Rosemar,
Le problème de la restauration des peintures est plus épineux ; c’est souvent une catastrophe. Et pas seulement lorsqu’il s’agit des fresques antiques. On a récemment restauré la Sainte-Anne du Vinci et le résultat m’a paru tout à fait abominable. Certes, c’était un peu enfumé et les glacis, en s’opacifiant, avaient progressivement fait disparaître les couleurs, mais quand on voit d’un peu loin le tableau, désormais, on ne distingue plus qu’une chose : la grosse tache bleue du manteau de la vierge qui semble un repeint et ne s’harmonise plus du tout avec l’ensemble de la composition. Dans l’exposition qui devait faire découvrir ce travail de restauration, ils avaient eu la naïveté d’accrocher pas très loin la Charité de Del Sarto qui, en revanche, est une véritable symphonie de bleus et un parfait chef d’oeuvre d’hamonie, lequel semblait semblait n’être là que pour ridiculiser une oeuvre que le fantôme de Vinci, s’il se promène quelquefois au Louvre, n’accepterait probablement plus de reconnaître. Voilà donc une restauration absolument catastrophique. En revanche, l’Eva prima Pandora de Jean Cousin, qui est restée au moins cinq ans dans les laboratoires, a récemment repris sa place au milieu des peintures de la renaissance française et c’est une restauration magnifique, tout le contraire d’un décapage. Mais c’est peint en demi-pâte, et probablement sans glacis. Dès qu’il y en a dans une peinture, il devient quasi impossible de la restaurer. L’Embarquement pour Cythère de Watteau, par exemple, a dû subir aussi un traitement de cette sorte. On peut admirer les détails mais si on s’éloigne un peu, on a immédiatement l’impression que les couleurs ont été lessivées à l’eau de Javel.