Merci tikhomir, je comprends mieux ce que vous vouliez dire 
Dans mon chef, je n’entends pas la démarche spirituelle comme visant à être sauvé (sauvé de quoi ?), mais comme (tentative de) réponse à des questions existentielles aussi vieilles sans doute que la conscience humaine : qui suis-je ? où suis-je ? pourquoi suis-je ? pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? ... Il s’agirait plutôt d’une démarche visant à donner un sens à une existence dont nos perceptions habituelles ne permettent pas d’appréhender une vue d’ensemble.
Plongé dans la manifestation de l’être, l’ « âme » (l’esprit, la conscience, appelez cela comme vous le souhaitez) voit sa perception de l’univers réduite, permettant de passer d’un état de « non être » abstrait (conceptuel) à une expérience de l’être, concrète. Ces expériences sont interdépendantes l’une l’autre, et seule une tentative de « prise de recul » permet de se situer dans le tableau d’ensemble. C’est du moins cette compréhension que ma propre démarche spirituelle (loin d’être universelle) m’a jusqu’ici mené.
Elle ne vise pas à m’élever au dessus des autres, mais seulement à élever ma perception au delà des limites de mes perceptions charnelles, et elle ne vise pas à acquérir ou prendre du pouvoir sur d’autres, mais à me (re)connecter au pouvoir créateur qui existe, j’ose le croire, en chacun. C’est la raison pour laquelle je considère la spiritualité comme une démarche solitaire, personnelle, individuelle - unique en ce sens que je suis le seul à pouvoir la vivre - et multiple au sens où chacun a sa propre voie. Il s’agit d’une démarche intrinsèquement ésotérique (la voie intérieure) se situant à l’opposée de toutes les démarches exotériques (la voie extérieure) empruntées par les religions.
Je considère que les religions constituent une perversion de la spiritualité, en cela qu’elle imposent en modèle pour tous la voie personnelle d’un élu, d’un prophète, d’un illuminé. La religion est l’expression tragique du sentiment (vrai) d’interdépendance mutuelle et de lien entre tous les phénomènes. C’est l’expression tragique de la tension entre, d’une part, le besoin légitime d’individuation (qui suis-je ?) et d’appartenance et reconnaissance au groupe (où suis-je ? pourquoi suis-je ?). Nous avons besoin des deux, et cela crée un conflit intérieur entre ces deux aspirations légitimes.
In medio stat virtus.
Cordialement,
Morpheus