AS : J’ai lu pas mal d’articles dans la presse à propos de Pa Kin, mais je ne connaissais pas ses activités esperantistes.
C’est vrai que cet aspect de sa personne est méconnu et même passé sous silence. Regardez les journaux qui ont donné écho à sa mort, ou les autres médias qui en ont parlé, et vous serez édifié. Même « Le Monde », journal dit « de référence », a écrit que Pa Kin « s’était initié à l’espéranto ». C’est un peu mince quand on sait qu’il a pratiqué la langue, a traduit, s’est « mouillé » pour elle et même plus que ça.
AS : Je trouve que la Chine des années 20 est une période fascinante, avec l’apparition de beaucoup « d’électrons libres » comme Lu Sin et autres.
Je trouve parfois le peuple chinois beaucoup plus proche de nous que nous ne le supposons (je ne parle pas des gouvernants et de la classe de riches qui s’installe et qui, là-bas comme ailleurs, pourrit tout).Le dialogue passe bien, en tous cas en espéranto.
AS : J’ai l’impression que les périodes de basculement d’institutions offrent un champ de liberté qui encourage une énorme créativité.
Oui, cela s’est produit à certaines époques en France aussi et ailleurs. Faut-il vraiment être dans la boue jusqu’au cou pour commencer à réfléchir et agir ? On serait malheureusement porté à penser que oui.
AS : Le fait que les intellectuels des années 20 ayent rayonné autant sur le reste du siécle en Chine suggére la stagnation de la vie culturelle chinoise sous les dictatures du PCC et du Kuomitang. Il est très difficile d’être nouveau, différent au sein d’un ordre établi.
Les totalitarismes sont comme l’hiver des peuples. Ceci n’empêche pas les graines, toujours vivantes, d’attendre sous la terre gelée une température et une luminosité plus favorables pour gonfler et germer, et les bourgeons d’apparaître avant l’explosion du printemps. Regardez maintenant les branches des cerisiers et vous verrez : « Le temps des cerises » est déjà en préparation.
AS : Parfois j’ai l’impression que l’Occident souffre des mêmes travers aujourd’hui. L’ordre établi en France semble écrasant : les politiciens sont là depuis 30-40 ans, les intellectuels écoutés idem. C’est étouffant.
Oui, mais même les pires régimes n’ont guère tenu plus longtemps...
AS : J’espère que les nouveaux médias electroniques permettront d’ouvrir des brèches.
Espoir partagé !
Désolé de dérailler du sujet, mais je suis frappé de voir qu’en Russie et
en Chine les intellectuels du début du XXème siècle restent les plus
influents, et que les générations suivantes ayent eu autant de difficultés
à apporter du nouveau.
C’est un fait que ça donne à réfléchir...
hm