Votre remarque n’est pas dénué de fondement. j’en prends note.
Elle ne change pas le cours de mon propos. Mes arguments sont faibles ici, mais j’espère que le reste de la démonstration fera clairemnt apparaître que les deux points que je récuse n’ont pas de fondement : qu’il soit question de sacrifices humains, ça ne l’est qu’en apparence, que le récit marque une étape de l’évolution de l’humanité, alors qu’il m’intéresse dans la mesure où il est question de notre immédiate actualité.
Un récit comme la Génèse qui est un récit mythologique ne doit pas se lire au premier degré, comme récit de fait historique qui se seraient réellement passé ainsi dans l’histoire . Il doit se lire et s’interpréter comme l’on ferait d’un rève ou d’un conte. Les personnages y sont des symboles, les évènements des images qui relèvent plus du sens que du fait.
Avant de nous interesser plus avant à la relation Abraham-Isaac, dont j’ai dit qu’elle était analogue à la relation Dieu-Abraham, laissons Isaac pour le moment pour ne retenir de lui que ce qu’il représente pour Abraham. Peut-être que nous aurons l’impression de nous éloigner de notre sujet , mais il faut ici faire ce détour.
Ce que représente Isaac est donné par le texte lui-même : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac » Isaac est l’être le plus cher qui soit pour Abraham, il y a mis toutes ses espérances. sans lui ,plus rien qui vaille.
La question ici est donc de savoir ce que précisément Dieu demande qu’Abraham lui sacrifie.
Or la réponse est aussi dans le texte : Ce qui symbolise le sacrifice d’Abraham pour les êtres humains est la circoncision. Et la circoncision est une façon de mimer la castration.
Au mot castration je lève la main, pour balayer d’un revers ample toutes les doctrines et théories psychanlytiques, non pas qu’elles ne puissent pas avoir d’intéret, mais qu’elles n’entrent pas dans le cadre de mon propos. Et ce d’autant plus que les théoriciens de la psychanalyse ont toujours fait de la lecture des mythes , une façon de justifier leur doctrine, là où mon propos, interprétatif est de lire le texte pour montrer ce qu’il contient, en dehors du dogme, en dehors des doctrines. le texte, au plus près.
Première indication, la castration. Or la castration c’est se rendre impuissant. Il est donc question de pouvoir, de renoncement au pouvoir.
Pour mieux le comprendre nous allons partir d’une petite scène : on appelle Abraham et il répond : « Me voici », par trois fois, à Dieu, à son fils et à l’ange, Abraham réponds « Me voici »
Ce que nous montre cette scène,c’est la disponibilté d’Abraham, il est là,présent, attentif. On l’appelle et il répond, il répond présent parce qu’il n’est pas occupé à tirer des plans sur la comête, à calculer les avantages qu’il pourrait tirer de telle situation. Il est là. Et le texte encore nous donne la réponse « Où est le mouton ? DIeu y pourvoira ! » et le texte insiste pour ceux à qui cela aurait échappé : « Abraham donna à ce lieu le nom de Jehova Jiré. C’est pourquoi l’on dit aujourd’hui : A la montagne de l’Éternel il sera pourvu. »
« Dieu pouvoira » Ainsi si Abraham répond présent quand on le question c’est parce qu’il laisse à DIeu le futur.
Ainsi nous avons ici une première grille de lecture de notre récit. Le sacrifice, qui est renoncement au pouvoir consiste à remettre le futur entre les mains de Dieu.
Ce « Dieu pourvoira » fait echo à de nombreuses doctrines dans quasi toutes les religions.
Chacun sait que pour les musulmans pour qui Abraham est un personnage immense, cette question de remise du futur entre les mains de Dieu est un point central, c’est le mektoub, la fatalité, c’est l’expression si commune de l’inch’allah, si Dieu Veut.
Rien de ce qui advient ne peut advenir dans que cela ne soit le fait de la volonté divine.
« Dieu pourvoira » est aussi présent dans les évangiles, c’est la parabole dite de l’oiseau dans le ciel ou du lys dans le pré«
»Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus. La vie est plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement. Regardez les oiseaux du ciel ; ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’ont ni cellier ni grenier ; cependant Dieu les nourrit. Ne valez‑vous pas beaucoup plus qu’eux ? Considérez les lys, comme ils croissent ; ils ne travaillent ni ne filent cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’était pas vêtu comme l’un d’eux. Ne vous mettez donc pas en peine de ce que vous mangerez et de ce que vous boirez et n’ayez pas l’esprit inquiet. Tout cela, les païens s’en préoccupent ; mais votre Père sait bien que vous en avez besoin. Cherchez seulement son Royaume et tout cela vous sera donné par surcroît. (Luc XII, 22‑24, 27«
Mais c’est surtout dans la Bhagavad Gita qui à la mieux théorisée cette doctrine »du renoncement aux fruits de ses actes« .
On se souvient qu’Arjuna, à l’heure de rentrer dans le combat renonce parce qu’il refuse d’aller tuer ses propres frères. et Khrishna de dire :
»Si tu meurs en combattant, tu atteindras les planètes de délices ; vainqueur, tu jouiras du royaume de la Terre. Lève-toi donc, ô fils de Kuntî, et combats fermement.
Combats par devoir, sans compter tes joies ni tes peines, la perte ni le gain, la victoire ni la défaite ; ainsi, jamais tu n’encourras le péché."
Ainsi l’on voit qu’abraham faisant fit des gains et des pertes n’accomplit que son devoir, parce qu’il la reçu en commandement divin.
Le sacrifice d’Abraham est ainsi un renoncement aux fruits des actes.
Il y a dans la bible un autre sacrifice, qui est un pendant au sacrifice d’Abraham, mais un pendant obscure qu’en celui d’Abraham est lumineux.
juges 11.29
29 Et l’Esprit de l’Eternel fut sur Jephthé, et il traversa Galaad et Manassé et passa jusqu’à Mitspa de Galaad, et de Mitspa de Galaad il marcha contre les fils d’Ammon. 30 Et Jephthé fit un voeu à l’Eternel et dit : Si tu livres en ma main les fils d’Ammon, 31 celui qui sortira des portes de ma maison, venant à ma rencontre, quand je reviendrai en paix de chez les fils d’Ammon, sera à l’Eternel, et je l’offrirai en holocauste. 32 Et Jephthé s’avança contre les fils d’Ammon pour les combattre, et l’Eternel les livra en sa main. 33 Et il les battit, d’Aroër jusque vers Minnith, leur prenant vingt villes, et jusqu’à Abel-Kéramim ; ce fut une très grande défaite, et les fils d’Ammon furent abaissés devant les fils d’Israël. 34 Et Jephthé arriva à Mitspa, chez lui. Et voici sa fille sortait à sa rencontre avec des tambourins et avec des danses. Et elle était fille unique ; à part elle, il n’avait ni fils, ni fille. 35 Et quand il la vit, il déchira ses vêtements et dit : Ah ! ma fille ! comme tu m’accables ! tu te mets parmi ceux qui me troublent ! J’ai ouvert la bouche [en parlant] à l’Eternel et je ne puis revenir en arrière. 36 Et elle lui dit : Mon père, tu as ouvert la bouche en parlant à l’Eternel ; fais-moi selon ce qui est sorti de ta bouche, après que l’Eternel t’a donné de tirer vengeance de tes ennemis, les fils d’Ammon. 37 Et elle dit à son père : Que ceci me soit accordé : laisse-moi pendant deux mois ! Et je m’en irai, et je descendrai [pour aller] sur les montagnes, et je pleurerai ma virginité, moi et mes compagnes. 38 Et il répondit : Va ! Et il la laissa aller pour deux mois. Et elle s’en alla, elle et ses compagnes, et elle pleura sa virginité sur les montagnes. 39 Et au bout de deux mois elle revint vers son père, et il accomplit à son égard le voeu qu’il avait fait ; et elle n’avait pas connu d’homme. Et de là vint la coutume en lsraël 40 que d’année en année les filles d’Israël vont célébrer la fille de Jephthé le Galaadite, quatre jours par an.
Dans ce texte on voit que la situation est strictement inverse : c’est jephté qui fait un voeu de sacrifice si Dieu lui octroit ce qu’il demande, et non seulement Dieu lui octroit, mais en plus Dieu lui désigne l’objet du sacrifice qui est sa fille unique. Jephté tue sa fille, Dieu ne retient pas son bras et cette fille n’a pas de descendance.
Dieu a permis que le désir de Jephté se réalise mais en conséquence de quoi Jéphté subit un chatiment terrible. c’est du désir de puissance de Jéphté que découle ses malheurs quand c’est du renoncement d’abraham que provient son bonheur.
(à suivre donc...)
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