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Commentaire de L’Ankou

sur Le « suicide » de Michel Onfray et la fin d'une époque


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L’Ankou 31 octobre 2012 14:45

Oui, vous en avez lourd à expier, mais bon, c’est votre conscience que ça regarde...

Il me semble que Onfray, en ce qu’il se positionne Nietzschéen, proclame qu’on ne juge bien les idées d’un homme qu’en les éclairant par la façon dont sa vie les illustre, les explique et les justifie, et par la façon dont il a mis ses actes en cohérence avec sa pensée. Un philosophe de la liberté qui passerait sa vie inféodé au pouvoir, un défenseur de l’ascèse courant les lupanars, un donneur de leçons éducatives qui laisserait ses enfants à l’assistance publique, un philosophe de la Vérité qui passerait sa vie à mentir peuvent assez justement finir dans les poubelles de l’histoire.

Si effectivement tout écrit philosophique est intrinsèquement autobiographique, c’est en parfaite cohérence avec ces postulaits qu’Onfray donne à voir l’autobiographie d’où résulte sinon sa pensée, au moins sa posture philosophique, sa méthode et les axes qui guident son travail.

Je ne surestime pas, au passage, la pensée d’Onfray. Je tiens pour un excellent vulgarisateur mais pas nécessairement pour un auteur majeur de la philosophie. Il faut dire que la matière qu’il travaille est assez riche d’auteurs excellents. L’Histoire peut ne pas le retenir comme un créateur de courant ni comme un théoricien agenceur de concepts, non plus que comme découvreur de systèmes de pensée... Au plus apparaît-il comme un commentateur, quelqu’un capable de résumer, de synthétiser, de schématiser et d’articuler les auteurs entre eux et les oeuvres entre elles.

Sans doute sa biographie explique-t-elle pourquoi il met ces quelques talents au service de la réparation d’injustices historiques et de la démystification de quelques escroqueries. Je ne trouve pas ce travail inutile.

Là où vous voyez du narcisisme, d’autres verront un acte de courage, certes mesuré, consistant à oser l’exposition de soi. Le penseur abstrait et désincarné ne risque que la critique de son oeuvre. Celui qui expose sa chair et la matière de son histoire personnelle risque des blessures bien plus personnelles. Etant désormais renseignés sur le parcours qui l’amène là où il vous déplait tant de le voir, vous êtes mieux à même de situer ses faiblesses, de préssenttir ses oublis, de deviner ses incomplétudes qui vicieraient ses raisonnements. Ce sont donc des armes qu’il vous donne contre lui. Mais peut-être aura-t-il menti ou trompé ou traversti sa propre histoire ? Vérifiez-le donc ! Faites ce travail, cette recherche, puis déononcez l’imposture à votre tour. déconsidérez-le ! raillez-le ! Soulignez ses incohérences ! Décrédibilisez son oeuvre enttière sur la base de ces constats circonstanciés et dûment référencés !

Ce que je note, c’est qu’une fois de plus, Onfray propose de façon très universitaire son travail à la critique de lecteurs attentifs, et qu’il ne reçoit en retour que des procès d’intention. C’était plus criant encore avec le « crépuscule d’une Idole », où toutes ses affirmations pouvaient être vérifiées et contredites. Dans le tollé suscité par l’ouvrage, ce que je note c’est que les critiques n’ont contesté aucun des arguments précis, exposés l’un après l’autrre dans le livre, références bibliographiques à l’appui. C’est donc que ces arguments devaient être bons. Enchaînés les uns aux autres, il brossaient un tableau effectivement déplaisant et haïssable de Freud, propre à attirer les foudres des Freudolâtres. C’est normal qu’ils s’en offusquent. C’est aussi normal que leur jérémiades m’indiffèrent.

Je ne comptais pas acheter cet opuscule autobiographique, mais s’il continue à alimenter des polémiques sur ce mode du procès d’intention plutôt que sur le contenu, c’est peut-être, à nouveau, que ce contenu est bon. Encore quelques critiques comme la vôtre et je passe commande ! Promis !

Bien à vous,
L’Ankoù


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