il y a un problème à vouloir être contre la marchandisation de l’éducation tout en étant partisan d’une éducation regardée dans une logique purement utilitaire en terme pratiquement économique.
Soyons clair, les classes très aisées ne mettent pas leurs enfants dans les écoles publiques, ni dans les universités exceptées dans des filières « jugées » prestigieuses et dans lesquelles les sélections vont faire en sorte d’éliminer, sauf exceptions, les enfants des classes moyennes et populaires. Donc les riches paient déjà pour ne pas se mélanger à la plèbe, et se foutent éperduement que l’on fasse payer l’éducation publique elle ne les concerne pas, voire seraient plutôt pour considérant que les gens modestes ont toujours bien plus qu’ils ne méritent.
Quand vous parlez des « humanistes du 16ème siècles », vous parlez de ressortissants des castes dirigeantes de l’époque, qui finalement étudiaient ce qu’ils voulaient, vivant sur le dos de la population, en oisifs, ne produisant rien d’utile à la société.
En même temps vous êtes ensuite en contradiction puisque vous voulez dirigez les jeunes, non dans des filières selon leur goût, mais en fonction du marché du travail en quelque sorte, et que vous n’êtes pas pour une éducation pour tous, mais souhaitez mettre une bonne partie des enfants des classes non aisées en apprentissage au plus tôt, considérant qu’ils ne sont pas aptes (par nature ?) à faire autre chose. Je peux vous dire que c’est déjà le cas, sans se préoccuper des goûts des jeunes, sans faire aucun travail d’orientation, sans vérifier que l’employeur joue réellement son rôle de maître d’apprentissage, voire sans même se préoccuper des débouchés. Cette manière de voir les choses, va de pair également avec l’image négative et dévalorisante associée aux métiers manuels, propagée depuis longtemps déjà par la société, qui est éminemment élitiste et donc arbitraire, celui qui n’a pas fait d’études est forcément un con. Mais les enfants des classes (castes ?) très aisées, aussi demeurés, fainéants ou fauteurs de troubles soient-ils, eux, dans leurs établissements privés feront des études supérieures, et seront placés dans des postes bien payés et à responsabilité, même s’ils sont totalement incompétents et n’en foutent pas une.
Si le système éducatif n’a pour fonction (ce qu’il est actuellement) que de permettre à un système inégalitaire de se reproduire et se maintenir, il est évident que la marchandisation est inéluctable car elle s’inscrit dans ce schéma, est inutile tout ce qui ne rapporte pas « financièrement » à l’oligarchie et ses castes vassales. Le problème n’est donc pas à poser en terme de marchandisation ou non, mais en terme d’objectif de l’éducation, qui si nous étions dans une démocratie, serait celui de permettre aux enfants de devenir des adultes conscients, autonomes et responsables, respectueux les uns des autres (ce qui est aux antipodes de la soumission à l’autorité) et soucieux de l’intérêt général qui est en réalité celui de tout un chacun.