Bien vu Cennevive !
Effectivement personne ne remettra en cause
l’utilité du livre numérique pour les personnes défficients visuels, et
qui pourront adapter la grosseur des lettres pour lire confortablement.
Une véritable révolution pour eux.
Mais, si l’utilité du fauteuil
roulant n’est pas discutable, l’imposer comme modèle à tous, même aux
personnes ayant toute leur jeunesse et leur mobilité relève de
l’escroquerie et de la manipulation.
Le lobby des constructeurs de
fauteuils roulants, heureusement, n’est pas encore assez puissant pour
nous imposer cet usage de la modernité. Qui a dit, je me souviens plus,
que " se dire moderne, c’est se limiter soi-même à une limitation
d’esprit.
La marque du temps sur les livres effectivement nous renvoie à
l’histoire, et donne du sens et du relief au texte, nous ramenant à
l’époque aussi à laquelle il a été écrit.
J’adore les vieux
exemplaires du « livre de poche », leur couverture surannée, mais pleine
de fraicheur et d’enthousiasme, du moins je trouve, nous parlant de
l’époque de l’existentialisme, à l’époque où ils ont été écrit. J’adore
aussi les mots soulignés, et trouver sur la première page le nom d’une
personne à qui il a appartenu.
Je me permet d’ajouter un petit poème de ma composition, composé il y a bien des années, et qui parle de ces choses :
Françoise Auffret juste un nom écrit au stylo bille, sur la page deux d’un livre, tout jaune racorni, trouvé dans le bazar d’une ville perdue.
Tout au bout de l’asie : Lahore, comme on disait avant. C’était un bouquin d’avant avant guerre. Un mélange de style British et de front populaire.
Editions des champs-Elysées
1936 ; j’ai oublié son titre et le nom de l’auteur, mais je me souviens de celui de Françoise Auffret. La mémoire n’est pas logique et aime plus la poésie que les faits.
Où es-tu qui es tu Françoise Auffret ?
Je revoie ton écriture, ton nom écrit à l’encre verte.
Avec à suivre la devise du fameux poète,
le représentant en rêves et en vain !
Ainsi, c’est sûr, au moins elle avait lu Arthur
Et puis ce roman policier un jour où elle s’ennuyait
Que faisait-elle à Lahore ?
Etait-ce la femme de l’ambassadeur je cherchais sa trace dans les rues
Au moins dans le livre
un parfum qu’elle aurait pu laisser
Plus fort que celui des pages jaunies
Sûrement elle était jeune et jolie
Pardonnez mon imagination mais quelque chose me disait
Qu’il suffisait que je saute quelques pages pour la rejoindre
Page 32
coincé dans la reluire je tirais doucement un indice précieux
C’était un cheveu, sain et vigoureux, de presque dix centimètres
Il sentait le patchouli et quelque chose d’autre de plus mystérieux
Sans doute sa signature de peau et d’esprit
Ainsi elle était rousse et bouclée
C’est fou ce qu’un livre révèle en dehors de son intrigue
Page 92 deux jours plus tard une trace de rouge
Pas de sang heureusement
Mais du rouge à lèvres vermeil
Sur lequel j’abaissais ma bouche
Ainsi elle ne se laissait pas aller
Dans ce pays de chaleur immense
où tout se liquéfiait, la chemise me collait à la peau
je laissais se passer les heures
Le jour, on me montait parfois du thé et restait à révasser
Sous les pâles lentes du ventilateur accroché au plafond
C’est sûr elle tenait à son image
Malgré l’ennui du séjour les moustiquaires
Le peu de distraction qui l’avait poussé dans le bazar
En dépit du danger, des quarante voleurs
A chercher la lampe d’aladin
L’amant des mers de Chine
Ou au moins un livre écrit en français
Je la comprenais moi aussi j’étais en manque de lettres
Le monde est petit et Arthur en Abyssinie
Devait lire lui aussi de vieux romans policiers
C’est un genre où les athées peuvent chercher la vérité
Accuser dieu trouver le coupable
Les mobiles et les preuves sont des arguments formidables
Pour donner un peu de texture et de vraisemblance à la vie.
Car enfin cette terre ne tourne pas pour rien !
Bien sûr, il me restait le livre
Les lignes qu’elle avait lues
Un vieux livre est un compartiment de train
Où tant d’autres avant vous sont passés
Qu’au milieu des papiers gras, on distingue leur regard muet
Dans le reflet des vitres filant vers l’horizon
Bien sûr ll me restait le livre
Les lignes qu’elle avait lues
La respiration de ses cils en bas de page
Une intrigue bidon qu’elle relevait
Grâce au talent de sa composition
Ses épaules montantes et descendantes
Au rythme de la ponctuation.
Mais vers qui relevait-elle les yeux
Sous la tenture des nuages
Quand le livre lui tombait des mains ?