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Commentaire de Tristan Valmour

sur L'ADN d'Internet est-il modifiable de l'intérieur ?


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Tristan Valmour 4 novembre 2012 21:42

Bonjour Monsieur de Rosnay. Votre article est intéressant, et on peut abonder dans votre sens à priori. A posteriori, c’est autre chose.

1.  « Donald Hebb et le biologiste et philosophe français d’origine chilienne Francisco Varela, notamment, ont démontré que le cerveau ne correspondait pas au modèle traditionnel proposé par les neurobiologistes et qu’il n’était pas non plus comparable à un ordinateur numérique fonctionnant en langage binaire (avec des bits de zéro et de un). » En effet, un neurone décharge (1) ou ne décharge pas (0). Non ?

2.  Le corps humain est certes fluide, mais on peut dire cela de la pierre qui s’adapte à l’érosion, donc en fonction de facteurs « épigénétiques ». Je vous trouve trop imprécis ici.

3.  La communication de neurone à neurone se fait par voie électrique au niveau des synapses électriques (gap-junction) et par voie chimique au niveau des synapses chimiques (neurotransmetteurs). Seulement, on n’a pas identifié tous les neurotransmetteurs. De là à parler d’isométrie, il me semble que c’est un raccourci. En plus, on connaît très mal les cellules gliales. On refait le spike grid de Stanford ?

4.  « On pourrait donc, de l’intérieur, modifier ou faire modifier des règles et des lois. » C’est possible, mais vous omettez de préciser que ce qui définit notre comportement, c’est notre éducation, fruit de multiples interactions avec notre environnement, ce qu’on appelle aussi expérience. Cette expérience est gravée dans des clusters qui ont tissé des réseaux de communication préférentiels en raison de la myélinisation des axones sollicités par lesdites expériences, et nous incite à utiliser des solutions déjà éprouvées par l’expérience pour pallier des situations inédites elles-mêmes transformables en expérience. Par conséquent, à mon avis, seuls des sujets jeunes peuvent modifier des règles et des lois, à condition qu’en dehors d’Internet, ils ne subissent pas plus l’éducation à la situation pyramidale. C’est ainsi que rien ne permet d’affirmer que les Crowd_ ne soient pas des phénomènes temporaires qui viennent remplir un vide.

5.  Les réseaux sociaux pèsent de tout leur poids ? Ah bon ? Les printemps arabes sont des échecs, ils ont accouché de régimes islamistes. Non, non, dès que le système en place se trouvera réellement menacé, il ripostera. Pour le moment, il ne dit trop rien, il recueille des informations, puis il appliquera tout simplement le théorème de Bayes. Quant aux Pussy Riots, excusez-moi, mais c’est un groupe minable qui n’aurait pas fait parler de lui sans l’aide du système qui voit le moyen de faire un pied de nez à un autre système.

6.  « La question demeure : ces mouvements conduisent-ils à modifier de manière épigénétique l’ADN d’Internet ? La réponse est vraisemblablement oui, car des millions d’internautes vont modifier leurs actions, leurs créations, leurs liens, leurs enregistrements, leurs contacts, leurs amis ou leur blog… selon leur appréciation personnelle de ces différents mouvements. » Vous croyez ? Ne vont-ils pas faire comme les touristes, consulter le routard , sans plus se laisser aller à découvrir le pays visité. Par conséquent, y aura-t-il réellement une modification des pratiques, ou juste un habillage ? Suivez-le guide non ? Il y a 24h par jour (apparemment) pour tout le monde, et on sait que tout traitement cognitif de l’information vise à la simplification dudit traitement afin d’éliminer le bruit (au sens neuroscientifique du terme) et la consommation d’énergie (liste non exhaustive). Si Agoravox existe, c’est bien parce que ce site répond à un besoin d’avoir un guide pour simplifier la recherche d’informations alternatives non ? Donc la prise de décision. Combien d’autres sites, peut-être plus intéressants, mais perdus dans les confins d’Internet ? Suivez le guide, c’est ce qui guide les hommes !

7.  « Pour ma part, je crois davantage à une co-régulation citoyenne par des femmes et des hommes informés, qui agiraient par feed-back citoyen en renvoyant l’information vers des centres décisionnels exerçant une forme de pouvoir transversal. » Absolument pas d’accord avec vous ; il s’agit d’une vision très élitiste et utilitariste qui priverait l’humanité d’autres possibles. Ces femmes et ces hommes seraient informés par qui et comment ? Comment vérifier leur aptitude à comprendre l’information ? Comment mesurer leur aptitude à décider ? Comment éviter les conflits d’intérêts ? Le mot « citoyen » et « informé » sont contradictoires. Bref, vous semblez vouloir éliminer les « inutiles », les « malades » de toute décision. Mais sans malade, point de médecin ; sans élève « sous doué », point de super enseignant, et pas plus de méthodes révolutionnaires modélisables pour augmenter le potentiel des « doués ». Vraiment, cette vision élitiste, je n’en veux absolument pas. D’autre part, cette vision est en contradiction totale avec toutes les théories sur la prise de décision, qui au contraire ont prouvé qu’un groupe hétérogène prend de meilleures décisions qu’un groupe homogène. Quand vous êtes informé, vous prenez des décisions sur la base de vos informations. Il faut des personnes complètement candides pour faire naître des questions intéressantes et innovantes. Sans malade, point de médecin. Donc, un homme, une voix, peu importe sa qualité. Démocratie directe en toute chose, et sans filtre. Enfin, comment réglez-vous le problème de la first person perspective (cf travaux d’Engel, Gallagher, Vogeley, Fink, Revonsuo, etc.) ?


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