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La crise de 2008 pour les nuls, encore !

Comme chacun le sait, l’Économie mondiale a été touchée de plein fouet par la crise des subprimes (emprunts immobiliers américains dont le taux d’intérêt est flottant) En effet, cette crise financière a provoqué la chute de la banque Lemhans Brothers, qui était parait-il « trop grosse pour faire faillite » (TOO BIG TO FAIL). La fermeture de cette banque a pourtant été bien réelle et a créé un véritable chaos dans l’industrie financière américaine et européenne. Pour mieux appréhender la crise des dettes souveraines en Europe aujourd’hui, il est important de connaître ce qui a généré la bulle immobilière américaine avant qu’elle ne crève de façon spectaculaire en 2008.

La crise de 2008 a commencé sous l’ère de la présidence de Ronald Reagan au début des années 80. Deux décisions politiques majeures dans sa politique économique auront un impact titanesque sur les crises qui se succéderont à partir de la fin des années 80 :

 D’une part, le 40ème président américain est le premier à avoir libéralisé l’Économie des États Unis en suivant les conseils de Milton Friedman, une espèce de dingue ultra libéral ayant reçu un prix Nobel d’économie par erreur, certainement après une soirée de beuverie de nos amis Suédois. Cette libéralisation a notamment aboli le principe de séparation des activités de banque traditionnelle et celles nommées pudiquement « banques d’affaires ». En outre, pour permettre aux financiers Américains de s’en donner à cœur joie, on déréglementa tambour battant leurs activités. En effet, le modèle monétariste promu par le bienfaiteur de l’humanité qu’était Milton Friedam nécessitait selon ses dires, une libéralisation totale des activités financières des contraintes et limites instaurées par les Etats. 

 Du fait de ces déréglementations et du regroupement d’activités bancaires, les activités de spéculation prirent un poids de plus en plus important sur l’Économie réelle, générant des crises à répétition, toujours plus désastreuses que les précédentes. Il est important de faire remarquer que pendant les 40 années de forte croissance ayant suivi la grande dépression, le monde de la finance n’a causé aucune crise. Celui-ci était en effet très règlementé par les Etats, et s’astreignait à la séparation entre les banques de dépôts et les banques d’affaires.

Une fois le père Reagan au pouvoir, les banques de dépôt ont donc commencé à jouer en bourse avec l’épargne de leurs clients. Ainsi, leur chiffre d’affaires a alors augmenté de façon exponentielle. Exploitant le filon de la déréglementation, des sociétés de crédits prêtes à accorder des emprunts risqués à des ménages peu solvables se sont montées. Mais surtout, nous avons assisté à une connivence pour ne pas dire une convergence d’intérêts extrêmement importante entre hommes politiques et le monde financier.

D’autre part, en vertu de sa politique du « tous les américains seront propriétaires », Ronald Reagan a conclu des accords avec la Chine : les accords du nouveau Bretton Woods. Ces accords, méconnu des français, permettaient à la Chine d’ancrer sa devise (le Yuan) sur le Dollar lui autorisant ainsi de conserver une monnaie dévaluée qui lui permettait de doper ses exportations.

En échange, la Chine achetait en masse des bons du trésor américains permettant aux États Unis d'avoir toujours quelqu'un pour racheter leurs bons du trésor. Ceci a permis de conserver un taux d’intérêt extrêmement bas permettant à la population américaine de souscrire à des crédits à très faibles taux.

Afin d’illustrer la grande fiesta monétaire qui se déroula sur le dos du contribuable Américain durant les années 80, notons que c’est sous la présidence de Reagan que fut promu à la tête de la Réserve Fédérale le dénommé Alan Greenspan, membre assidu du groupe Bilderberg et grand adorateur de feu Milton Friedman (lui aussi faisant partie du groupe Bilderberg).

Pour la petite anecdote, deux ans avant d’être catapulté à la Présidence de la F.E.D, ce cher Alan s’est vu alloué 40 000 dollars sa très grande autorité en matière d’économie, par Charles Keating (un effarouché de la pornographie mais un amoureux du profit), afin de produire deux lettres assurant de la salubrité de la Caisse d’épargne Lincoln, fonds de retraite que ce dernier avait créé. Malheureusement pour Alan Greenspan, l’épargne de toute une vie de labeur des clients de Keating s’évapora dans le remboursement d’actifs pourris sur lequel notre chantre de la morale et la vertu, avait spéculé copieusement, avant de finalement faire faillite.

Si Keating fut arrêté et jeté en prison, Greenspan pour sa part ne fut jamais inquiété. Mieux, il prit la tête de la Réserve Fédérale pendant plus de 15 ans. Après le Krack du 19 Octobre 1987, il s'est avéré que Mr Greenspan a manqué plusieurs fois à son devoir alors qu’il avait la possibilité de réguler le marché financier. Il a en effet mené une politique monétaire beaucoup trop laxiste sous l’influence de son Dieu Milton Friedman. Le pouvoir de Wall Street ne cessera d’augmenter durant cette période du fait que les lobbies financiers engagent des millions de dollars dans les campagnes électorales des sénateurs aussi bien démocrates que républicains.

Cette financiarisation de l’économie conduite sous la Présidence de Ronald Reagan, va faire gonfler une bulle immobilière aux États-Unis durant plusieurs années, bien après la fin du mandat de celui-ci.

Au début des années 2000, apparaissent les « Collateralized Debt Obligation » (C.D.O). Ce sont des emprunts immobiliers contractés par des ménages (généralement incapables de les rembourser), que l’on regroupe et que l’on revend à de riches investisseurs, dans un portefeuille d’actifs un peu plus liquides afin de les appâter.

C’est ce qu’on appelle la titrisation.

Autre trouvaille des ingénieux banksters : les Credits Default Swap » (C.D.S). Ce produit pourri est une sorte d’assurance qui garantit les défauts de remboursements de certains crédits. Ce titre d’assurance très particulier permis ainsi aux banques d’éviter d’augmenter leurs fonds propres pour accorder de nouveaux crédits (C.D.O), puisque les C.D.S garantissaient leurs créances qui subiraient inévitablement un défaut des ménages endettés. Il faut savoir que certaines banques dont la trop fameuse Goldman Sachs, spéculaient contre les C.D.O en même temps qu’elles les vendaient à leurs clients. D’autant qu’elles étaient doublement protégées en cas de défaut de ces produits pourris par le biais d’assurances financières (AIG). Si ces C.D.O faisaient faillite, alors AIG s’engageait à rembourser les banques dans leur intégralité. Entre 2001 et 2006, le nombre d’emprunts subprimes fut ainsi multiplié par quatre. Ceci créa de plus en plus de dette provenant de nulle part.

Durant son 2ème mandat, George W Bush fit pression sur la Chine pour obtenir la réévaluation du Yuan. La Chine accepta mais cessa d’acheter des bons du trésor américain. Cela eut pour conséquence de faire remonter les taux d’intérêts sur les crédits Subprimes. Cette hausse des taux provoqua ainsi le défaut de paiement de nombreux américains sur leur crédit, tandis que de nombreuses compagnies américaines incapables d’honorer leurs engagements firent faillite. Le gouvernement américain décida de faire un exemple et d’appliquer les règles du marché en laissant couler la banque Lehmans Brothers, ce qui permit à Goldman Sachs de décapiter son principal concurrent.

Certes, cette crise a débuté à cause de décisions politiques désastreuses, mais, ce sont bien les produits toxiques que l’industrie financière génère qui permirent à cette crise d’envahir le vieux continent. En effet, le système bancaire étant très interconnecté dans le Monde, et de nombreuses banques européennes ayant perdu des centaines de Milliards d’euros avec la chute de Lehman Brothers, il fallu bien les sauver, sous peine de voir des Millions d’Européens foutre à la porte leurs irresponsables politiques privés de la possibilité de retirer leur argent (et donc de nourrir leur famille). Une chose est sûre, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, la collusion du monde financier et du monde politique a clairement empêché la prise de bonnes décisions.

La finance apporta la paille, la politique fit craquer l’allumette.

Mieux s'informer pour Mieux s'indigner 


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11 réactions à cet article    


  • xa 1er octobre 2012 11:44

    Juste en passant :
    - le Glass-Steagall act a été abrogé en 99, sous Clinton. L’essentiel des déréglementations s’est faite post 90 (Bush père puis Clinton)
    - les CDO sont apparus .... dès le début des années 90
    - les subprimes sont apparus ... sous Clinton. Ils ont été créé, justement, suite au vote d’un loi pour permettre aux acquéreurs non éligibles aux prêts normaux d’acquérir un bien immo.
    - la bulle immobilière s’est développée essentiellement sous l’ère Clinton / Bush fils
    - .....


    • Vaccin à la désinformation Vaccin à la désinformation 1er octobre 2012 15:13

      le Glass-Steagall, pas entendu parlé. Par contre le nouveau brettons woods n’est pas un accord signé mais une entente entre la Chine et les Usa.


      Le reste ne fait qu’apporter une précision à mon analyse =)

    • Robert GIL ROBERT GIL 1er octobre 2012 11:57

      pour un recapitulatif concret et simple sur la fameuse crise des subprimes, voir ce petit PPS :

      http://2ccr.unblog.fr/2011/01/09/pps-les-subprimes/


      • Richard Schneider Richard Schneider 1er octobre 2012 17:01

        Très bon article ... Qui, effectivement, « devrait rester à la une d’Agoravox » pendant plusieurs jours - pour reprendre l’expression de parkway.


        • Vaccin à la désinformation Vaccin à la désinformation 1er octobre 2012 18:25

          Je vous remercie pour vos critiques :)


          • cliquet 1er octobre 2012 20:02

            « D’une part, le 40ème président américain est le premier à avoir libéralisé l’Économie des États Unis en suivant les conseils de Milton Friedman, »
            Mon cher « Vaccin a la desinfo », je ne suis pas tout à fait d’accord.
            Le 1er président américain adepte de Friedman a été Jimmy Carter, auquel nous devons ,entre autres, la déréglementation des transports aériens aux USA (1978)
            Carter était membre de la Commission Trilatérale depuis sa création en 1973 et ce sont les années 70 qui ont été déterminantes (Chili, Indonésie et surtout l’europe occidentale avec l’Angleterre de Thacher)
            En France, la loi dite Rotschild date du 03 janvier 1973. Reagan n’a fait que continuer le chantier.de la dérèglementation


            • Vaccin à la désinformation Vaccin à la désinformation 1er octobre 2012 20:13

              C’est vrai, tu as raison. Carter a supprimé l’Etalon or et cela a permit l’explosion de la masse monétaire scripturale


            • cliquet 1er octobre 2012 20:13

              « le Glass-Steagall, pas entendu parlé. »
              C’est un texte adopté par le congrés sur proposition de F D Roosevelt en 1934, dans le cadre global du New Deal. Ce texte interdisait aux banques de recevoir les dépots de leurs clients si elles investissaient sur les marchés à risque. Cela existait aussi dans la plupart des pays, y compris en France.


              • Vaccin à la désinformation Vaccin à la désinformation 1er octobre 2012 21:13

                C’est bon à savoir


              • bigglop bigglop 2 octobre 2012 02:39

                Bonsoir à tous,

                Merci @Vaccin pour cet article très pédagogique à conserver.

                Ben Bernanke « the helicopter » et Hank Paulson (ex-Pdt de GS), avec d’autres, ont coulé Lhemann Brothers, principal concurrent de Goldman-Sachs tout en sauvant AIG, assureur principal de GS

                Pour la France :
                Un petit rappel : Le virage libéral des « socialistes » a commencé en 1984 et se poursuit aujourd’hui après l’Acte Unique de Jacques Delors (1986-1987) préparatoire du Traité de Maastricht (1992-93), mais aussi la dérèglementation financière massive, après l’échec du Programme Commun, par Mitterrand et Fabius, suivie de la loi bancaire (J Delors) instituant la banque universelle et abrogeant la séparation des activités bancaires instituée par le CNR (1945).


                • Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 2 octobre 2012 11:42

                  Je pense en toute modestie que la fin des empires coloniaux européens (ne parlons pas de la colonisation financière et stratégico-énergétique étasuniène) s’est avérée au sortir d’un plan Marshall qui les avaient déjà bien domptées, le facteur déterminant de l’asservissement des « puissances » européennes d’alors au système monétariste américain dont vous avez fort bien décrit évolution et rouages dédalesques.
                  L’Europe n’en eut cure, mais peu avant Reagan/Thatcher (acculés au libéralisme, l’un par ses monstres financiers au pouvoir supranational et l’autre par la fuite en avant devant la ruine d’une industrie déliquescente), l’Europe s’est trouvée face à la nouvelle donne provoquée par les décolonisations, et ce malgré les divers garde-fous qu’elle a tenté de mettre en place dans les nouveaux pays libérés (gouvernements fantoches, monnaies asservies, systèmes politico-stratégiques...). Car ces pays étaient les producteurs de notre énergie...
                  Et elle a tenté de garder un rythme de croissance de plus en plus gourmand socialement et énergétiquement. L’expression « trou de la sécu » date des années 70. Le premier choc pétrolier de 1973. Incrédules et faisant fi de ces signaux qui nous semblent évident aujourd’hui, les sociétés et les gouvernements ont persisté dans cette tendance alors considérée comme « naturelle » (quel aveuglement, vu d’ici !) à la croissance comme si elle devait être le corolaire logique du progrès technologique qui lui était bien réel et continue à l’être.
                  Mais le parallèle n’existait pas : alors comme on sait, la dette s’est creusée, creusée, creusée... dans l’inconscience générale, et insidieusement, les mécanismes financiers que vous avez décrits se sont présentés comme les roues de secours d’abord providentielles, indispensables ensuite, jusqu’au capotage pourtant prévisible, tant il reste vrai et plein de « bon sens paysan » qu’on ne peut pas gagner plus que l’on produit et dépenser plus que l’on gagne...
                  Merci de votre article de nature à élever un débat qui garde habituellement une forte tendance à raser les pavés qu’il bat pourtant fièrement.

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