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Commentaire de Emmanuel Aguéra

sur Intermittents du spectacle, permanents de l'arnaque


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Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 24 août 2012 23:01

Bon, je m’y risque...

Pourquoi je vois ce fil complétement à côté du problème de ce statut que pour d’autres raisons, je considère comme bâtard....

La musique, je connais. J’y ai d’excellent amis, et d’autres. Le spectacle, je connais, merci. L’art n’étant pas fait que de spectacle, j’ajouterais que, féru des arts de la rue, de peinture, de littérature et d’architecture, j’estime avoir la chance de me sentir suffisament mal dans ce monde pour admirer et rendre grâce et louange à ceux qui m’aide à m’en évader spirituellement, ce qui est un luxe moins honéreux, plus rassembleur et constructif que de rouler en ferrari, même si j’admire la beauté de ces monstres dont je déspprouve l’usage sur les routes de monsieur tout-le-monde.

Un copain violoncelliste, (Marakhaazan, je vous le recommande, ce qu’il fait est proprement hallucinant), intermittent de son état, m’a lâché un jour une bonne blague : " quelle est la différence en France entre le foot et le spectacle ?« et la réponse était »en foot c’est plein de mi-temps interminables, et en spectacle c’est plein d’intermittents minables".
La blague est bonne, très vile, ok, mais pas seulement : J’ai observé dans mes parcours divers tant d’intermittents « minables » assurants leur 47 cachets pour toucher leur chômage, le plus souvent à coups de coup dans les couloirs des administrations diverses, genres inspections académiques ou réunions de familles et tant d’autres, talentueux, galérer sans obtenir ce « statut social », que j’ai appris à ne pas juger de la qualité d’un artiste à son statut. C’est un peu la critique du diplôme, que j’aborde là.
J’ai galéré dans le spectacle, et j’ai arrêté, conscient de l’asservissement et du galvaudage de la situation d’artiste dans ce pays. Quoi !!! me dira-t-on ? Mais c’est en France qu’on a instauré l’Exception Culturelle, un statut d’artiste (encore que, demandez aux « artistes libres » (si si c’est un statut) ce qu’ils pensent des intermittent, ce sont bien les chefs de leur PME perso, qui crèvent la dalle dans leur coin, bien de chez nous, loin des médias et du showbiz. La France, donc, pays de Lumières, pays d’exception, etc etc...
J’ai galéré dans le spectacle et joué dans les bars pour 20€ la soirée, condescendus par des patrons qui s’en foutaient plein les poches, au black évidemment, et parfois devant des salles vides.

Et puis j’ai voyagé : l’Angleterre, les pubs, la live music, le paradis des bluesmen, qui comme moi cherchaient à s’en foutre plein les oreilles et les tripes pour pas un rond... car les concerts étaient (et sont encore) gratuits dans ces pubs. Je vous parle de blues car c’est le virus que j’ai attrapé, mais pareil pour le rap, la house, le jazz etc... J’ai été en Hollande, en Allemagne, en Italie, en Belgique, j’en passe...

Les salles n’étaient pas vides, elles étaient pleines. Pleines de hens de tous âges, de toutes extractions sociales, de tous genres, de egns, brefs, réunis par une passion commune. Et sur scène, je vous dis pas : de la qualité, mais de la putain de qualité, j’ai jammé avec certains, moi tout petit, moi modeste, et j’ai jammé avec des « stars », des gens dont vous achetez ou piratez les disques, des pointures qu’on oserait ou n’imaginerait pas rencontrer dans un bar de banlieue de chez nous...

Pour en venir où ? Voilà voilà... CVes gens là, je leur parlais de ce statut-bien-de-chez-nous-les-respectueux-la-culture dont vous débattez dans ce fil sans queue ni tête, et dont je soupçonne bine l’instigateur de n’être qu’un jaloux ou un faf, mais je peux me tromper, désolé si vous ne votez pas FN, cher auteur.

Car si les bars sont vides et si les créateurs crèvent la dalle chez nous, recourant, non à la qualité ou au travail pour sortir du lot et vivre décemment de leur art, c’est que dans les pays que j’ai cités les salles sont pleines, et pleines d’un public averti, et que chez nous elles sont vides ! Pourquoi ? Serions nous plus cons que les autres, avec notre Eception Mitterrandienne et notre staut d’intermittent à la con qui donne l’occasion aux fafs en tous genre de s’en prendre à nos vrais artistes en citant Gœring ?
La réponse est simple : Quand vous aviez à l’école primaire un 0 en maths, vous preniez une giffle, mais quand vous rameniez un 0 en dessin ou en musique, tout-le-monde rigolait, souvenez-vous. Eh bien le résultat est là, des salles vides, des artistes, des bons, qui crèvent la dalle et l’urgence à les soutenir, ne serait-ce que pour l’image intellectuelle du pays... Johnny ou Sardiou, ça va un moment...

 Alors nous y voilà, nous avons inventé le statut qui tue. Qui tue l’art. L’artiste a droit à sa place, même dans un pays où personne n’est capable de le reconnaître et qui confie sa 1ere chaine de télévision à un maçon international. Bravo.

Il est loin, l’art, l’a-dedans, mais il faut bien qu’il bouffe cet artiste, alors, c’est, comme planter les chous, à la mode de chez nous, un statut d’intermittent de chômage qu’on lui a octroyé. Le pire c’est qu’il se bat pour le garder !!!!!!!!

Changez l’école, vous changerez la société, bordel !


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