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Commentaire de Bovinus

sur Communisme et libéralisme : deux faces d'une seule et même médaille


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Bovinus Bovinus 1er septembre 2012 21:40

Oula... vous êtes parti un peu loin là. Je ne pense pas être un avatar de Belzébuth, ou alors il faudrait que je me fasse exorciser. Je crois plutôt qu’on ne se comprend pas car on parle de choses différentes.

Revenons à la source de la polémique : la raison. Donc, vous considérez que j’ai, à un moment donné, « nié » l’existence de la raison. Comment aurais-je pu nier quelque chose qui ne signifie pas la même chose pour vous et pour moi, semble-t-il ? J’ai émis l’hypothèse qu’il est possible d’être en même temps « imbécile » et « intellectuellement performant » (on va dire ça comme ça, à défaut d’ « intelligent », trop imprécis), c’est tout, et cité quelques exemples.

Si vous voulez, on peut en prendre un plus simple encore, peut-être moins polémique : l’ordinateur Big Blue, qui finit par vaincre Kasparov aux échecs. Les échecs, comme le calcul, correspondent à un type de raisonnement abstrait, se déroulant dans le cadre de certaines règles. La machine a fini par devenir plus performante que le meilleur joueur humain dans le cadre strict de cet exercice très particulier ; devrait-on s’incliner devant la supériorité de cet assemblage de câbles et de silicone pour autant ? C’est pareil pour Leibnitz. Le fait qu’il fût un bon mathématicien et un bon ingénieur, c’est à dire, performant dans ces cadres stricts, ne signifie pas nécessairement qu’il fût « raisonnable », ni même qu’il colle à la définition du savant créateur que donne Bernanos. D’ailleurs, vous avez employé un léger abus de langage à un moment, en affirmant que Leibniz aurait « créé » le calcul infinitésimal ; je ne suis pas matheux, mais Newton a-t-il « créé » la gravité en énonçant ses lois en dans le langage de la science physique ? Je crois que le terme approprié en ce qui concerne l’apport de Leibniz serait plutôt « formalisé » ou « contribué au domaine du ». Il n’était pas le seul sur l’affaire non plus, hein.

Vous n’avez toujours pas, d’après moi, donné de définition nette de ce que vous entendez par ce concept de « raison universelle », ou plutôt, avez donné une définition par l’absurde. En un sens, suivant votre exemple de l’immeuble du 20ème étage ou de l’arithmétique, il est prouvé, je crois, qu’un singe voit bien la différence qu’il y a entre 1 et 2 bananes, et ne se jette pas dans le vide si on le met au bord d’un précipice. Doit-on en conclure que le singe est capable d’appréhender la « raison universelle » pour autant ?

De plus, vous semblez l’assimiler tantôt au simple bon sens, tantôt à la logique ou à la rhétorique ou encore à la recherche scientifique (qui, si je ne me trompe, fait appel à différents types d’axiomatique). Il n’y a là rien d’évident, contrairement à ce que vous semblez tenir pour définitivement acquis. Vous savez, apparemment, comment fonctionne un sophisme, qui est pourtant parfaitement logique du point de vue des règles de logique définies par Aristote. Ce qui est rare est cher ; un cheval bon marché, est rare ; donc un cheval don marché est cher. Tout est apparemment cohérent et « logique », pourtant à l’arrivée on se retrouve avec un truc complètement insensé.

Ce que je cherche à vous dire depuis 2 jours, c’est qu’il m’apparaît comme tout à fait certain que l’utilitarisme et le rationalisme à outrance, la logique du toujours plus, toujours mieux, la fuite en avant technologique soient tout à fait déraisonnables, dans le sens où à partir d’un certain moment, il faut être capable d’appréhender la supériorité d’autres considérations ou d’autres types de raisonnements.

La logique du « progrès technologique » érigé en priorité absolue a déjà failli créer un cataclysme en 1962, avec la crise de Cuba. Aujourd’hui, on a d’autres types de problèmes, mais toujours provoqués par l’arrogante fatuité de l’homme, notamment la concurrence entre les nations, la pollution, la prolifération nucléaire (civil y compris), les dérèglements climatiques ou encore les tensions sociales provoquées par les systèmes politiques en place. Là où vous semblez voir un remède (la raison), moi, je vois plutôt la cause. D’où le problème de définition que j’ai souligné ci-dessus.


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