Epicure : Vous prenez le problème par le mauvais bout. Il est impossible de résoudre le problème de la pauvreté en cadenassant les emplois. Quand l’Etat régente les emplois, il crée du chômage, ce qui sape automatiquement ses efforts pour éradiquer la précarité.
Un emploi est toujours, par essence, précaire. Même quand l’Etat nationalise l’emploi reste précaire car l’Etat peut entrer en défaut de paiement et l’emploi disparaitre.
En libéralie, les employés ont le droit de faire grève, car ils ne sont pas esclaves du patron, mais ils prennent le risque de perdre leur emploi. Ils n’ont pas le droit de bloquer l’accès à leur lieu de travail, car l’entreprise ne leur appartient pas.
Pour pouvoir s’investir sans limite et sans crainte de voir le fruit de son travail perdu via un licenciement ou simplement mangé par le bénéfice du patron, il faut posséder sa propre entreprise. Et même alors, le travail ne sera pas toujours récompensé, car l’entreprise peut faire faillite si elle ne rencontre pas une demande suffisante. C’est le lot de tout entrepreneur, artisan, etc ..
L’emploi ne sera jamais un dû. La garantie de l’emploi sera toujours le privilège illégitime et temporaire (Avant que l’Etat ne fasse défaut. Tout ce qui est trop beau pour durer .. ne dure pas.) de quelques fonctionnaires.
Si vous voulez faire de la politique révolutionnaire de canapé, si vous voulez croire que le mot démocratie a autant de pouvoir que la baguette d’Harry Potter, c’est avec JL qu’il faut voir. Ici, vous parlez à un ingénieur, donc quelqu’un qui s’occupe de faire au mieux avec la réalité telle qu’elle est.
Tocqueville s’est occupé d’analyser les dérives possibles de la démocratie, et il avait parfaitement raison :
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Au-dessus de ceux-la s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?
C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre ; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu a peu chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.
Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.
J’ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu’on ne l’imagine avec quelques unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s’établir a l’ombre même de la souveraineté du peuple. >>
( Extrait de De la démocratie en Amérique, 1840 )
19/03 18:32 - JohnS
Merci à l’auteur de ce billet pour son courage (extraordinaire) dans ce pays de la pensée (...)
19/03 18:16 - JohnS
« L’égalité d’aujourd’hui c’est la liberté des générations futures » (...)
17/10 13:56 - audrey.thesse
Enfin ça c’est du sarkosysme primaire cocufié. C’est le pauvre qui se prend pour un (...)
15/10 14:44 - Hermes
Bonjour, j’avoue ne pas comprendre votre réponse : en quoi le consommateur est-il (...)
15/10 01:51 - Karash
mknk Les entreprises privées font du mal quand on leur donne la possibilité de ce nourrir de (...)
13/10 22:24 - Markovnikov
Pierre-Marie, Karash, Je souscris entièrement concernant Bastiat : cet auteur, bien que (...)
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