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Commentaire de Onecinikiou

sur Mélenchon et Chávez : l'étrange soutien d'un impérialiste à un révolutionaire


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Onecinikiou 11 octobre 2012 03:08

@ Paton,

 »Mélenchon n’est pas impérialiste, il est universaliste."

Euphémisme. Ce sont les deux faces d’une même pièce.

Vous devriez d’abord savoir que la notion d’universalisme est le continuum logique et sécularisé, laïcisé en quelque sorte, de la notion d’Absolu transcendantal issue des religions abrahamiques. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes de Mélenchon et de ses acolytes. L’universalisme une notion d’essence toute religieuse et qui dénie non de ce seul fait, mais aussi pour cette raison, le réel, et notamment ce qui à trait à tout ce qui concerne la géopolitique. Et ce n’est pas étonnant que JLM et ceux qui se réfèrent à ce courant de pensée commettent de dramatiques analyses à cet échelon, hier comme aujourd’hui. Dois-je rappeler que l’Universalisme républicain fut l’un des puissants moteurs de la colonisation française, ne serait-ce parce qu’il le légitimait philosophiquement ? En ce sens et de concert avec cette mission civilisatrice, l’on retrouve une conjonction d’intérêt remarquable avec un autre pan du discours légitimateur de la période coloniale : la mission chrétienne évangélique. Comme quoi tout se tient.

Il introduit cette idée dans l’optique d’en développer une autre, masquée par les oripeaux d’un républicanisme et laïcisme de façade, qui se trouve être l’idée de l’Universalité des Droits de l’Homme. C’est une imposture pour plusieurs raisons :

1/ Première objection : tout n’est pas réductible à la vision du monde - parfaitement simplificatrice
-  qu’en ont les internationalistes d’obédience marxiste. Encore faut-il chercher à se décentrer pour s’en affranchir. Par exemple, pour qui s’intéresse à la géopolitique constate très rapidement qu’il y a des constantes dans l’Histoire, mues par des dynamiques qui lui sont propres. Cultures, traditions, croyances, religions, sont autant de paramètres à prendre en compte au sein de l’hypothétique unité de l’Homme, et que l’on peut réunir sous le vocable de « système de valeur ». Et, très exactement, il ne faudrait surtout pas oublier que ces systèmes de valeur, car ils sont multiples (qui pourrait en douter ?), sous-jacent à toute politique quelle qu’elle soit, s’ancre d’abord et avant tout dans une géographie particulière. Ce qui déjà s’accorde très mal, par principe, avec l’idée même d’universalisme. 

2/ Deuxième objection, qui découle de la précédente, la plus redoutable : le simple fait que ces systèmes de valeurs, ces différentes cultures et civilisations, revendiquent pour elles-mêmes leur propre universalisme, relativise explicitement et logiquement l’idée même d’universalité. Prenons un exemple parmi une multitude d’autre : l’Islam. Qui peut prétendre que l’Islam n’a pas vocation, de son point de vue idéologique, à l’universalité ? Qui nous dit que ce que l’on appelle de façon péjorative les « fondamentalistes », nullement en déclin mais bien au contraire partout dans le monde en expansion rapide, n’ont pas pour vocation et projet politique de transformer les nations occidentales (et le monde) en territoire à majorité musulmane (par conversion ou substitution de population) ? Cela pour une raison simple : le corpus islamique - universel - ne fait absolument pas de distinguo entre les territoires où s’exerce - ou devrait s’exercer - l’influence déterminante de ce dernier. Il n’y a donc pas de frontières à l’islamisation du monde, autrement que ses limites géographiques. Et l’actualité est suffisamment là pour nous le rappeler de manière dramatique.

3/ Troisième objection : faisons remarquer que ce qui pourrait sembler étrangement incohérent (mais sembler seulement) est que ce discours universaliste sur lequel s’adosse sur la scène mondiale les bonnes âmes occidentales (de gauche et de droite confondus, mais principalement de gauche) au vue de prêcher la bonne parole tels les missionnaires chrétiens du XIXè siècle, est du reste le parfait complément pourtant a priori antagoniste d’une autre posture cette fois-ci sur la scène intérieure occidentale, au sein même de notre sphère d’influence donc, et qui tend par le multi-culturalisme qu’il déploie avec force conviction, et le droit à la différence forcené qu’il promeut, à ériger comme modèle un relativisme moral et culturel indiscutable (avec les conséquences heureuses que chacun peut constater). 

Ce qui ne manque pas de dévoiler in fine leur totale contradiction intellectuelle - qui n’en est pas une en réalité - mais fait partie intégrante d’un processus d’aliénation et de manipulation de l’opinion publique afin de lui faire accepter, de plus en plus manifestement contre son gré, un projet mondialiste dégénéré de déculturation et de déracinement à grande échelle. En somme : une arme idéologique aux forts relents néo-coloniaux (ce qui n’est pas la moindre des contradictions de leurs idiots utiles, suivez mon regard), de destruction culturelle et religieuse - principalement anti-catholique (judéo-protestantisme et maçonnerie obligent) - et d’asservissement économique des nations et des différents peuples les composant, qui justifiera demain (et a déjà justifié par le passé, jusqu’à très récemment) toutes les ingérences pseudo-humanitaire, sous couvert évidemment des meilleurs intentions, et ce pour le plus grand profit autant des intérêts capitalistiques que du projet messianique des néoconservateurs atlanto-sionistes.

Il semble qu’il faille prôner tout au contraire un comportement tout à la fois raisonnable et cohérent afin de préserver une relative coexistence pacifique entres les nations et les civilisations : un relativisme culturel à leur échelle et de leurs zones d’influence respectives, comparativement à un « universalisme » culturel (le concept étant utilisé à contre-emploi ou de manière volontairement dévoyé ici) à l’intérieur de celles-ci.

Je tiens à préciser que cette vision géopolitique est exactement, à la conjonction près, l’inverse de la doctrine impérialiste néoconservatrice distillée par les euro-mondialistes de tous bords, et qui bien au contraire essaient tant bien que mal d’imposer leur modèle culturel dominant - la transformation du monde à l’image de l’Amérique pour faire vite - en cherchant à l’uniformiser, si besoin était par les armes ! Ce qui se révélera vite (et se révèle déjà) un projet dément, car infiniment destructeur de cultures pluri-millénaires qui fonde la richesse de nos sociétés humaines, et génère le désordre mondial tant à l’intérieur des frontières qu’à l’extérieur de celle-ci.

En réalité, le comble de l’absurde étant qu’un type comme Le Pen père par exemple, sincère patriote, qui cherche à préserver tout ce qui a constitué l’identité française à travers les âges (son patrimoine, sa langue, son histoire, son peuple, ses frontières etc...) et qui combat par conséquent que lui soit imposé un modèle extérieur d’où qu’il vienne et quelque soit des vecteurs souvent convergents (consumérisme et libéralisme par les médias, islamisme par l’immigration de masse), est taxé instantanément d’intolérance (et l’on pointera alors à satiété sa dangerosité pour la société et sinon son passéisme), alors qu’il ne fait que s’opposer au projet des euro-mondialistes qui - eux - cherchent à éradiquer par tous les moyens les spécificités et différences ethnologiques gage de la multiplicité, en leur substituant leur parangon de vertu « culturel », en fait : le nouvel ordre mondial par la destruction des nations et de l’identité des peuples les constituant, et qui y font barrages objectivement.

Ce qui signe là toute la perversité du jeu politique actuel, et éclaire d’un jour nouveau l’ensemble des manipulation et instrumentalisation qui ont cours de manière massive, par le biais des mass-médias, mais aussi il est vrai par le biais d’individus que participent à la mascarade - Mélenchon en étant l’archétype - en se laissant instrumentaliser de façon grossière par leurs ennemis, éternels idiots utiles du système qu’ils ont toujours été.


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