Comme notre pays semble à beaucoup empreint de « cécité mentale », selon les propres dires de monsieur Bouteflika il y a quelques années, invitons ce dernier, lorsqu’il reviendra en France pour quelque examen médical, à parcourir à pieds les abords du Val de Grâce. En prenant la sortie est de l’hôpital militaire, monsieur Bouteflika pourra alors emprunter la rue Berthollet afin de se rendre à la Grande Mosquée et à l’Institut Musulman de la rue Geoffroy Saint-Hilaire, dressés dans la capitale en 1922 en souvenir des milliers de combattants musulmans morts pour la France au cours de la première guerre mondiale. De là, en passant par la rue Monge, il pourra pousser jusqu’à l’Institut du Monde Arabe dont l’architecture extérieure procède d’une parfaite symbiose entre culture arabe et culture occidentale, et où se tenait au moment de son hospitalisation une exposition fort intéressante sur les sciences arabes et les mystères de l’Egypte ancienne… que les susnommés Berthollet, Geoffroy Saint-Hilaire et Monge ont grandement contribué à redécouvrir et à diffuser parmi les Arabes eux-mêmes durant ce qui s’apparente à une genèse colonisatrice ! Champollion et la pierre de Rosette, Abd El-Kader et ses amitiés napoléoniennes, Charles de Foucauld et sa passion fusionnelle pour le monde berbère, l’humanisme d’Albert Schweitzer, la main tendue de Louis Massignon, Leclerc à Koufra et, bien plus tard, un ayatollah dorloté dans un palace aux portes de Paris… sont-ce autant de réalités historiques qu’il nous faudra dorénavant récuser car n’ayant fait que nuire à l’Islam, à l’Afrique, au Tiers-monde en général ? Disons-le fort et clair : lorsqu’un seul pays musulman affichera autant de marques d’estime à l’endroit de l’exotisme, de passerelles interreligieuses et d’intérêt pour les valeurs étrangères à l’Islam, la France consentira de bon cœur à se faire botter le derrière à grands coups de babouche.