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Commentaire de Éric Guéguen

sur Libertés contre égalité


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Éric Guéguen Éric Guéguen 30 août 2012 10:09

Voir en moi un néolibéral n’est pas piqué des hannetons. Pour tout vous dire, je suis taxé de crypto-marxiste par des libéraux lorsque je leur parle de « bien commun ». De grâce, les uns et les autres, accordez vos violons. Je pense surtout que bon nombre de gens, toutes tendances confondues, se plaisent à faire rentrer des gens dans des cases, ce qui est plus commode pour tirer dessus à boulets rouges. Quelqu’un de « fluctuant » est pour vous, semble-t-il, forcément un ennemi qui avance masqué. Or, non, je cherche le vrai partout où il peut se trouver, tout simplement. Jamais il ne vous viendrait à l’esprit que l’objectivité est à ce prix, jamais ?

- Je suis pour la limitation des salaires et j’entends à ma droite : « coco » !
- Je suis contre l’idée d’une égalité naturelle entre les êtres et j’entends à ma gauche : « facho » !
- Je suis favorable à une instruction publique forte et digne de ce nom face à la mainmise des établissements privés, et de nouveau à droite : « marxiste » !
- Je suis opposé à l’AME et voici qu’à gauche, on braille : « néo-cons ! »
- Je suis contre une loi sur la burqa et j’entends à droite : « islamiste » !
- Je prône un retour aux frontières et l’exaltation du sentiment national, mais à gauche, on me répond : « vichyste » !
- etc.

Bref, ce genre de décryptage est stérile.
Vous n’êtes en rien d’accord avec ce que je dis, soit, et a priori, c’est le cas de la majorité des gens qui passent par là. Seulement j’attends encore que soit infirmée la thèse principale de ce papier, que je vous remémore :

Comment ne pas voir que l’équation « un homme = une voix » conduit nécessairement à légitimer n’importe quelle majorité, c’est-à-dire n’importe quelle idée susceptible de fédérer ? Une fois que l’on a remarqué cela, comment ne pas en déduire que le seul moyen qu’il reste d’empêcher certaines idées « nauséabondes » de se propager est de limiter la liberté d’expression, c’est-à-dire la publicité (au premier sens du terme) de telles idées ? Là encore, une liberté se couche devant l’égalité (cf. notre équation de départ).

Pour finir, je comprends mieux le préjugé gauchiste dont vous faites preuve : vous assimilez la justice à l’égalité. L’idée qu’il puisse y avoir des très riches et des très pauvres vous insupporte, ce que je comprends parfaitement. Mais vous en venez presque à dire que l’existence de gens riches et de gens pauvres est une injustice. Non ! Certains travaillent dur pour être riche, d’autres se tournent les pouces (il y en a, j’en connais) et ne méritent rien. C’est du bon sens et il n’y a rien de « néolibéral » là-dedans. Ce qu’il faut éviter, c’est que pouvoir et richesse aillent nécessairement de pair, et donc redonner à la hiérarchie sociale son véritable sens (ce qui doit se doubler d’une mobilité au sein de cette hiérarchie, bien entendu). Jusqu’à présent, par défiance de la verticalité politique, on a tablé sur l’horizontalité économique. Nous voyons tous le résultat : l’émergence de nouvelles hiérarchies, iniques celles-là car fondées avant tout sur la richesse.

Enfin, vous dites que j’assimile la justice à la politique, parfaitement. Enfin presque... La politique consiste à maintenir un savant équilibre au sein de la cité, en particulier rendre à chacun ce qui lui revient. C’est la raison pour laquelle tout, strictement tout, dans la vie des hommes repose sur la politique. La justice, de son côté, est la vertu des vertus, celle qui maintient le lien entre les individus et l’idée de bien commun, d’où le fait qu’une bonne part de l’activité politique consiste à favoriser le bon exercice de la justice.


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