Même consternation que vous sur le Monument de la renaissance africaine
Même enthousiasme que vous pour Ousmane Saw
Je me casse la tête pour essayer de comprendre pourquoi ses oeuvres me touchent (en me laissant une forte impression qu’elles ne peuvent pas plaire à Toulemonde)
D’abord le moyen.
J’aime certes voir le burin du tailleur de pierre mais plus encore la trace des doigts sur la glaise
C’est alors l’eccéité qui fonctionne.
« Ici, il a mis sa main » fébrile, sa main mentale.
Je suis sa pensée en suivant les traces de ses mains. Je piste sa pensée manuelle. (ça me fait également cet effet quand je regarde de près les gravures de Rembrandt qui corrige, améliore, estompe, masque) .
J’ai l’impression qu’il se glaise, qu’il se Pygmalion lui-même (en tous ses états, en toutes ses projections introjections), qu’il se Adam lui-même, qu’il se Eve lui-même, qu’il se démiurge
Car dans Apollon et Daphné je ne vois pas où est passé le corps de Le Bernin qui s’est pourtant arraché à cette performance. Alors que je perçois déjà mieux le corps de Rodin ainsi que de Camille dans leurs oeuvres. Je vois le corps de Van Gogh. Je ne vois pas le corps de Buren non plus
Je préfère les objets faits mains, irréguliers, où je vois la fatigue, l’usure, l’épuisement, la patience, l’abnégation
Et puis la taille qui est supérieure à la normale. Je me sens petit, dominé par ces créatures en pleine action qui m’ignorent. Comme des dieux qui guerroient sans un regard pour les hommes.
Positions extraordinaires, très éloignées des poses esthétiques de Michel Ange ou même Rodin
Et l’ambiance que forme le groupe sur la passerelle des Arts, l’ambiance Ousmane domine le pont.
Une telle sauvagerie, une telle africanité, là, en plein Paris, 120 ans après les expositions coloniales, le Buffalo Show, les zoos humain, quel flash back !
Le cheval en centaure sacrifié dans cette capitale qu’il a tellement servie et qui ne veut plus de lui
L’odeur
Une odeur difficile à capter dans ce courant d’air sur tirant d’air mais de très près oui une odeur de terre qui sue le pétrissage des pieds, des corps, des bêtes, des crottes de lions, des sangs écoulés et qui vibre encore des tam-tam.
La fragilité
Donc la confiance.
Oui Ousmane, tu nous as fait confiance
Tu es l’artiste qui m’a fait le plus confiance.
Et puis ça ne peut pas durer éternellement une sculpture aussi fragile.
Ce n’est donc pas fait pour traverser les siècles, pour s’imposer éternellement,
Ca admet de devoir s’effacer, de redevenir poussière.
C’est une oeuvre qui accepte de mourir
De redevenir terre
De repasser sous les pieds, les griffes et les sabots
D’être remodelée, autrement
Par un autre
Enrichie
Merci Ousmane !
14/08 11:20 - luluberlu
Merci de votre mise à jour de l’actualité de la VRAIE culture, celle issue des grandes (...)
14/08 10:46 - Adrien
OUsmane Sow :-o J’ai eu la même expérience sur le Pont des Arts. J’en resterai (...)
13/08 21:44 - easy
Même consternation que vous sur le Monument de la renaissance africaine Même enthousiasme que (...)
13/08 20:47 - pigripi
Je n’avais pas entendu parler d’Ousmane Sow depuis bien longtemps, merci de donner (...)
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