à l’auteur,
Vous avez tout à fait raison : on prend les électeurs pour des cons. Quand je dis « on », je ne saurais pas trop dire de qui il s’agit, ni renvoyer à quelque imaginaire tyrannie : le lieu du pouvoir est vide, disait Claude Lefort, et je ne dédouanerai non plus les électeurs : on les prend pour des cons parce qu’ils sont très cons. Il suffit de lire ici même un certain nombre d’articles passionnés, qui opposent d’une manière manichéenne la bonne gauche vertueuse et la méchante droite qui, dans quatre ans, sera encore responsable de tous les échecs de nos braves socialistes. Il y a une propension des masses à vouloir subir l’oppression de la tyrannie purement imaginaire qu’elle se fabrique. Rien ne serait plus utile aux électeurs que le « Discours de la servitude volontaire » d’Etienne de la Boétie.
Vous n’évoquez, au fond, que la droite et la gauche des grands partis à qui l’accès au pouvoir est possible. Leur politique, me semble-t-il, est une politique de droite. Depuis le virage libéral des socialistes en 83, les valeurs de la gauche ont complètement disparu, sauf à titre d’argument publicitaire. Vous ne dites rien de l’extrême droite ni de l’extrême gauche. Les deux « fronts », en fait, sont comme les deux faces d’un même Janus appliqué à développer les vieux thèmes traditionnels et populistes de l’extrême droite : xénophobie, antisémitisme, complotisme, etc. Le tout sur un fond de rhétorique véhémente, haineuse et fanatique.
La connerie, plutôt que le bon sens cher à Descartes, semble décidément être la chose du monde la mieux partagée.