Examinons maintenant la relation qu’il a avec sa fille. Celle-ci n’apparaît dans le récit qu’au moment où rentrant chez lui, il se rencontre de la bourde qu’il a fait en promettant l’Holocauste. C’est à croire que trop absorbé par les batailles, il ne pensait plus à elle au moment de s’engager. On l’imagine mal qu’il puisse y avoir eu un moment où la fille appelle « Père » et qu’il réponde « Me voici, je t’écoute ». Non Jephté est sur le champ de bataille et ne s’occupe pas de sa fille.
34 Et Jephthé arriva à Mitspa, chez lui. Et voici sa fille sortait à sa rencontre avec des tambourins et avec des danses.
Quand il rentre à la maison la fille est dans les jeux et dans les danses, si elle avait été attaché au pupitre d’étude, elle ne serait pas morte par la suite.
Et elle était fille unique ; à part elle, il n’avait ni fils, ni fille.
Pour rappel de la similitude du récit d’Abraham.
Suit un passage où l’on voit la fille de Jephté qui accepte sa situation - pas de commentaires pour l’instant.
37 Et elle dit à son père : Que ceci me soit accordé : laisse-moi pendant deux mois ! Et je m’en irai, et je descendrai [pour aller] sur les montagnes, et je pleurerai ma virginité, moi et mes compagnes. 38 Et il répondit : Va ! Et il la laissa aller pour deux mois. Et elle s’en alla, elle et ses compagnes, et elle pleura sa virginité sur les montagnes.
Ce passage est très important, certains y ont vu la possibilité qu’en réalité le sacrifice de la vie soit commuée en une consécration au temple, justifiant ainsi que Jephté n’ai pas tué sa fille.
Je ne retiens pas cette option d’une part parce que le texte ne le dit pas, d’autre part parce qu’on voit bien qu’il s’agit d’une interprétation à l’eau de rose qui refuse la cruauté du texte.
Texte qui annonce ensuite la mort de 42 000 hommes, alors la fille de jephté ....
Mais surtout, dans la perspective d’une version en négatif de l’histoire d’Abraham, Jephté tue sa fille parce qu’Abraham n’a pas tué Isaac et il n’y a pas d’autre hypothèse logique que celle là.
Quoiqu’il en soit, ça ne change pas grand chose à l’affaire, revenons au texte.
« et je descendrai sur les montages » , On ne sait pas trop de quelles montagnes il s’agit, mais on imagine un monde archaique, paien - dans le sens non civilisé, et si elles renvoient à la montage que gravissent Abraham et Isaac, il y a là un « je descendrai » assez bizare pour celui qui va à la montage,
mais qui dans notre perspective souligne qui si là il y avait élévation, ici il y a abaissement.
On voit aussi ici que la fille est laissé en complête liberté avec ses compagnes, sans cadre, sans obligation, elle va simplement et sans retenue.
Les points qu’on a mis en évidence, sont donc l’absence du père, l’absence d’encadrement et l’absence de directive. La fille est laissée à sa seule divagation comme un animal qui n’aurait ni longe ni enclos, par un père obsédé par son avidité.
et elle pleura sa virginité sur les montagnes.
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