Bonjour,
Vous savez Rosemar, le travail est difficile dans de très nombreuses professions, et les suicides touchent tout le monde. Les bénévoles dans les associations de soutien psychologique ne vous diront pas le contraire. La détresse frappe enseignants, travailleurs agricoles (on l’a dit), employés administratifs, chefs d’entreprise (si, si), et, on les oublie trop souvent, tous ceux qui sont privés d’emploi. C’est l’ensemble des conditions de travail pour tous et des relations humaines qu’il faut revoir. Et il y a du boulot. Commençons d’abord par nous réconcilier les uns avec les autres et nous « réunir ». Ceci passe un postulat de base : toutes les professions ont la même valeur et personne n’est plus méritant que les autres par la seule force de son métier.
Et c’est là où je veux en venir : j’écris ce commentaire parce que chaque article de soutien écrit sur les enseignants ça et là part avec l’idée sous-jacente que leur métier serait plus noble et utile que les autres, et que par conséquent nous devrions tous nous mobiliser pour les soutenir eux. Et je tique à chaque fois. Dans un pays où les gens sont de plus en plus divisés, pourquoi toujours tenter de faire croire que certaines professions valent mieux que d’autres et méritent plus d’être défendues ? Je n’ai rien contre les profs, j’en admire même certains dont la vocation ne fait aucun doute (pas tous, il y a aussi des fumistes). Mais je ne peux pas m’empêcher de penser aussi à l’employée qui travaille dans un service contentieux et en prend plein la poire, à l’ouvrier qui travaille de nuit et ne voit personne la journée, à la femme de ménage qui vide des corbeilles à longueur de jour et de nuit dans l’indifférence générale, à l’éleveur célibataire qui se demande comment il va faire pour nourrir ses bêtes au train où vont les choses, à l’assistant de vie qui croule sous les malades grabataires, à tous ces gens qui sont en général oubliés de tout le monde et même méprisés un tout petit peu et se fanent au fil de années. Eux aussi se suicident, ne les oublions pas.