Avant Chavez, la compagnie était dirigée comme un Etat privé dans l’Etat, par une direction extrêmement privilégiée, depuis longtemps hostile, non seulement à l’OPEP (dont le Venezuela est l’un des membres fondateurs), mais aussi à toute idée de développement national ou social. Ainsi, sous le contrôle de ses présidents successifs, la PDVSA a délibérément maximisé ses investissements étrangers (achetant par exemple des raffineries en Europe et aux USA, ainsi qu’une vaste chaîne de stations d’essence en Amérique du Nord), et utilisé les coûts de transport de ses filiales pour diminuer les royalties qu’elle devait normalement payer à l’Etat vénézuélien. Ceci a d’ailleurs provoqué la chute des royalties, passant de 71 cents pour un dollar de rapport brut en 1981 à 39 cents pour un dollar en 2000.
Ce siphonage n’a cependant pas suffit aux patrons de la PDVSA ; ils ont en effet encouragé les compagnies pétrolières étrangères à revenir dans le pays, essayer de réduire les quotas de l’OPEP et tenter d’ouvrir la porte à de futures privatisations.
C’est pour mettre fin à cette situation que Chavez tenta dès le début de son mandat et par le biais de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, de réduire le pouvoir d’action des compagnies étrangères. Pour bien s’assurer des recettes pétrolières, le gouvernement de Chavez doubla les royalties fixes, qui devaient être payées à l’Etat pour chaque baril de pétrole extrait sur le sol vénézuélien et imposa pour la première fois une certaine transparence comptable et fiscale sur les obscures opérations de la PDVSA. Plus récemment encore, il décida d’augmenter l’impôt aux entreprises à 50 % et annonça avec l’approbation de la loi de rentaen 2001, que l’impôt devrait désormais être payé rétroactivement.
Très mécontente lorsque les implications de la nouvelle législation entrèrent en vigueur, la direction de la PDVSA entra en hostilité avec le gouvernement et déclencha la première grève générale le 10 décembre 2001, en coopération avec l’association entreprenarialeFedecameras et la bureaucratie syndicale de la CTV. En réponse à cette action dont il sortit victorieux, Chavez limogea deux mois plus tard les principaux dirigeants de la PDVSA - ce qui déclencha la décision de coup d’Etat contre lui en avril 2002.
L’extension du pouvoir de nuisance de la PDVSA devint évidente après le putsch, lorsque Chavez, bien que rétabli dans ses fonctions, fut forcé de réintégrer les dirigeants limogés, qui ne se gênèrent pas pour recommencer aussitôt à comploter contre lui. Ainsi, l’apogée de ces manoeuvres vint avec le gigantesque assaut de décembre 2002, dont le centre nerveux était le blocage de l’industrie pétrolière, fomenté par l’un des dirigeants de PDVSA, Juan Fernàndez.
Au niveau social il s’agissait en réalité plus d’un lock-out que d’une grève. En effet, les sections informatiques sous contrôle des directeurs et des techniciens, étaient impossibles d’accès. La conséquence en était évidente : aucune possibilité d’exploitation pétrolière n’était envisageable. Les 63 jours de lock-out patronal ont ainsi fait chuter l’activité économique du pays de 9,5 % en 2003, et causé près de 10 milliards de dollars de pertes, augmentant par conséquent le chômage et la pauvreté.
En France pour de tels faits ce serait la prison directe