Chapître un poil délicat.
Revenons à Abraham, au moment où il lève la main pour trancher la gorge d’Isaac et que l« ange l’interrompt »L’ange dit : N’avance pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien ".
Nous avons vu que cette étape était celle de la punition. Nous ne l’avons pas discuté, mais l’économie du salut alterne le châtiment et la récompense comme l’homme alterne le carotte et le baton. Abraham est ici, pour Isaac, le représentant du divin qui manifeste à ses yeux la puissance divine. Abraham manifeste d’autan plus la puissance divine que son propre désir est anihilé, c’est à dire que sa volonté de puissance propre a disparu.
Quoiqu’il en soit, si la circoncision peut-être pensée comme une forme de castration symbolique, l’acte d’Abraham mimant l’exécution d’Isaac est une castration réelle.
C’est une castration réelle parce qu’elle a en tout point l’aspect de la réalité et qu’Isaac ne vit pas autre chose que de voir s’abattre sur lui la punition, symbole du chatiment divin.
C’est parce que le chatiment est réel, même lorsqu’il n’est que menace, ou soupçon d’exécution, qu’il a une efficacité réelle dans l’esprit d’Isaac, et qu’il impose à Isaac à renoncer à son désir puisque celui-ci ne lui permet plus de le vivre comme une solution mais devient un danger.
Entre la main du chatiment qui se lève et celle de la miséricorde qui pardonne, Abraham est sans cesse sur un fil entre ce qu’il est nécessaire de faire et de ce qu’il ne faut pas aller trop loin.
Il ne faut pas que la castration soit destruction, il faut que la castration permette simplement à l’esprit de dépasser l’étape de la simple aspiration de la réalisation du désir. Ce n’est pas la loi de l’enfant, qui est celle de son désir, mais la loi de l’adulte, qui est celle de la communauté.
Le passage d’un niveau à l’autre, n’est pas le produit de la raison, mais une rupture irrationnelle au niveau de l’esprit de l’enfant.
La difficulté pour l’adulte est de se placer avec justesse au sein de cette économie. Il est toujours menacé de sombrer dans une vaine repression qui ne peut conduire qu’à la destruction de l’enfant sans jamais lui permettre de dépasser le stade du renoncement au désir .
or s’il n’y a pas de recette permettant de tracer cette limite de façon claire, l’évidence est qu’il est nécessaire d’être Abraham pour ne pas être Jephté, d’être éducateur et pas tueur, et que, de même que nous avons dit qu’il ne puisse y avoir d’enseignement moral en dehors de la moral de l’éducateur, il n’est pas pensable d’Abraham soit capable de transmettre à Isaac le renoncement au désir sans qu’il y ai lui-même renoncé. L’éducation n’est pas alors de transmettre un savoir mais de la transmission de l’être.
L’obéissance, dont on a vu qu’elle caractérisait Abraham, ne peut être transmise que par une personne affranchit de son propre désir sans quoi, celui qui veut trnsmettre ne peut qu’imposer la réalisation de son propre désir conduisant à l’échec pour cause de rébellion. Il y a lors conflit des désirs, ce qui crée la guerre et non l’acceptation, c’est à dire la possibilité de renoncer à son propre désir sans la peur d’être anéanti par le désir de l’autre.
Nous comprenons ici l’assentiment d’Isaac qui subit l’épreuve sans subir la peur.
formule : nous recevons de la vie deux éducations : celle de nos parents quand nous sommes enfants et celles de nos enfants quand nous sommes parents.
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