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Commentaire de philouie

sur Refondation : de la violence éducative à l'éducation démocratique


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philouie 23 septembre 2012 11:24

Le sacrifice d’Abraham comme modèle éducatif ?

Il semble que cette voie a été peu explorée par les commentateurs, et pour cause, cette lecture n’est pas évidente.
Ces récits mythologiques sont des récits à tiroirs qui peuvent se lire à plusieurs niveaux sans que chacunes des lectures ne viennent contredire l’autre. Nous avons fait la lecture dans laquelle Isaac est à la fois le symbole du désir d’Abraham (ce qu’il a de plus cher) mais aussi le symbole de son avenir ( à travers sa descendance). J’ai dis que l’un n’allait pas sans l’autre puisque le désir est une projection sur l’avenir.

Réintégrons donc Isaac comme fils d’Abraham et Abraham comme père d’Isaac.
Nous avons laissé en route l’âne et les deux serviteurs dont manifestement nous n’avons plus besoin.

 Qu’est-ce qui, dans le texte, permet d’en faire le récit d’un modèle éducation ?

Nous avons d’abord des indications d’ordre général.

Il y est question d’élévation, élévation sur le plan spirituel, puisque le mot « holocauste » par lequel Dieu ordonne à Abraham le sacrifice signifie « élever vers Dieu », il y est question d’élévation sur le plan physique puisque Dieu ordonne à Abraham de conduire Isaac sur une montage. Or lorsqu’un père élève un enfant il s’agit bien d’éducation. Les mots le disent d’eux même.

Il est question aussi d’un voyage. Nous dirons qu’il s’agit d’un pélerinage pour en faire ressortir le caractère sacré, et nous savons que dans le pélerinage, ce n’est pas le but qui compte mais le chemin.
Le voyage, symbole du temps qui passe, est un temps à la fois passif et à la fois actif. Il est passif parce que dans le voyage on se retire de l’activité mondaine, c’est un temps de retraite. Il est actif parce que, du coup, c’est un temps où l’on est entièrement centré sur soi donc sur le monde. Le voyage donne une liberté d’esprit, il permet d’être attentif et receptif puisque ce qui fait les soucis de la vie quotidienne sont mis entre parenthèse.

« Ils marchèrent tous deux ensemble » Abraham accompagne Isaac, Isaac accompagne Abraham, c’est le temps de l’échange, l’un écoute l’autre, chacun est attentif à l’autre.
c’est donc le temps où l’enseignement coule naturellement d’Abraham vers Isaac, Isaac qui est donc disponible pour le recevoir.

Nombreux sont les commentateurs qui ont voulu dramatiser le récit en mettant en avant les doutes d’Abraham et les angoisses d’Isaac, alors qu’il est bien clair qu’à aucun moment du récit ces points n’apparaissent. Rappelons « Dieu pourvoira », Abraham et Isaac sont présents, disponibles, attentifs. Ils ne sont ni soucieux, ni angoissés.

Le dernier point que j’ai déjà exposé mais que je veux maintenant assoir, est celui des trois objets que transportent nos personnages et qui sont le feu, le couteau et le bois. J’ai dit que ces trois objet représentaient respectivement l’esprit, la raison et la connaissance.

On pourrait arguer que ces trois objet apparaissent ici simplement parce qu’ils ont nécessaire au sacrifice et qu’il n’y a donc pas à chercher plus loin la raison de leur présence en ce point du récit.
Or à l’évidence, ils auraient tout aussi bien pu ne pas être mentionné ici, en parler à ce moment du récit n’apporte rien s’ils ne sont qu’utiles au sacrifice. Il aurait suffit que le narateur les fasse apparaître quand il en avait besoin, avec le stratagème de son choix, et ça aurait paru tout naturel : Abraham sort le couteau de poche, c’est donc qu’il l’avait dans la poche.

Non, s’ils sont mentionnés au début du voyage , c’est bien qu’ils sont les attributs du voyage et qu’ils signifient ce qui est train de se passer au cours du chemin.

Je ne déveloperai pas li’dée du feu comme symbôle de l’esprit, ce point est assez habituel pour qu’il ne nécessite pas plus d’explication.

Le couteau se rattache à la symbolique des instruments tranchants tel le glaive ou les ciseaux.
Il y a le glaive qui sort de la bouche de l’ange qui garde le paradis et qui symbolise la parole, Il y a le glaive qui symbolise la justice à la fois parce qu’il permet de trancher le litige, en faisant la part des choses entre vérité et mensonge, entre droit et du, mais aussi en ce qu’il permet l’exécution du verdict. Il matérialise alors la force qui réordonne un monde qui subissait l’injustice. En ce sens le glaive dit la loi en cela qu’il l’exprime par ces qualités discriminentes et qu’il l’applique par la force qu’il représente.

Dans le dictionnaire des symboles (Chevalier et Geerbrandt) on trouve : « Le glaive tranche : il est une arme de décision ; l’instrument de la vérité agissante. Dans la perspective éthico-biologique de P DIel, il est le symbole de la force lucide de l’Esprit qui ose trancher le vif du problème, l’aveuglement vaniteux et ses fausses valorisations contradictoires et ambivalentes ». Nous résumerons celà en disant qu’il symbolise la raison, c’est à dire l’esprit discriminant.

Le bois.

Toujours dans le dictionnaire des symboles :
« 
Dans les traditions nordiques, sous toutes ses formes et tous ces aspects le bois ou l’arbre, participe à la science. l’écriture traditionnelle irlandaise est le plus souvent gravée sur du bois, elle n’est gravée sur pierre que dans intentions funéraires. Il existe une homonymie complête du nom du bois et du nom de la science dans toutes les langues celtiques.
....
Mais le symbolisme du bois reste constant : Il recèle une science et une sagesse surhumaine.
 »
Pour conclure cette étape remarquons qu’esprit, raison et connaissances forment ensemble la conscience sans qu’il ne soit possible d’oter l’un sans que le tout ne s’éffondre.

Mais dans notre récit, c’est bien Abraham qui porte le feu et le couteau alors qu’il fait porter à Isaac le bois. Il a l’esprit et la raison et il transmet la connaissance.


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