Foufouille, « pas besoin de luxe, une petite maternité avec une petite urgence ».
Je ne sais pas comment vous voyez une petite mat avec de petites urgences. Même une petite urgence doit être traitée avec diligence si l’on ne veut pas une mat avec des soins bas de gamme. L’héliport ne suffit pas : si une parturiente arrive avec une hémorragie on doit l’opérer, on ne peut pas attendre l’hélico sinon elle est morte. Je le sais parce que cela a été le cas de mon ex-femme : hémorragie grave en arrivant sur la table d’accouchement. C’est évidemment rare, heureusement. Mais si l’on veut tout anticiper faisons-le.
Même une petite mat c’est au minimum des dizaines de personnes qui y travaillent. Comme tout n’est pas prévisible cela suppose un bloc opératoire, des chambres, avec médecins, sage-femmes, anesthésistes, personnel infirmier, cuisine, nettoyage, personnel administratif, le tout tenant compte des vacances et des rotations donc des remplaçants.
C’est aussi du matériel indispensable pour faire des examens d’urgence, avec aussi des possibilités de faire des analyses de laboratoire de bases. Sans cela on est dans une médecine à deux vitesses.
Il faut ajouter, selon les régions, un entretien particulier des routes d’accès principales, par exemple pour l’hiver.
Bref, une petite mat sera forcément un centre important pour n’avoir que la base, même sans compter les grossesses à risques (prématurés, pour lesquels un service d’hélico peut être mis en place). Le coût d’une telle unité se chiffrera en millions. Figeac par exemple, sur l’ensemble du centre hospitalier c’est 27 millions d’euros de budget annuel.
Dans l’exemple que vous citez il n’y aurait pas autant de prestations médicales classiques qu’à Figeac, mais qui dit maternité dit un minimum incompressible avec un coût important. On peut le faire : ce sont des choix politiques, stratégiques et financiers. Mais je ne crois pas que l’on puisse proposer un maillage serré de services coûteux sans mettre en place une stratégie de services et d’évaluation des moyens. Les citoyens doivent participer à l’effort et anticiper autant que possible, et s’organiser. Mais même en pensant à tout on ne peut pas tout prévoir. La preuve ici.
En ce qui concerne les prématurés, ma première soeur est née à 7 mois 1/2 à la maison, sans couveuse, et elle a survécu. Les circonstances de ce drame de l’A20 sont plus compliquées qu’il n’y paraît, à mon avis. La stratégie de la voiture alors que l’on constatait une ouverture du col est incertaine. La mère pouvait avoir 4 heures devant elle, ou pas. Des bébés naissent parfois dans des taxis sur la route de la mat.