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Commentaire de easy

sur Ousmane Sow, le griot de la glaise


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easy easy 13 août 2012 21:44

Même consternation que vous sur le Monument de la renaissance africaine

Même enthousiasme que vous pour Ousmane Saw

Je me casse la tête pour essayer de comprendre pourquoi ses oeuvres me touchent (en me laissant une forte impression qu’elles ne peuvent pas plaire à Toulemonde)
D’abord le moyen.
J’aime certes voir le burin du tailleur de pierre mais plus encore la trace des doigts sur la glaise

C’est alors l’eccéité qui fonctionne.
« Ici, il a mis sa main » fébrile, sa main mentale.

Je suis sa pensée en suivant les traces de ses mains. Je piste sa pensée manuelle. (ça me fait également cet effet quand je regarde de près les gravures de Rembrandt qui corrige, améliore, estompe, masque) .
J’ai l’impression qu’il se glaise, qu’il se Pygmalion lui-même (en tous ses états, en toutes ses projections introjections), qu’il se Adam lui-même, qu’il se Eve lui-même, qu’il se démiurge


Car dans Apollon et Daphné je ne vois pas où est passé le corps de Le Bernin qui s’est pourtant arraché à cette performance. Alors que je perçois déjà mieux le corps de Rodin ainsi que de Camille dans leurs oeuvres. Je vois le corps de Van Gogh. Je ne vois pas le corps de Buren non plus
Je préfère les objets faits mains, irréguliers, où je vois la fatigue, l’usure, l’épuisement, la patience, l’abnégation




Et puis la taille qui est supérieure à la normale. Je me sens petit, dominé par ces créatures en pleine action qui m’ignorent. Comme des dieux qui guerroient sans un regard pour les hommes. 
Positions extraordinaires, très éloignées des poses esthétiques de Michel Ange ou même Rodin

Et l’ambiance que forme le groupe sur la passerelle des Arts, l’ambiance Ousmane domine le pont.

Une telle sauvagerie, une telle africanité, là, en plein Paris, 120 ans après les expositions coloniales, le Buffalo Show, les zoos humain, quel flash back !

Le cheval en centaure sacrifié dans cette capitale qu’il a tellement servie et qui ne veut plus de lui

L’odeur 
Une odeur difficile à capter dans ce courant d’air sur tirant d’air mais de très près oui une odeur de terre qui sue le pétrissage des pieds, des corps, des bêtes, des crottes de lions, des sangs écoulés et qui vibre encore des tam-tam. 


La fragilité
Donc la confiance.
Oui Ousmane, tu nous as fait confiance
Tu es l’artiste qui m’a fait le plus confiance.

Et puis ça ne peut pas durer éternellement une sculpture aussi fragile.
Ce n’est donc pas fait pour traverser les siècles, pour s’imposer éternellement,
Ca admet de devoir s’effacer, de redevenir poussière.

C’est une oeuvre qui accepte de mourir
De redevenir terre
De repasser sous les pieds, les griffes et les sabots
D’être remodelée, autrement
Par un autre

Enrichie

 
Merci Ousmane ! 


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