Inventer
les histoires de la Bible
L’archéologie de la Palestine s’est
développée en tant que science, à une date relativement tardive, à
la fin du XIXe et au début du XXe siècle, en tandem avec
l’archéologie des cultures impériales d’Égypte, de la Mésopotamie,
de la Grèce et de Rome. Ces puissances dont nous possédons des
sources documentaires importantes, furent les premières cibles des
chercheurs qui étaient en quête de preuves impressionnantes du
passé et qui étaient habituellement au services des grands musées
de Londres, Paris et Berlin. Cette étape n’a effectivement pas pris
en considération la Palestine, avec sa diversité géographique
fragmentée. Les conditions de la Palestine antique étaient
inhospitalières au développement d’un important royaume et il est
certain qu’aucun projet vitrine tels que les temples Égyptiens ou
les palais Mésopotamiens n’aurait pu y être établis. En fait,
l’archéologie de la Palestine n’a pas été engendrée à
l’initiative des musées mais elle est née de motivations
religieuses.
L’impulsion principale à la base de la
recherche archéologique en Palestine fut la relation du pays avec
les Textes Saints. Les premières personnes à accomplir des fouilles
à Jéricho et à Shechem (Naplouse), furent des chercheurs Bibliques
qui cherchaient les restes des villes citées dans la Bible.
L’archéologie arriva à son plein dynamisme avec l’activité de
William Foxwell Albright. Il maitrisait l’archéologie, l’histoire et
la linguistique de la Terre d’Israël et de l’antiquité du proche
Orient. Albright, un étasunien dont le père de descendance
Chilienne avait été prêtre, commença à fouiller en Palestine dan
les années 1920. Sa conviction avouée, était que l’archéologie
constiturait le moyen scientifique principal, pour réfuter les
affirmations critique portées contre la véracité historique des
histoires de la Bible, en particulier celles de l’école de
Wellhausen en Allemagne.
L’école de critique Biblique qui se
développa en Allemagne au début de la première moitié du XIXe
siècle et dont Julian Wellhausen fut la principale personnalité,
remit en question l’historicité des histoires de la Bible en
affirmant que l’historiographie de la Bible avait été formulée et
en grande partie « inventée » durant l’exil Babylonien.
Les chercheurs bibliques, en particulier les Allemands, affirmaient
que l’histoire des Hébreux, en tant qu’une série consécutive
d’évènements commençant avec Abraham, Isaac et Jacob, se
poursuivant avec l’installation en Égypte, la mise en esclavage et
l’exode pour se terminer par la conquête de la terre et
l’implantation des tribus d’Israël, ne fut rien d’autre qu’une
reconstruction tardive d’évènements dans un but théologique.
Albright croyait que la Bible était un
document historique qui, bien qu’ayant franchit de nombreuses étapes
d’édition, reflétait néanmoins, à peu près la réalité de
l’antiquité. Il était convaincu que si les restes antiques de la
Palestine étaient découverts, ils fourniraient un preuve sans
équivoque de la vérité historique des évènements liés au peuple
Juif sur sa terre.
L’école d’archéologie qui se
développa à partir de Albright et ses élèves, conduisit à une
série de fouilles de grandes envergures, sur des sites Bibliques
importants : Meggido, Lachish, Gezer, Shechem (Naplouse), Jericho,
Jérusalem, Ai, Giveon, Bet She’an, beit Shemesh, Hazor, ta’anach et
d’autres. Les choses étaient claires : toute découverte qui serait
excavée, contribuerait à l’édification d’une image harmonieuse du
passé. Les archéologues qui adoptèrent l’approche biblique avec
enthousiasme, se mirent en quête de déterrer la « période
biblique » : Ainsi la période des Patriarches, les cités
Canaanéennes détruites par les Israélites lors de leur conquête
de la terre, les frontières des 12 tribus, les sites de la période
d’implantation caractérisés par des « poteries
d’implantation », « les Portes de Salomon » à
Hazor, Meggido et Gezer, « les étables de Salomon » (ou
Ahab’s), « les mines du Roi Salomon » à Timna. Certain
de ces chercheurs sont toujours à l’oeuvre. Certain ont même
découvert le Mont Sinaï (au Mont Karkoum dans le Negev ou l’autel
de Jushua au Mont Ebal.