qui n’avait rien de naturel et constituait une
fabrication idéologique des plus calamiteuses. La « nature »,
vieille invention du XVIIIe siècle, reste encore aujourd’hui
l’argument des imbéciles.
La connerie machiste existe, elle
transpire dans tous les groupes où il ne se rencontre pas de femmes
; elle est pesante, insupportable, quasi obscène. Qu’une connerie
« féministe » puisse exister désormais – et elle
existe assurément, repérable dans quelques stéréotypes un peu
lassants – c’est tout de même un sacré progrès, et il faut s’en
réjouir. Cela veut dire que lorsqu’on est une femme on n’est plus
assigné à un rôle social figé par l’idéologie séculaire du
patriarcat, qu’on est devenu un sujet pensant autonome, capable de
revendiquer une totale liberté et plus du tout résigné à fermer
sa gueule et à subir.
Quand on a vécu dans le milieu
enseignant – qui n’est par ailleurs pas bien exaltant ! - on
pourrait douter qu’il existe dans la société une « guerre des
sexes » : les femmes y sont majoritaires et je n’y ai jamais
rien vu qui ressemble à du sexisme, que ce soit dans un sens ou dans
l’autre. L’utopie d’une parfaite égalité s’y trouve déjà très
bien réalisée et c’est une bonne chose, mais ailleurs, il s’en faut
bien que la situation soit aussi favorable aux femmes et il me semble
qu’il faut soutenir toutes les mesures qui permettront de réduire
une inégalité qu’il serait difficile de contester.
Beaucoup de mesures décidées par le
politique peuvent paraître un peu artificielles, volontaristes et
quelquefois un peu ridicules, mais elles sont transitoires. Quand
l’odieuse inégalité se sera complètement estompée, elles
disparaîtront d’elles-mêmes. En tout cas, pour l’instant, elles sont
le symptôme qui révèle une pathologie sociale encore très loin de
la guérison.
Les hommes se reconnaissent bien
volontiers le droit à l’erreur, il n’y a aucune raison de le dénier
aux femmes dans le combat pour leur liberté, ni de leur faire un
crime de quelques comportements excessifs comme on pouvait en voir à
la belle époque du MLF. Elles se révoltent et elles ont raison ;
leur situation, dans bien des cas -je pense aux milieux les plus
défavorisée- est encore intolérable. Le plus grave, c’est que la femme-collabo qui conspire à son propre abaissement, malgré tous les efforts du corps enseignant, n’a pas encore tout à fait disparu. Parfaite liberté pour les unes, qui jouissent d’un très haut niveau de culture, et burqa pour d’autres. C’est inacceptable.