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Commentaire de John_John

sur Par-delà gauche et droite


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John_John John_John 16 août 2012 17:15

J’ajouterai un extrait d’une analyse de ce « socialisme de gauche et de droite » à la française, par Alain Laurent :


« Les trois visages concrets complémentaires de l’ultra-étatisme sans lequel le socialisme ne serait qu’une coquille vide :

a) Une bureaucratisation de l’économie régie par une »régulation« centralisée (qui se substitue désormais au projet de planification, trop connoté de soviétisme et discrédité par ses échecs catastrophiques et meurtriers).

b) Une entreprise de redistribution autoritaire et massive des revenus par le biais d’un État-providence tentaculaire fonctionnant aussi à crédit, par l’endettement. Ce qui se traduit par une pratique fanatique de l’impôt (rebaptisé »citoyen« ), que W. Röpke avait bien repérée dès les années 1950 en parlant de »socialisme fiscal«  : au lieu de collectiviser et nationaliser les entreprises en amont, on le fait en aval, en confisquant la majeure partie des revenus des individus productifs, transformés en »animaux sacrificiels« (Rand).

c) Une socialisation directe ou indirecte des emplois, dans la perspective d’une »fonctionnarisation« générale de la société ( »Tous fonctionnaires !« , y compris les créateurs culturels ou les entrepreneurs…) : il n’y a plus à terme qu’un service public illimité.

Au passage, il faut souligner que ces caractéristiques intrinsèquement perverses du socialisme (surtout version française) rendent d’avance vaines toutes les élucubrations sur la possibilité d’un »socialisme libéral« , relevant autant de l’oxymore que jadis celles portant un »communisme à visage humain« . Pour qu’il puisse exister, il lui faudrait renoncer aux trois caractéristiques précédemment énoncées, mais ce ne serait alors plus du socialisme… Le grand et vrai pré-libertarien de gauche Franz Oppenheimer a bien montré que le souci de faire entrer les plus modestes dans le libre marché doit exclure le recours aux »moyens politiques« spoliateurs et autoritaires !

Comme si cela ne suffisait pas, et c’est un élément nouveau qui accroît encore sa malfaisance foncière, le socialisme à la française s’est depuis au moins deux décennies toujours plus culturellement gauchisé sous l’influence de son »écolo-boboisation« et de l’influence prépondérante qu’y exerce désormais la bourgeoisie intellectuelle de gauche et d’extrême gauche. Méprisant et délaissant les salariés modestes accusés de »populisme« , il s’est voué à la défense de tout ce qui est réputé »exclu« et »stigmatisé«  : délinquants et détenus, cancres, chômeurs et endettés volontaires, squatteurs, fraudeurs »sociaux« , »minorités visibles« , »racaille« , sans-papiers et dévots de la charia. Bref, de tous ceux qui contreviennent à la simple observance des »règles de juste conduite« (Hayek) assises sur la responsabilité de soi, le respect des droits de propriété d’autrui et le droit de vivre en sûreté – qu’il faudrait… laisser faire et laisser passer, c’en est la version socialiste évidemment contrefaite et antithétique de celle des libéraux cohérents. Le socialisme est ainsi devenu le principal foyer de confection et de propagation de la tyrannie du »politiquement correct« (l’anti-sécuritaire, la religion de l’ »Autre« …) qui empoisonne la vie sociale et intellectuelle en France. Et qui, en conjuguant pillage et angélisme, détruit à petits feux le peu de vraies libertés dont nous disposons.

Le ressort de cette extension du domaine de la lutte et le lien entretenu avec la social-étatisation sont clairs bien que peu souvent perçus : c’est l’égalitarisme, cette corruption de l’idée classique et légitime d’égalité (hommes et femmes, électeurs…). Égalité, donc, entre individus productifs et créateurs et individus irresponsables et assistés, entre citoyens de souche et immigrés illégaux, entre citoyens respectueux des droits des autres et délinquants, entre civilisations fondées sur le primat de la liberté individuelle et civilisations tribales théocratiques et monolithiques, entre parents et enfants ou enseignants et élèves. Mais tout en maintenant ou accroissant quelques inégalités révélatrices : entre agresseurs et victimes devant la Justice, ou simples citoyens et oligarques de la nomenklatura d’État…

C’est dire si, dans une France déjà amplement hypersocialisée et donc institutionnellement socialiste où l’on n’a électoralement le choix qu’entre diverses variétés de socialisme plus ou moins accentuées (Bayrou et sa »France solidaire« , Le Pen et son protectionnisme nationalisateur, Sarkozy et sa défense du »modèle social français« entrent évidemment dans ce champ), l’arrivée des socialistes du PS et de leurs compagnons de route, les néo-bolcheviks à la sauce Mélenchon, à la tête de l’État signifierait l’entrée durable dans un État social et multiculturaliste total. Qu’attendre d’autre dans un pays où le PS détient déjà le pouvoir dans toutes les régions et les grandes villes, au Sénat, et où ses compagnons de route intellectuels font déjà la loi dans les médias, la magistrature, l’enseignement et le show-biz – avec le renfort des syndicats ? »

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