Bonjour à vous.
La Modernité nous fait changer de paradigme. Les Anciens visaient le vertu, nous visons le confort. Le confort a ceci de plus reluisant qu’il emballe tout le monde et nivelle les aspirations ; ni vous ni moi ne cracherions dessus.
Cependant, les tenants du capitalisme comme unique horizon ont vite fait de faire du confort la panacée de ce monde. En réalité, le bonheur n’est-il pas ce qui ressortirait d’un sondage sur le bien ultime de chacun ? Le cas échéant, êtes-vous sûr que les êtres humains sont globalement plus heureux aujourd’hui qu’il y a deux siècles ? Ce, malgré l’eau courante, l’électricité, la télé, l’IPhone et des produits exotiques en veux-tu en voilà ? Est-ce que le matérialisme - et je dis ceci en mesurant bien évidemment l’apport permis, ne serait-ce que les moyens techniques qui nous permettent vous et moi de discourir - doit constituer une condition fondamentale du bonheur ?
Pensez-vous qu’un peuple inconnu du fin fond de l’Afrique, de l’Amazonie ou de l’Australie se morfond dans son coin en nous enviant notre Sécu, nos soldes et nos écrans plats ?
De manière générale, le premier argument que l’on oppose à toute critique du libéralisme est le confort matériel, indéniable. Le second, neuf fois sur dix, est celui-ci : « Eh bien allez donc vivre chez les Papous, en Afghanistan ou en Corée du Nord, si cela vous chante, vous cracherez moins dans la soupe ».
J’ai peut-être l’air de faire un portrait à charge, mais mon objet n’est pas tant de dénoncer le capitalisme que de mettre les gens devant leurs contradictions et de dire, par exemple, que devenir militant NPA et distribuer des T-shirts à l’effigie d’un argentin bien connu, c’est déjà nourrir « la bête ». De même lorsque l’on se rend esclave des modes technologiques, vestimentaires, culturelles, automobiles ou autres, c’est-à-dire du superflu à nos yeux nécessaire, et que l’on se rend chez un banquier qui nous accordera un crédit pour s’offrir l’objet de nos tourments : comment, ensuite, faire de celui-ci l’unique responsable de nos impayés ? Un brin de responsabilité en chacun serait déjà une amorce de solution, mais il ne faut pas trop en demander...