@Papyboom
Il me semble que j’ai bien lu plusieurs fois qu’on n’avait pas tranché la main du Chevalier de la Barre, la main qui n’avait pas levé le chapeau et qu’on ne lui avait pas non plus arraché la langue qui lui avait servi à chanter des chansons impies. Tout cela, c’était dans la sentence, pour faire sérieux. En fait, on s’est contenté, comme on l’avait déjà fait au XVIIe siècle pour la Voisin, de jeter du bois vert sur les fagots, et dans la fumée qui dérobait la scène aux assistants, le bourreau l’a simplement étranglé pour éviter les cris bien prévisibles en pareille circonstance, et peut-être... de nouveaux blasphèmes. Cela aurait fait vilain ! Ensuite, il est bien possible, oui, qu’on l’ait gentiment démembré. On craignait encore beaucoup, à cette époque, les « émotions populaires » qui pouvaient résulter de ce que Michel Foucault appelle « l’éclat des supplices ». Bref, on était déjà soucieux d’agir en civilisé et le bon docteur Guillotin n’était plus très loin. Les pays musulmans qui tranchent les mains, décapitent au sabre, pendent haut et court ou lapident sont encore là où nous en étions au XVe siècle. Mais ils progresseront, assurément, quand les peuples du printemps se rendront compte qu’il ne suffit pas d’avoir Dieu dans sa poche ou au gouvernement pour que le bonheur collectif, par miracle, se réalise. « Il n’y a pas d’abonné au numéro que vous avez composé ». C’est le petit message que la crise économique leur fera vite entendre et qui les rendra plus raisonnables.