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Commentaire de JMBerniolles

sur L'hallali nucléaire


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JMBerniolles 27 août 2012 21:47

Comme le premier ministre japonais Noda qui a relancé deux réacteurs nucléaires au Japon en dépit d’une large opposition populaire, et bien qu’il ne soit pas du tout un partisan de l’électronucléaire dont il affirme vouloir affranchir son pays à l’horizon 2030, deux ministres socialistes viennent de réaffirmer l’aspect incontournable de l’option nucléaire pour la production électrique dans notre pays (sans que les soi-disant écologistes et carriéristes du gouvernement ne démissionnent).

Ces politiciens sont au pouvoir. Ils savent très bien que dans ces conditions ils ne peuvent contourner les réalités. Une trop grande augmentation des tarifs du courant électrique serait insupportable pour les usagers et handicaperait encore l’industrie qui nous reste. Aucun gouvernement ne survivrait à un « black out » électrique généralisé provoqué par ses choix énergétiques. De plus le gouvernement a déjà à gérer l’augmentation inexorable du prix du pétrole [due au franchissement non avoué du pic de Hubbert et à la spéculation incontrôlée] qui a elle seule peut mettre notre pays à genoux dans peu de temps.

Au niveau mondial la tendance est clairement à l’expansion du nucléaire [et ce ne sont pas les hurlements de « l’observateur du nucléaire » par ailleurs marginalisé dans sa propre famille pour ses excès, stéphane Lhomme, qui changeront cette réalité].

S’il n’y avait pas le développement du gaz de schiste aux USA, ce pays aurait relancé son nucléaire dont l’autorité de sûreté vient d’ « autoriser », un projet de réacteur de type PWR de la société Westinghouse (aujourd’hui contrôlée par Toshiba). Le gaz étant la seule solution pour diminuer la part relative du nucléaire (et compenser l’intermittence de l’éolien comme le montre la nécessité de construire une chaudière à gaz en Bretagne à Landivisiau en marge des projets éoliens des baies bretonnes dont le paysage sera ainsi dénaturé sans vraiment résoudre le problème électrique), la France sera sans doute amenée à exploiter son gaz de schiste. En faisant appel à des techniques beaucoup moins agressives que la fracturation hydraulique.

A propos des fissures :

 D’abord il faut savoir qu’aucun matériau n’est parfait. Dans un métal au niveau microscopique on va trouver des lacunes, des porosités, des fractures, des microfissures et jusqu’à des fissures

Rapidement après le démarrage de Fessenheim, des fissures sous revêtement de la cuve primaire ont été mises en évidences. Des études sérieuses de Framatome qui ont d’ailleurs été matérialisées par un code case ASME [ensemble des règles et critères pour le dimensionnement mécanique des réacteurs PWR] ont montré que ces fissures n’évolueraient pas dans un sens dramatique au cours du fonctionnement ce qui s’est vérifié. Contrairement à ce que prétend Stéphane Lhomme qui n’hésite jamais à affirmer des choses sur un sujet auquel il ne connait rien, en traitant les autres d’incompétents, les « fissures » découvertes sur les viroles de cuve primaire (fabriquées par le constructeur hollandais, Rotterdamsche Droogdok) sur des réacteurs belges notamment n’ont effectivement rien à voir avec les fissures « Fessenheim ». Et il est d’ailleurs très possible que leur évolution soit plus dangereuses pour la tenue de la cuve et conduise à l’arrêt des réacteurs concernés.

Il est toujours amusant de noter que des gens qui réclament à cor et à cris l’indépendance de l’autorité de sûreté nucléaire, font constamment référence à de pseudo avis scientifiques de Greenpeace organisation qui bâtit son fonds de commerce sur l’anti nucléaire à outra nce.

Parmi les inepties et contre vérités qui émaillent cet article, je relèverai le passage sur la Tepco [retirer la responsabilité de la gestion des accidents à la Tecpo]

Comme toujours dans ce type de texte partisan on mélange tout. On confond la Tepco organisme privé soumis à la loi du profit et ses travailleurs : responsables techniques, ingénieurs, techniciens..

Il faut rappeler ici avec force que ce sont environ 150 personnes (de la Tepco, plus des pompiers et policiers) qui ont fait face au développement des accidents nucléaires sur six unités. Il faut imaginer ce que cela représente alors que chaque cas était spécifique. D’ autant que la défaillance du gouvernement japonais et des organismes de sûreté les a livré à eux-mêmes [c’est notamment le super intendant du site, Yoshida, qui a du prendre l’initiative des injections d’eau de mer contre l’ avis du gouvernement]

Les erreurs humaines n’ont pas été épargnées, mais finalement ces hommes courageux et compétents ont évité le pire. C’est-à-dire le fait que les corium en fusion des réacteurs 1 2 et 3 ne se retrouvent sur les radiers en béton.

Ils se sont d’abord battus pour réaliser de nouvelles connections électriques sur les tableaux des bâtiments turbine, pour pomper et réaliser le circuit d’injection d’eau de mer … ce que a limiter les accidents nucléaires.

Ils se sont battus pour contrôler le processus de traitement des eaux radioactives, aboutir à un « arrêt froid » et limiter les rejets radioactifs extérieurs à un niveau très faible… Et ils commencent actuellement la phase de démantèlement très complexe et très longue sûrement ( près de 40  ans) en planifiant le retrait des combustibles usés et frais, jugés intact du point de vue géométrique, de la piscine de stockage de l’unité 4 [deux éléments combustibles frais ont déjà été manutentionnés pour matérialiser le procédé].

Pour la grande majorité des taches à accomplir il faut des techniciens compétents et qui connaissent les circuits, les équipements.. Au cours de leurs travaux, ces travailleurs intègrent des doses biologiques dont la somme est limitée (cela a été 250 millisieverts, une dizaine de techniciens sont concernés, maintenant il est plutôt considéré 100 millisieverts). Donc le nombre de travailleurs disponibles diminue et cela devient un problème actuellement.

Une population de plus de 10.000 travailleurs a été mobilisée sur le site de Fukushima Daiichi. Des morts de travailleurs ont été déplorées. Il y a eu notamment un mort de Leucémie aiguë et récemment un travailleur a été victime d’un accident cardiaque (arrêt de systole).

Vis-à-vis de la population impliquée, il n’y a d’abord pas un nombre de décès qui dépasse largement la statistique.

D’autre part, le lien des décès avec l’irradiation a été écarté dans tous les cas sur la base d’explications scientifiques [notamment pour un problème de délai pour les Leucémies].

Il y a des problèmes au Japon, notamment cette triste affaire de feuilles de plomb sur les dosimètres des employés d’une entreprise sous traitante, mais il y a une vraie gestion des doses biologiques intégrées. Il y a aussi des cartes de doses d’irradiation qui permettent aussi d’évaluer les doses reçues.

Donc le fait qu’il n’y ait eu aucune victime d’irradiation chez les techniciens (dont deux sont un peu au-dessus de 600 millisieverts) ainsi que dans la population civile, est crédible.

JMBerniolles



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