• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Christian Labrune

sur La boîte de Pandore des dérives de la liberté d'expression : Impunité pour blasphème


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Christian Labrune Christian Labrune 17 septembre 2012 16:07

Je me fiche complètement du texte de la bible et de l’histoire d’Abraham. Des cruautés, on en trouve dans tous les textes antiques, et il ne faudrait pas feuilleter longtemps Homère pour en trouver d’aussi abominables. Le problème n’est pas là, il est dans le fait que l’exégèse religieuse chrétienne - je ne connais pas les autres - y voit une preuve de la foi d’Abraham, ne discute aucunement son geste. Si c’est Dieu qui commande, il faut nécessairement obéir : le croyant est l’esclave de Dieu et doit se soumettre, quoi qu’on puisse exiger de lui. Si Dieu commande de massacrer des musulmans (voir Amin Malouf) on les massacrera sans état d’âme, et de l’autre côté, ce sera bien évidemment la même chose. Quel monde ! Et c’est le même dieu !
Complètement tétanisés par ces habitudes de pensée, un certain nombre de commentateurs, particulièrement des psychanalystes probablement athées, ne voient pas le problème réel, qui est celui des habitudes de soumission inconditionnelles. C’est qu’il n’est pas si facile de se débarrasser des conditionnements culturels qu’on a hérités par immersion dans une société façonnée par les religions. Dans le même ordre d’idées, j’ai connu un certain nombre de professeurs pourtant athées, qui paraissaient considérer que l’apparition du monothéisme était un progrès par rapport au polythéisme. Et pourtant, lorsqu’on y réfléchit un peu, c’est complètement idiot : le polythéisme n’implique pas vraiment la croyance. Cicéron laisse au petit peuple la croyance aux dieux de la cité ; Paul Veyne a bien montré que dans l’antiquité la croyance aux dieux n’a rien à voir avec celle qui intervient dans le monothéisme, qu’elle est extrêmement variable selon les classes sociales, et l’excellente étude de Jerphagnon sur Julien l’Apostat fait apparaître, dans la Rome impériale tardive et encore partiellement païenne, un monde de représentations mentales d’une grande richesse et d’une grande complexité par rapport à quoi le christianisme en pleine expansion paraît un peu simpliste.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès