Le livre numérique va introduire très rapidement le monopole de quelques multinationales dans l’édition ; mais le livre électronique c’est aussi et avant tout la fin programmée de la lecture : vous le voyez déjà ici quand un article ou un commentaire un peu trop « longs » ne sont généralement pas ou peu lus. Vous le voyez dans les transports en commun où les livres ont été remplacés par les smartphones sur lesquels ont joue, on écoute de la musique, on « navigue » sur internet, mais qui lit encore vraiment ?
Ce sera la même chose que pour la musique compressée en MP3 : on a pu acquérir en quelques années des dizaines de milliers d’albums, le tout pouvant tenir dans un petit disque dur, mais qui écoute encore un album 100 fois, 500 fois, et encore des années plus tard comme on le faisait dans les années 70 ou 80 ? Tout est perdu dans un flot continu d’informations, de nouveautés, de modes, de contraction du temps culturel. C’est la surabondance du vide !
Le livre électronique n’est pas la cause de l’agonie de la lecture - je parle de la vraie lecture, d’un bouquin de 400 ou 700 pages qu’on digère, qu’on « rumine » - tout comme le CD puis surtout le MP3 ne furent pas à eux seul les causes de le la dégénérescence du Goût en musique : ils l’accompagnent et l’accélèrent. Sauf que ce qui est visible pour la musique dont l’écoute ne demande guère d’efforts ou de lieu particulier (quoique...), sera catastrophique pour la lecture déjà moribonde chez les jeunes. Et catastrophique surtout pour la faculté de penser de l’homme futur. Le progrès technologique dans sa phase la plus avancée est en train de détruire toute patience et toute profondeur chez l’homme. Il y en a qui s’en réjouissent !