Oui, les choses peuvent changer. Une résistance de la
société civile est possible. C’est ce que j’ai découvert en travaillant sur le
sujet, et j’en ai fait la dernière partie de mon livre. Des formes
nouvelles de contre pouvoirs émergent : lanceurs d’alerte, entreprises de notation,
associations dédiées à la lutte contre la corruption, mobilisation d’acteurs
généralistes, coalitions informelles ou mouvements spontanés issus des réseaux
sociaux.
Ces interventions sont très diverses. Pour certains, il s’agit de quantifier le chiffre noir de la corruption par la construction d’indices
(comme le font Transparency ou Tax justice network), pour d’autres de dénoncer certains acteurs de la corruption et leur faire
honte (naming and shaming) (comme le fait Alter-EU), pour d’autres encore d’imaginer des actions de plaidoyer pour sensibiliser les acteurs
institutionnels, de construire une contre-expertise (comme la coalition « Publiez ce que vous payez » qui vise les industries extractives). Certains choisissent tout simplement de
militer et de permettre à une opinion publique de s’exprimer. D’ailleurs, une partie des informations du rapport de l’OCDE provient d’experts de la société civile.
Et dans des contextes politiques plus difficiles, d’autres
peuples ont su réagir. Le Brésil a destitué pour corruption le président Collor
de Mello, le Vénézuéla le président Carlos Andrès Pérez, la Lituanie le
président Rolandas Paksas. Le Pérou a poursuivi et condamné le président
Fujimori, le Costa-Rica le président Miguel Angel Rodriguez, la Thaïlande le
président du conseil Thaksin Shinawatra. Trois présidents ont été poursuivis
pour corruption en Corée du Sud, dont deux ont été condamnés. Une partie des
fonds Marcos (Philippines), Abacha (Nigéria), Salinas (Mexique) ont été
récupérés...