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Commentaire de Christian Labrune

sur Les OGM à l'épreuve de la démocratie : le professeur Séralini œuvre pour la santé publique en lançant l'alerte


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Christian Labrune Christian Labrune 24 octobre 2012 23:53

Les expérimentations du Professeur Séralini paraissaient vraiment taillées sur mesure pour satisfaire l’obscurantisme contemporain, générateur de grandes peurs qui n’ont pas grand chose à envier à celles que Delumeau a très bien étudiées dans l’occident chrétien, du XIVe siècle jusqu’à l’époque des lumières.

Et d’un seul coup, tout s’effondre : les protocoles expérimentaux sont sujets à caution, et ce sont d’autres spécialistes qui le remarquent. Immédiatement, les croyants (je doute qu’il y ait ici beaucoup de gens réellement compétents en matière de recherche génétique) veulent continuer à croire quand même, à défaut de comprendre, et veulent pouvoir continuer à se faire peur, comme ceux qui vont passer deux heures dans une salle obscure à regarder des films d’horreur.

Pourtant, dans l’histoire des sciences, ces sortes de retournements n’ont pas manqué, mais personne ne semble se souvenir des résultats publiés en 88 par Jacques Benveniste sur la « mémoire de l’eau », lesquels ravissaient pourtant bien des obscurantistes puisqu’on pensait par là pouvoir enfin trouver un fondement rationnel aux délires des homéopathes. Aucun laboratoire n’a jamais pu depuis mettre en évidence une quelconque mémoire de l’eau. Tout cette agitation a fini par sombrer dans le ridicule.

Et c’est toute cette page qui est ridicule. Je n’ai vu que deux ou trois intervenants qui aient eu l’audace, à leurs risques et périls, de nier l’existence du Diable sous sa forme moderne, lequel agite désormais des OGM pour faire peur, en guise de trident.

Au XVIIIe siècle, il a fallu bien des ruses au pauvre Parmentier dont on va bientôt célébrer le bicentenaire, pour faire bouffer des patates aux Français. Patates qui ont tout de même évité depuis bien des famines.

La plupart des jeunes intervenants, ceux qui ont entre vingt et trente ans et qui se précipitent sur le dernier téléphone cellulaire ou sur le dernier gadget d’Apple, ne se rendent probablement pas compte que d’ici quinze à vingt ans, ces prothèses sans lesquelles désormais ils ne sauraient plus vivre leur seront greffées sous la peau, peut-être interfacées avec leur système nerveux central. Ils seront des cyborgs, et quand il leur faudra recourir aux thérapies géniques pour prolonger quelque peu, dans cinquante ou soixante ans, leur existence, ils ne diront évidemment pas non.

Toutes ces solutions techniques nouvelles engendrent aussi des problèmes économiques et politiques, mais c’est comme ça depuis la révolution néolithique et les choses ont même commencé bien avant, avec la domestication du feu et la taille du silex. Si on veut être vraiment radical, c’est à cela aussi qu’il faudra renoncer pour retrouver enfin un vrai bonheur et une espérance de vie inférieure à vingt ans. 


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