Vous soulevez avec raison que les rapports de production conditionnent une très large partie des rapports politiques. Et on peut vous rejoindre sur le fait que ceux qui prétendent que la lutte des classes n’existe pas (ou plus) au profit de clivages secondaires sont assez souvent les alliés des exploiteurs.
Mais le but réel de votre article est de dénoncer la soit disant collusion entre des souverainistes de gauche et « la droite » sous prétexte d’union républicaine, visant à effacer les clivages de classe. Et en l’occurrence d’attaquer l’université d’automne du M’PEP puisque c’est de cela dont il est en fait question. Sur la forme, il serait donc plus honnête d’indiquer l’ensemble du programme de ces universités qui se tiennent sur trois jours, et que le meeting dont il est question n’en est pas un mais qu’il s’agit d’un débat. Vous ne pouvez donc préjugez qu’un accord existe et qui plus est qu’il serait exclusivementsur la ligne du ni droite ni gauche d’Asselineau qui n’est ni celle du MPEP ni celle du PRCF.
Sur le fond, vous faites à mon avis plusieurs contre-sens :
- d’abord sur la « ligne » politique de mouvement comme le M’PEP ou le PRCF. Il s’agit là de deux mouvements qui défendent une analyse politique de classe. Historiquement, le PRCF apparaît d’ailleurs par le fait que le PCF a abandonne une analyse de classe de la société. Il s’agit donc là clairement d’un pure procès d’intention. Et ce débat est justement l’occasion, dans un moment de réflexion idéologique que sont des universités d’un mouvement politique, de montrer qu’il ne s’agit pas de s’effacer derrière une simple union républicaine
- vous résumez de façon simpliste le débat sur le souverainisme à gauche ou plutot sur la place de la Nation. Il n’est absolument pas ici question d’une union nationale effaçant les clivages idéologiques et s’alliant sans condition avec la droite, façon 14/18. Il n’est d’ailleurs pas question d’alliance avec la droite. La problématique même du débat le montre, puisqu’il s’agit de poser ici la question de la possibilité de faire émerger un nouveau CNR, c’est à dire un programme de transformation des rapports de production, un programme visant à rendre sa pleine souveraineté au peuple et donc le contraire même de la négation des idéologies (pour mémoire le CNR c’est cela :« le retour à la nation des grands moyens de
production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie,
des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes
banques » ). Le CNR ce n’est pas juste l’union nationale, c’est l’union nationale sur des bases de classes.
La question de fond qui est posée ici est la question de la place de la Nation, comme lieu politique d’émergence de la conscience de classe et d’expression de la souveraineté populaire. Il s’agit de façon dialectique de constater d’une part, ce que vous reconnaissez d’ailleurs, que les institutions supra-nationales(UE) entièrement à la main de la classe dominante mettent en œuvre de façon totalitaire et contre l’avis des peuples une politique ultra capitaliste de liquidation des conquêtes sociales et de renforcement de l’exploitation, d’autre part que ces mêmes classes dominantes pour ce faire ont abandonnée le périmètre nationale pour se placer au niveau supra-nationale qu’est l’UE. Du fait de ce choix, le peuple (du moins en France) est la Nation et les intérêts de la Nation deviennent donc les intérêts de son constituant unique qu’est la classe ouvrière.
Toute défense conséquente de la Nation doit donc nécessairement porter un contenu de classe. Au même titre que le CNR. Et réciproquement, la défense de la classe ouvrière contre la violence des attaques de l’UE et de ses sbires ne peut s’organiser de façon efficace que dans le cadre de la Nation. Car si les capitalistes font le choix de la supra-nationalité contre la nation, ou du régionalisme, du communautarisme contre la nation, c’est bien pour diviser la classe ouvrière en masquant le clivage de classe. Sur ces échelles, l’unité culturelle et politique de la classe ouvrière est trop faible. Alors que cette unité existe au niveau de la Nation. Il suffit de voir la façon dont s’organise le mouvement social, la structuration des partis politiques : l’action populaire ne se fait que dans le cadre nationale.
Comme pour le CNR, il ne s’agit donc pas de prôner l’union nationale, mais bien de défendre la souveraineté du peuple sur la base d’un programme progressiste c’est à dire remettant en cause la domination de classe. Et sur la base de cette communauté d’action de permettre au peuple de devenir l’acteur de son dévenir pour reprendre votre formule
Il ne vous a pas échappé que si l’opinion est opposée à l’austérité, la résistance au totalitarisme capitaliste de l’UE est très faible. D’autant plus faible qu’à gauche, sous prétexte d’internationalisme et d’une aversion pour la Nation qui la confond avec l’impérialisme capitaliste national, un bon nombre d’acteurs refusent de voir le caractère de classe de l’UE et de l’Euro. Leur discours est donc de défendre une « autre europe » qui sort par les yeux des classes populaires. L’opposition à l’UE et à la destruction de la Nation (c’est à dire concrètement de la culture populaire : la langue, du modèles social : services publics, acquis sociaux, protection sociale....), qui va au dela du seul cas du TSCG, est donc bien orpheline à gauche. Et à droite, il ne s’agit que d’une récupération opportuniste du ressentiment populaire pour en enlever tout le contenu de classe. Alors si l’on peut être 100% d’accord avec vous sur la nécessité de mobiliser contre le traité, encore faut il y arriver et pour cela avoir un discours clair et porteur de perspectives. La défense des valeurs républicaines, de la souveraineté populaire de la Nation, du modèle social français qui sont les principes du programme du CNR constitue cette perspective, cet espoir qui doit permettre de rassembler des citoyens sur une base commune progressiste qui justement permet de conscientiser la lutte des classes. La résistance à l’UE sur une base progressiste ne peut que mettre en exergue que le front de la lutte des classes traverse l’ensemble des questions politiques.
A cet effet, il est nécessaire de s’adresser à tous, non pas pour s’agréger sur la base du plus petit dénominateur commun ce qui serait effectivement stérile mais pour créer une dynamique de résistance au totalitarisme capitaliste européen et par la même redonner la possibilité au peuple de s’exprimer et se faisant de prendre conscience de son intérêt de classe.
Il s’agit bel et bien d’une dynamique qui a pour but de faire bouger les lignes de façon à déplacer les questions politiques suivant une problématique de classe. D’une part, ammener la gauche à prendre conscience du caractère d’outil d’oppression et d’exploitation de classe qu’est intrinsèquement l’UE. D’autre part, ammener les républicains à saisir que la souveraineté du peuple qu’il défendent ne peut se faire que dans un cadre sociale débarrassé de l’exploitation de la classe ouvrière par la classe capitaliste.
02/11 22:15 - taktak
De ce que vous dites, et de ce que vous citez de ce qu’est le discours « officiel » du (...)
01/11 18:53 - jaja
Ce n’est pas un mystère que le NPA n’est pas pour un repli nationaliste, une union (...)
01/11 18:34 - taktak
http://www.npa2009.org/sites/default/files/Programme%20POUTOU%202012.pdf @ Jaja Je prend donc (...)
31/10 14:52 - Jean J. MOUROT
@ soi-même Pourriez-vous utiliser votre correcteur orthographique ou tout au moins vous relire (...)
31/10 13:18 - Soi même
Quand à ton papier, en quoi veux tu en venir, il est gratuit ton texte, il montre aussi que tu (...)
31/10 11:53 - jaja
« Jaja et tout les tenants de »l europe qui protège« , »l’europe sociale« et de (...)
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