Je pense en toute modestie que la fin des empires coloniaux européens (ne parlons pas de la colonisation financière et stratégico-énergétique étasuniène) s’est avérée au sortir d’un plan Marshall qui les avaient déjà bien domptées, le facteur déterminant de l’asservissement des « puissances » européennes d’alors au système monétariste américain dont vous avez fort bien décrit évolution et rouages dédalesques.
L’Europe n’en eut cure, mais peu avant Reagan/Thatcher (acculés au libéralisme, l’un par ses monstres financiers au pouvoir supranational et l’autre par la fuite en avant devant la ruine d’une industrie déliquescente), l’Europe s’est trouvée face à la nouvelle donne provoquée par les décolonisations, et ce malgré les divers garde-fous qu’elle a tenté de mettre en place dans les nouveaux pays libérés (gouvernements fantoches, monnaies asservies, systèmes politico-stratégiques...). Car ces pays étaient les producteurs de notre énergie...
Et elle a tenté de garder un rythme de croissance de plus en plus gourmand socialement et énergétiquement. L’expression « trou de la sécu » date des années 70. Le premier choc pétrolier de 1973. Incrédules et faisant fi de ces signaux qui nous semblent évident aujourd’hui, les sociétés et les gouvernements ont persisté dans cette tendance alors considérée comme « naturelle » (quel aveuglement, vu d’ici !) à la croissance comme si elle devait être le corolaire logique du progrès technologique qui lui était bien réel et continue à l’être.
Mais le parallèle n’existait pas : alors comme on sait, la dette s’est creusée, creusée, creusée... dans l’inconscience générale, et insidieusement, les mécanismes financiers que vous avez décrits se sont présentés comme les roues de secours d’abord providentielles, indispensables ensuite, jusqu’au capotage pourtant prévisible, tant il reste vrai et plein de « bon sens paysan » qu’on ne peut pas gagner plus que l’on produit et dépenser plus que l’on gagne...
Merci de votre article de nature à élever un débat qui garde habituellement une forte tendance à raser les pavés qu’il bat pourtant fièrement.