La culture aide à nuancer l’animal, dans cet angle de vue.
Mais le corps ne disparaît pas. Si le corps disparaissait nous
disparaîtrions et ne pourrions plus faire l’expérience de la culture. La
civilisation n’est pas la domination du corps mais l’aménagement du
corps dans le monde. La pulsion sexuelle se culture afin de la rendre
plus jouissive. Le crime de viol n’est pas le produit de la culture dont
vous dites avec raison qu’elle doit nous civiliser, mais dans l’absence
de culture chez certains êtres.
Je conteste en effet le stéréotype de domination masculine. On confond
domination et répartition des rôles. Les hommes dans les conseils
d’administrations gagnent de l’argent pour leur famille, pour permettre à
leur femme d’être bien dans sa vie, pour séduire aussi. Les conseils
d’administration ne servent pas à dominer la vie des femmes mais à
travailler pour tous. Ce n’est pas de la domination masculine. Le
système de répartition et de complémentarité donnait des devoirs à
chacun. Système auquel on reviendra en partie un jour parce qu’il est
plus économique en relation humaine quand chacun sait ce qu’îl fait et
qu’il n’y a pas de compétition.
Sur le viol, je prépare un autre article dont je donne ici l’idée. Le
viol en temps de guerre est aujourd’hui considéré comme une arme de
guerre contre les femmes. C’est aussi un thème des féministes. Or le
viol en temps de guerre connaît de plus en plus d’hommes victimes. Les
soldats violent des hommes en RDC avec des bâtons ou tout objet. Ce
faisant ils humilient les hommes qui ne seront plus rien dans leur
communauté. Le viol contre les femmes n’est pas simplement orienté
contre les femmes, ce n’est pas une finalité. En violant les femmes les
soldats, souvent poussés à le faire par leurs chefs, visent à détruire
la culture familiale de l’ennemi. La femme violée est en plus humiliée.
L’homme dont la femme a été violé est lui aussi humilié socialement, et
aussi par son impuissance à la défendre. Les enfants qui naissent, des
bâtard, n’ont plus de place. Le viol est la destruction de la culture
par le corps. Les femmes violées en temps de guerre vivent un cauchemar,
mais elle ne sont pas la finalité : elles sont utilisées comme vecteurs
de la destruction de la société des vaincus.
Ce n’est donc pas simplement la domination masculine. C’est la
domination de rapport de force et l’anéantissement de l’autre. Limiter
le viol de guerre aux seules femmes comme victimes c’est ne pas prendre
la mesure de l’ampleur du drame.