J’ai lu certains textes du site vers lequel nous dirige le lien de la fin de votre message.
J’ai lu surtout la foire aux questions. Je ne sais si vous en êtes l’auteur, mais sachez que j’abonde globalement dans le sens des textes, sauf pour ce qui est de deux ou trois points :
- D’abord les coquilles d’ordre historique : la première internationale vit le jour non pas en 1867 mais en 1864. Idem en ce qui concerne la nationalisation de Renault, laquelle eut lieu non pas en 1981 mais en 1945.
- Par ailleurs, d’un côté vous distinguez capitalisme et libéralisme et d’un autre vous semblez les lier (de façon implicite) étroitement puisque pour vous, je vous cite : « Le Capitalisme est un système qui se distingue par : 1) la propriété privée des moyens de production (les entreprises), 2) l’enrichissement des propriétaires de ces entreprises sur le travail de la main d’œuvre qui vend sa force de travail (les prolétaires), du seul fait qu’ils sont propriétaires, 3) la tendance à la concentration des moyens de production. Par le 1), j’entends qu’un pays où les entreprises sont généralement propriété d’Etat, même si l’économie est toujours un système de marché plutôt qu’une économie planifiée, n’est pas un pays capitaliste ».
Or justement ce n’est pas, à mon sens, le capitalisme stricto sensu qui se distingue de la sorte mais son modèle libéral (ce qui signifie qu’il existe d’autres formes de capitalisme sur lesquelles je reviendrai). Le capitalisme présente ainsi les principales caractéristiques suivantes : l’accumulation
du capital, la compétition (ou concurrence), le
productivisme, le
salariat, la production pour l’échange (et non pour la
consommation directe) ; auxquels s’ajoutent, du moins dans le
cadre restreint du modèle libéral du capitalisme, la propriété
privée, l’intérêt personnel (autrement dit l’individualisme) et le marché libre.
- Par ailleurs, si pour vous (et là-dessus nous sommes d’accord) l’URSS et les autres pays qui s’en sont réclamés n’avaient de socialiste ou de communiste que le nom, comment alors définir la nature idéologique de ces régimes ? Je me trompe peut-être mais les textes de votre site ne nous informent nullement sur ce point.
- D’où ma question : ne peut-on pas parler de capitalisme d’Etat ? Si l’on se réfère aux piliers du capitalisme évoqués ci-dessus, alors la réponse ne peut être que positive. Voyez plutôt : accumulation du capital (via l’Etat patron qui fixait
des objectifs de production à atteindre par le truchement du Gosplan), la compétition (en
l’occurrence avec le capitalisme occidental), le
productivisme (en l’occurrence le stakhanovisme), la salariat (les
travailleurs échangeaient leur force de travail contre un salaire
versé par une bourgeoisie bureaucratique la nomenklatura,
responsable des moyens de production), la production pour l’échange (et là je vous cite encore : « A partir des années soixante – soixante-dix, c’était même une ébauche de société de consommation qui apparaissait dans le bloc de l’Est »).
- Dernier point enfin : vous semblez oublier qu’après la guerre 14-18, ceux qui allaient se faire appeler « socialistes », avant de devenir sociaux-démocrates, avaient pour dessein certes d’atteindre le socialisme mais aussi le communisme tel que le comprenait Marx, et ce par voie légale et démocratique. Ils cessèrent d’employer le terme « communisme » pour se distinguer des sympathisants de la révolution bolchevique qui justement s’en réclamaient. De sorte que dans leur rhétorique, socialisme et communisme étaient assimilés. En clair : cocos et socialos se différenciaient surtout par les moyens qu’ils comptaient employer pour atteindre au fond le même but, appelé « communisme » par les uns (les cocos) et socialisme par les autres (les socialos).