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L’ADN d’Internet est-il modifiable de l’intérieur ?

Internet EpigénéTICs

 ADN : Aujourd’hui passées dans le langage courant, ces trois lettres ne désignent plus seulement le programme héréditaire des organismes vivants. On parle de l’ADN d’une entreprise, d’un organisme public, ou même de l’ADN d’un Etat, pour décrire le patrimoine accumulé, la culture, les programmes nécessaires pour faire fonctionner une organisation, le réservoir de mutations favorisant l’innovation et le développement. Dans cette logique, il est naturel d’imaginer que l’écosystème informationnel que représente Internet, possède également son ADN dont la forme s’est complexifiée par suite des interventions individuelles et massives des internautes. On peut se représenter un ADN constitué de bits et d’octets, mais aussi de liens et de sites web, de routeurs et de hubs.

 L’analogie entre le « cerveau planétaire » d’Internet et le cerveau humain, dans son évolution, sa structuration, son fonctionnement a été faite par plusieurs auteurs au cours des 30 dernières années1, mais c’est la première fois qu’un Institut de recherche, le Global Brain Institute, consacre l’ensemble de ses missions et de ses programmes à des recherches internationales sur l’intelligence répartie émergeant d’un réseau planétaire de personnes et de machines. C’est à l’occasion d’un séminaire rassemblant le 7 décembre à Bruxelles des chercheurs de plusieurs pays - informaticiens, sociologiques, neurobiologistes -, que je proposerai la thèse d’une « épigénétique d’Internet ».

 

L’épigénétique appliquée à l’ADN d’Internet

 L’objet de cet article est de tenter de répondre à cette question : l’ADN d’Internet est-il modifiable de l’intérieur ? Ou existe-t-il une épigénétique d’Internet ? En d’autres termes, est-il possible que les internautes ou les entreprises (séparément ou ensemble) réussissent à imposer une multi gouvernance d’Internet ? On pourrait ainsi parler d'épigénétique par inhibition de certains comportements et désinhibition d'autres, ou encore de changements d'organisation pour mettre en valeur certaines caractéristiques au dépend d'autres. Il y a aussi les phénomènes de flux renforçant certaines voies, ce que Freud appelait « frayage » et qu'il comparait à un fleuve creusant son lit, mais qu'on peut mettre sur le compte d'une habituation. Faut-il voir, par exemple, dans l’émergence de cette force nouvelle, baptisée GAFA (Google/Apple/Facebook/Amazon) la montée en puissance de nouveaux maîtres du réseau mondial ? L’influence de ces entreprises sur Internet paraît illimitée et, de ce fait, pose problème. Mais, en réalité, quel est l’impact réel de GAFA sur l’ADN d’Internet ? Ces grandes firmes en situation de monopole sont-elles la preuve de la mise en pratique d’une forme de « manipulation génétique » globale susceptible de modifier le génome d’Internet à des fins mercantiles ou d’exercice non partagé du pouvoir ? 2

 Le processus de mutation génétique et de sélection naturelle, tel que défini par Darwin et accepté par la grande majorité des généticiens et des biologistes du monde entier, est-il transposable à Internet ? Dans ce contexte, l’ADN, par suite de mutations et de sélections, ne peut se modifier structurellement que sur de très longues durées, même si dans une espèce, des mutations peuvent intervenir de manière rapide et successive. Mais il existe une autre forme de modification du rôle de l’ADN : la modulation de l’expression des gènes par l’épigénétique. Qu’est-ce que l’épigénétique ? Imaginons, pour l’illustrer, que l’ADN soit comparable à une portée de notes de musique. À partir de ces notes il est possible d’interpréter une harmonieuse symphonie. Sa qualité et son succès dépendront du talent du chef d’orchestre et des musiciens. Les effets de l’épigénétique sont analogues à cette symphonie, jouée à partir d’une succession de notes et de signes musicaux. Cette importante découverte, présentée dans des livres récents3, s’appuie principalement sur l’observation suivante : le comportement humain (et animal en général) peut moduler l’expression des gènes. En effet, ce comportement (alimentation, exercice, management du stress, relations sociales, réseaux social et familial, plaisir…), conduit à la production dans les cellules d’un certain nombre d’activateurs ou d’inhibiteurs, jouant le rôle d’interrupteurs chimiques qui vont éteindre, allumer, augmenter ou diminuer l’expression de certains gènes. Un processus fondamental dans la prévention de maladies, le maintien d’une bonne santé, le ralentissement du vieillissement. L’épigénétique va jouer un rôle d’importance croissante dans le management de la santé, et l’industrie pharmaceutique, qui ne s’y est pas trompée, s’y intéresse de plus en plus.

 

Internet, un cerveau planétaire fluide

 Le cerveau humain est un des éléments de l’épigénétique : l’expression des gènes peut être modifiée par notre état psychologique, notre façon de réagir face à la maladie, notre relation aux autres, l’utilisation de placebo ou de nocebo, de pratiques millénaires telles que la méditation ou le yoga… La neuro-psycho-immunologie, montre à quel point le système hormonal, le système nerveux et le système immunitaire sont interconnectés en permanence, permettant de contrôler et de réguler la consommation d’énergie, l’humeur, la motivation, l’instinct sexuel, la volonté d’agir ou de ne pas agir.

 Internet « cerveau planétaire » est connecté à un grand corps social, à un écosystème lui-même pourvu de son métabolisme propre et susceptible d’influencer Internet en retour, par coévolution. Ce cerveau planétaire pourrait-il conduire à la modification de l’ADN d’Internet en affectant les aspects scientifique, technique, culturel, politique et économique de cet immense écosystème informationnel ? Si oui, qui agit, comment, et avec quels moyens d’amplification ?

 Pour être en mesure répondre à cette interrogation, il convient de revenir à la notion du « cerveau fluide ». Le neuropsychologue canadien Donald Hebb et le biologiste et philosophe français d’origine chilienne Francisco Varela, notamment, ont démontré que le cerveau ne correspondait pas au modèle traditionnel proposé par les neurobiologistes et qu’il n’était pas non plus comparable à un ordinateur numérique fonctionnant en langage binaire (avec des bits de zéro et de un). Il se reconfigure en permanence en fonction de sa communication avec le monde extérieur et avec son propre écosystème interne : réseaux, organes, tissus et cellules. Le corps humain pourrait, lui aussi, être considéré comme « fluide » puisqu’il peut s’adapter, se mobiliser grâce aux effets de l’épigénétique. Le cerveau est une machine chimique intégrée au corps et ne joue pas seulement un rôle hiérarchique qui commanderait le corps. Par exemple, des neurones possèdent des récepteurs d’hormones gastriques, tout comme l’intestin comporte cent millions de neurones. Un « cerveau abdominal » (ou entérique) qui influence notre comportement et notre santé. Tous les réseaux du corps sont en intercommunication étroite. Il en va de même pour les multiples réseaux d’Internet.

 En juillet 2001, dans un article présenté au Global Brain Group4, je décrivais la stabilisation de certaines propriétés d’Internet résultant du fonctionnement global du système et des actions des internautes. Par exemple, un nouveau programme lancé et testé par des bêtatesteurs verra son utilisation amplifiée ou, au contraire, réduite selon l’intérêt et l’efficacité que lui attribuent les internautes. On pourrait parler de stabilisation sélective des synapses d’Internet, comme dans le processus décrit en 1973 pour l’évolution du cerveau par le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux et les biologistes Philippe Courrège et Antoine Danchin5.

 Si on évoque l’isomorphisme entre le cerveau et Internet, il ne faut pas oublier de citer les deux formes de communication se déroulant à l’intérieur du cerveau et dans le système nerveux : La communication de neurone à neurone, comparable à un système câblé de télécommunications passant par exemple par la fibre optique. Et la communication d’astrocytes en astrocytes (les cellules gliales du système nerveux) qui ressemble plutôt au téléphone cellulaire GSM. L’information, au lieu de se propager le long de fils ou de câbles, saute en quelque sorte de hub en hub. Serait-ce la base de l’intuition qui, en parallèle, explore plusieurs solutions ou mémorisations pour trouver une voie vers la solution de problèmes ? Ce type de processus pourrait-il être à l’œuvre dans l’écosystème Internet ? On considère en effet un web intuitif, tel que proposé par Tim Berner Lee, l’inventeur du Web6, et qu’il considère comme la prochaine étape de l’évolution d’Internet.

 

GAFA, nouveaux maîtres du monde ?

 N’oublions pas qu’Internet est connecté à des réseaux de communication globaux et ramifiés, qui constituent le « corps » de la société (usines, réseaux d’échanges énergétiques ou financier, produits manufacturés, services immatériels...). Au sein de ce corps vivant, il existe un anabolisme de construction et un catabolisme de destruction ou de recyclage. En d’autres termes, l’organisme ou l’organisation sont soumis à certaines réactions qui peuvent avoir des effets sur le métabolisme du corps humain ou (du corps) de la société ou de l’organisation. Nos sociétés se montrent de plus en plus soucieuses de réguler ce métabolisme de l’énergie pour limiter les déchets et les rejets de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, accusés de contribuer au réchauffement climatique. On peut ainsi déployer une sorte « d’Internet de l’énergie », une Smart Grid ou grille intelligente de distribution de l’électricité. Il s’agit de mixer les énergies, en particulier renouvelables, afin qu’elles puissent être distribuées ou stockées de manière décentralisée par la Smart Grid. On se dirige ainsi vers une forme d’énergie en peer-to-peer (P2P), ouvrant la voie à une véritable démocratie énergétique. Le métabolisme sociétal et écosystémique est régulé par les êtres humains, mais aussi -et surtout- par des ordinateurs reliés à Internet dans un nuage ubiquitaire : le Cloud. Force est de constater l’influence grandissante de l’écosystème Internet dans le métabolisme du corps vivant, constitué par l’ensemble des populations et des structures qui l’ont construit pour survivre et se développer, en particulier les villes.

 Mais un réel danger menace l’avenir d’Internet et, à travers lui, des citoyens de la civilisation du numérique. Les forces en présence (entreprises, grands lobbies,- tels que industries financière, pharmaceutique, agroalimentaire, de l’armement, des drogues, de l’énergie- méga-organisations, États…) tentent d’accaparer les ressources et le pouvoir au sein de cet écosystème et cherchent à détourner ses propriétés pour désinformer, agir sur l’information elle-même, manipuler les cours de la bourse et le monde financier ou encore mettre en difficulté des entreprises concurrentes ou identifiées comme « politiquement incorrectes », voire en mobilisant des hackers pour pénétrer et espionner des cibles stratégiques.

 GAFA exerce un contrôle invisible, mais bien réel et de plus en plus oppressant et inquiétant, sur les actions de la vie quotidienne, privée ou professionnelle des internautes. Le monde politique participe, lui aussi, à ce jeu parfois inconscient de la modification des gènes d’Internet. Qu’il s’agisse de contrôler le modèle traditionnel des droits d’auteur et l’échange de musique, de vidéo ou de texte sur Internet ou d’entretenir des relations incestueuses avec des lobbies qui garantissent un soutien intéressé, Est-il donc possible de modifier profondément l’ADN d’Internet, d’exercer un contrôle multifonctionnel et multidimensionnel, bref, de prendre le pouvoir ? Comme pour l’organisme vivant, une épigénétique d’Internet pourrait-elle assurer un co-contrôle, une co-régulation par les « utilisateurs neurones » d’Internet ? Et ces modifications épigénétiques, découlant du comportement des internautes, pourraient-elles avoir des effets positifs pour la démocratie, les libertés humaines et l’avenir de l’humanité ?

 La co-révolution de la société fluide et du partage, que je décris dans mon dernier essai7 montre que le partage et la coordination peuvent conduire à des mouvements massifs sur Internet. Les actions précédées par “crowd” en anglais (crowd sourcing, crowd financing…) sont la preuve que l’intelligence intuitive d’Internet peut résoudre des problèmes complexes, que la capacité de financement collective peut favoriser le lancement de nouvelles entreprises, que les tableaux de bord de santé personnalisés, grâce aux smartphones et donc à Internet, peuvent bouleverser des industries bien établies comme l’industrie pharmaceutique ou agroalimentaire. On voit apparaitre des prosumer (mot anglais formé à partir de producer et consumer : producteur et de consommateur) qui sont en train de « désintermédier » les organisations pyramidales qui contrôlent aujourd’hui notre vie, c’est-à-dire celles de l’énergie, mais aussi de la banque, de l’assurance, du tourisme, de l’éducation...

 On pourrait donc, de l’intérieur, modifier ou faire modifier des règles et des lois. Changer ce que le biologiste britannique Richard Dawkins appelle, non pas les gènes sociaux, mais les memes ou ADN sociétal8. En tout cas, ce qui change "l'épigénétique" sociétale, ce sont bien des dispositifs matériels, des circuits de distribution, l'infrastructure (dont Internet fait partie), déterminant la superstructure. Internet produit des monopoles naturels, dont on ne peut guère se passer mais, on ne peut espérer remplacer les systèmes hiérarchiques par des co-productions en P2P ou des co-régulations. Ce n'est pas l'un ou l'autre, c'est l'un et l'autre. Je ne pense pas qu'on puisse en faire une alternative complète aux GAFA comme à toute centralisation, mais plutôt un complément ou la contrepartie, faisant une part grandissante à la gratuité coopérative et à la désintermédiation dans une économie plurielle.

 

Des rapports de force aux rapports de flux

 Comment modifier de l’intérieur l’ADN d’Internet ? La question est, en effet, fondamentale pour l’avenir de notre société et de l’humanité. Les réseaux sociaux, animés par les générations nées avec Internet, pèsent déjà de tout leur poids et font sentir leur pouvoir lorsqu’ils remettent en cause les régimes des pays totalitaires ou les modèle économiques et sociaux des pays démocratiques. Les mouvements les Indignés, Occupy Wall Street, le Printemps arabe et le Printemps érable ont prouvé leur efficacité et affiché leur détermination. Une utilisation intelligente des réseaux sociaux et de la télévision alliée aux cyberactivistes et manifestants de rue, aura contribué à faire plier les régimes les moins permissifs. Et que dire des actions subversives de WikiLeaks, du collectif Anonymous, des Pirates ou encore du mouvement anti Poutine des Pussy Riot, indiquant une pression du bas vers le haut : l’expression populaire massive catalysée par Internet ?

 La question demeure : ces mouvements conduisent-ils à modifier de manière épigénétique l’ADN d’Internet ? La réponse est vraisemblablement oui, car des millions d’internautes vont modifier leurs actions, leurs créations, leurs liens, leurs enregistrements, leurs contacts, leurs amis ou leur blog… selon leur appréciation personnelle de ces différents mouvements. Comme pour l’ADN d’une entreprise ou celui d’un Etat. Un important travail de recherche doit être entrepris pour confirmer ou infirmer la modification épigénétique de l’ADN d’Internet. Ou plus généralement sur ce que j’appelle la « diginétique » ou l’épigénéTICs (par référence aux TICs). C’est d’ailleurs l’un des objectifs du Global Brain Institute que de tirer des enseignements de l’étude de l’isomorphisme entre cerveau humain et cerveau planétaire. Mais Internet peut aussi échapper à ces scientifiques…Le nombre de « maladies » d’Internet s’accroît : schizophrénie, paranoïa, mégalomanie ou dépression. Pour traiter ces maladies psycho-technico sociétales, voire guérir Internet de l’intérieur, il existe des remèdes planétaires. Mais qui décidera de leur administration et de la posologie ? Peut-il exister un management global du cerveau planétaire, une gouvernance mondiale ? Pour ma part, je crois davantage à une co-régulation citoyenne par des femmes et des hommes informés, qui agiraient par feed-back citoyen en renvoyant l’information vers des centres décisionnels exerçant une forme de pouvoir transversal. C’est le cas dans la société fluide, modèle que je propose et décrit dans Surfer la vie.

 Il est clair que la technologie ne suffira pas pour modifier l’ADN d’Internet de l’intérieur, ni pour guérir ses maladies. Pour assurer la bonne santé d’Internet, il faudra partager des valeurs qui engendrent la solidarité, l’échange, le partage, le respect mutuel dans la construction du monde de demain. Un monde, souhaitons-le, plus empathique et moins compétitif. Passons des rapports de force aux rapports de flux, des valeurs guerrières aux valeurs solidaires. A l’exercice solitaire du pouvoir électif, préférons la pratique solidaire de l’intelligence collective.

 

Crédit photo : 13h37.me - http://www.13h37.me/adn-usb/

 

1- Joël de Rosnay, l’Homme symbiotique, (1995), et Le Macroscope, (1975) Editions du Seuil.

2- (Voir à ce sujet l’excellent livre de Phil Simon : « The Age of the Platform » Motion Publishing, 2011)

3- Et l’Homme créa la vie. (éd. Les Liens qui Libèrent, LLL, 2010) ou Une vie en plus. (avec Jean-Louis Servan-Schreiber, François de Closets et Dominique Simonnet. Seuil, 2005),

4- Joël de Rosnay, “Increase of complexity of Internet interfaces and the Darwinian process of selective stabilization of Internet nodes”. Summary of presentation, Global Brain Workshop, Brussels (July 4, 2001).

5- Jean-Pierre Changeux, Philippe Courrège, and Antoine Danchin, “A Theory of the Epigenesis of Neuronal Networks by Selective Stabilization of Synapses”. Proc. Nat. Acad. Sci. USA, Vol. 70, No. 10, pp. 2974-2978, (October 1973).

6- Tim Berners-Lee, “The World Wide Web - Past, Present and Future, Journal of Digital Information”. Vol 1, No 1 (1997).

7- Joël de Rosnay : « Surfer la vie. Comment sur-vivre dans la société fluide ? » (éd. Les Liens qui Libèrent, LLL, 2012)

8- Richard Dawkins,“The Selfish Gene”. New York City : Oxford University Press, (1976).

 


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116 réactions à cet article    


  • Jason Jason 3 novembre 2012 17:40

    Parler de l’ADN d’Internet reviendrait à dire aussi que le cosmos aurait un ADN. Internet est plutôt une nébuleuse, et non un esemble aussi structuré que l’acide en question.

    Je crois que vous vous égarez avec vos visions farfelues.


    • Romain Desbois 4 novembre 2012 10:18

      Même si la métaphore est très crédible, je crois que l’on fait du biomorphisme.

      Par contre , je crois que l’informatique et internet est en train de changer notre cerveau. Car nous ne faisons plus fonctionner les mêmes zones. Par exemple notre mémoire ne s’encombre plus de tas de choses qu’internet nous livre à la demande.

      C’est le propre de la machine de nous seconder. Déjà le savoir faire manuel ne se transmet plus, l’on ne sait plus compter de tête déjà pour beaucoup d’entre nous. L’écriture manuscrite va rejoindre l’art de la calligraphie. Qui se souvient des machines à écrire, ces objets magnifiques.

      La photographie, l’écrit, nous vivons une révolution extraordinaire ! Peut-être la plus importante de l’histoire de l’humanité.

      Les aveugles verront, les paraplégiques remarcheront. Ce n’est plus de la science-fiction 2000 ans plus tard.

      Certes il y a des côtés plus inquiétant à ces changements.
      Celui qui me préoccupe le plus, c’est la conservation des choses. La dématérialisation fait déjà des dégâts (j’évoquais la photographie par exemple).
      Si nous n’arrivons pas à pérenniser nos archives, nos œuvres d’art, nous allons aller vers une société sans mémoire , sans souvenir ; vers une société de l’instantané.

      L’expérience d’Agoravox démontre bien le rythme que cela impose, un article ne vit que 24 h (et encore ça dépend du jour et de l’heure où il parait).

      A ce propos on gagnerait beaucoup de temps si l’on pouvait marqué les commentaires comme lus (le nombre de fois que je relis et rerelis les commentaires lorsque je veux savoir si il y en a des nouveaux à lire !!!!!)

      Nous voyons aussi que le net peut-être aussi le lieu d’abus de pouvoir (la liberté n’existe pas , seule existe la longueur de la chaine).
      Preuve que le net est aussi le reflet de la société et surtout que l’on n’est pas près pour l’anarchie (qui suppose que l’on est capable de s’auto-gérer, que la peur du gendarme n’est plus nécéssaire).


    • julius 1ER 3 novembre 2012 17:58

      internet est et sera le reflet de ce que veulent les citoyens internautes s’engager plus dans les luttes pour un monde plus solidaire, ou bien un simple outil de travail et de loisirs, il peut élever les consciences mais aussi figer les gens dans leurs dogmes et leurs certitudes, ce pourrait-être un instrument de lutte formidable mais pour l’instant à mon avis il n’a pas passé le cap de la maladie infantile, mais il ne faut pas desespérer avant d’arriver à l’age adulte il y aura des pas en avant mais aussi de nombreux pas en arrière, c’est la genèse de l’apprentisssage !


      • Romain Desbois 4 novembre 2012 10:24

        Ave Julius

        Vous avez raison
        heu pardon je voulais écrire « je suis d’accord avec vous ».

        Internet est un outil formidable qui mis entre les mains d’être malveillants peut se révéler « diabolique ».

        Comme tous les outils d’ailleurs, c’est l’utilisateur qui est responsable de son usage.

        Lapalissade ? oui mais utile de le rappeler dans ce monde où le poujadisme s’accroit.


      • jean-marc R jean-marc R 5 novembre 2012 14:36

        Et que pensez vous de « luciferien » plutôt que "diabolique comme adjectif ?


      • jacques jacques 3 novembre 2012 18:12

        L’Iran l’a montré ,l ’internet mondialisé disparaitra en petit internet autonome avec des passerelles relevables à volonté et filtrable.Quand les premières crises via internet se montreront chaque pays se protégera en coupant les liaisons.Déjà et c’est accepté de tous les grandes entreprises ont un intranet plus ou moins étanches à internet et ça marche.


        • rocla (haddock) rocla (haddock) 3 novembre 2012 19:14

          Internet est un genre d’ auberge espagnole mondiale , on y lit ce qu’ on y écrit . 


          • Antoine Diederick 4 novembre 2012 19:38

            oui, nous y lisons ce que nous y écrivons....c’est exact....

            il y a un truc réflexif sur Internet...

            ce que nous devrions nous demander :« Qu’est-ce qu’Internet m’a apporté ? »


          • rocla (haddock) rocla (haddock) 4 novembre 2012 19:55

            Salut Antoine , 


            Internet apporte beaucoup , ne serait-ce que la formulation par écrit de 
            ce qu’ on pense , la connaissance des autres formes de pensées que 
             les siennes , la surprenante lecture de certaines réactions etc ...

          • Antoine Diederick 4 novembre 2012 21:02

            Bonsoir Rocla,

            Internet apporte bcp, je suis bien d’accord . En choisissant bien , cette bibliothèque à ciel ouvert, c’est Alexandrie reconstituée....et les internautes doivent en prendre soin....


          • Surya Surya 3 novembre 2012 21:28

            Toutes ces notions sont nouvelles pour moi et donc il me faudra les assimiler, les digérer.

            Juste un point de détail qui m’éloigne totalement du sujet de votre article, mais qui m’a interpelée :

            "le comportement humain (et animal en général) peut moduler l’expression des gènes. En effet, ce comportement (alimentation, exercice, management du stress, relations sociales, réseaux social et familial, plaisir…), conduit à la production dans les cellules d’un certain nombre d’activateurs ou d’inhibiteurs, jouant le rôle d’interrupteurs chimiques qui vont éteindre, allumer, augmenter ou diminuer l’expression de certains gènes. Un processus fondamental dans la prévention de maladies, le maintien d’une bonne santé, le ralentissement du vieillissement.« 

            Avoir connaissance de ces facteurs est indispensable, et il est en effet très important que nous adoptions une hygiène de vie plus »healthy« . Cependant, ne risquons nous pas, à l’avenir, et sans même nous en rendre compte, de devenir encore plus tournés vers nous même, encore plus égocentriques, encore plus égoïstes en ceci que, partant du principe que les six facteurs que vous avez énoncés influent de façon directe sur notre métabolisme si nous les »manageons" de façon positive, cela aura pour conséquence que le moindre de nos choix de vie, toute notre attitude vis à vis de la société et de nos relations sociales, tous nos comportements, n’auront un jour plus d’autre but que produire un effet positif sur notre propre organisme ? Car il est impossible dans ces conditions d’ajouter l’altruisme comme septième facteur de modulation de l’expression des gènes, car ce serait lui ôter alors tout son sens. Je ne sais pas si je suis arrivée à me faire comprendre, c’était pas facile à exprimer. 


            • Joël de Rosnay 5 novembre 2012 11:13

              Surya, vous posez une question très intéressante : celle de l’égoïsme face à la gestion de sa santé. Tout concentrer sur soi sans penser aux autres. En réalité, appliquer une hygiène de vie qui préserve la santé et ralentit le vieillissement, a un impact sur les autres : sa famille, son entourage professionnel, le monde, car une vie plus frugale, préserve les ressources alimentaires et favorise leur partage.

              Dieta en Grec, d’où vient diététique, veut dire « art de vivre ». Changer son mode de vie nécessite des valeurs « altruistes », telles que le respect de l’autre, de la diversité, de la responsabilité individuelle et collective, l’empathie... Et puis manger « positivement » c’est aussi voter tous les jours pour la protection de l’environnement. Si chacun recherche un effet positif sur sa propre santé, tous en bénéficieront à terme, ne serait-ce que sur la réduction des déficits de la sécurité sociale. La prévention n’est pas la privation !


            • Antoine Diederick 5 novembre 2012 22:12

              a Surya

              perso, je nomme cela « écologie de l’esprit » ....

              l’écologie pourrait réifier la Nature, l’industrie le fait déjà, c’est un travers , un danger....

              Donc, il va falloir repenser notre rapport à la Nature ....

              Pour faire le petit curé : l’Eglise parle plus d’écologie de l’Homme, sans doute anticipe-t-elle les grands changements à venir.

              Bon, je crois qu’il faut aller lire les liens que l’auteur a mis en référence....je très vite parcouru , c’est intéressant vraiment....( je sais, je suis un frotte manche....un cireur de pompe etc smiley )


            • eau-du-robinet eau-du-robinet 3 novembre 2012 22:50

              Bonjour Joël,

              Introduction :
              D’abord un homage à vous et votre frère Arnaud de Rosnay pour avoir participé activement à l’introduction de la planche à roulette (Skateboard) en France, dès 1963. Vous avait fait la promotion du « roll surf » dans la presse et organisé les 1ers Championnats de France à Hossegor avec vos amis surfeurs en 1965. Puis en 1966 vous et votre frère avait organisé la compétition au Trocadero à Paris dont votre frère devient le premier champion français. smiley

              Parlons de l’ADN de l’internet :

              Début de citation
              En d’autres termes, est-il possible que les internautes ou les entreprises (séparément ou ensemble) réussissent à imposer une multi gouvernance d’Internet ?
              Fin de citation

              Nous sommes à des années de lumières d’un internet démocratique.

              Avant la création du World Wide Web internet été un réseau militaire américain crée pendant la période de la guerre froide qui avait pour fonction en cas d’attaque Russe, d’assurer acheminement des informations même si l’un ou plusieurs sites et lignes de connexion venait à être détruit, .... les messages parviendraient à leur destinataire par des itinéraires alternatifs.

              C’est le départ de la dominance américaine sur les autoroutes d’informations, le réseau mondial Internet.

              OUI (Google/Apple/Facebook/Amazon) exercent un pouvoir énorme sur le monde.

              Mémé si le World Wide Web est une « invention » Européenne ceci na rien change sur l’avance des américains voire le contrôle sur les inventions importantes.

              Les États Unis poursuivent une politique impérialiste et ceci est aussi valable sur la dominance technologique. Et si les américains n’ont pas d’avance comme celle de l’invention de la carte à puce inventé par le français Roland Moreno... les américains emploient tous les moyens (même pas très catholique) pour obtenir (acquérir) ses technologies.

              GEMPLUS une société Française, fleuron de la technologie de la sécurité des cartes à puces (par exemples les cartes bancaires) est passé sous contrôle américaine via l’intervention des agents de la CIA .... Affaire Gemplus

              Quand on regarde ce qui est passé avec GEMPLUS il me semble très improbable de modifier l’ADN d’Internet avec l’épigénétique.

              Mais il y aussi les noms de domaines qui sont sous contrôle américaine. Un pouvoir non négligeable !

              AU NIVEAU MONDIAL
              Les structures les plus fondamentales d’Internet sont sous le contrôle de l’Icann, l’Internet corporation for assigned names and numbers. Cet organisme a un statut particulier, puisqu’il s’agit d’une société à but non lucratif, soumise au droit californien. Composé de nombreuses commissions, qui gèrent des problématiques structurelles, l’Icann encadre notamment les noms de domaine ou le fonctionnement des adresses IP (Internet Protocol, les « adresses » de machines et de sites sur le réseau).

              La gouvernance de cet organisme stratégique fait l’objet de nombreux débats : plusieurs pays lui reprochent notamment la sur-représentation des Américains dans les différentes commissions. L’Europe et la Chine, notamment, demandent depuis plusieurs années une plus grande ouverture dans la gestion de la fonction Iana, la « racine » d’Internet, qui gère par exemple les noms de domaine en .com. Le pouvoir de l’Icann est fondamental, puisque l’organisation peut suspendre des noms de domaines entiers, comme elle l’avait fait pour le .iq irakien ou pour le domaine afghan.

              Bien cordialement ...


              • Joël de Rosnay 4 novembre 2012 16:43

                Merci d’abord pour cet hommage à mon travail et à mon frère Arnaud, disparu en mer de Chine en 1984. D’accord pour les risques que vous citez. J’en suis bien conscient. Une vraie démocratie sur Internet prendra du temps car nous sommes déjà « sous contrôle » et vous en donnez des exemples pertinents. J’espère que ce type d’article et la prise de conscience collective des « pronétaires » (ceux qui sont pour et sur le Net) fera évoluer l’épigénétique d’Internet ! « Pronétaires de tous les pays : unissez vous » ! smiley 


              • Leo Le Sage 5 novembre 2012 23:43

                @Par eau-du-robinet (xxx.xxx.xxx.98) 3 novembre 22:50
                Vous dites : "GEMPLUS une société Française, fleuron de la technologie de la sécurité des cartes à puces (par exemples les cartes bancaires) est passé sous contrôle américaine via l’intervention des agents de la CIA ...." [...]

                Pas du tout.

                Moreno n’était pas un visionaire, il ne pouvait pas comprendre que cela susciterait des convoitises et il n’est pas un homme d’affaires avisé.
                Avec ces seuls défauts, il ne pouvait que perdre son entreprise.

                NB : comme il y a quelques idiots utiles sur agoravox, je rappelle qu’on peut être un excellent inventeur et ne pas être un visionnaire.

                Vous dites : « Mais il y aussi les noms de domaines qui sont sous contrôle américaine. Un pouvoir non négligeable ! » [...]

                Pas du tout.
                Les noms de domaines sont sous le contrôle d’organismes habilités comme l’ICANN pour les USA, l’internic pour le monde.
                Comme tout premier arrivant qui se respecte, ils prennent ce qui est sous leur yeux.
                Ce qui est vrai et que vous ne dites pas c’est que l’essentiel d’internet passe par le japon et les USA et de ce fait ils peuvent donc bloquer ce qu’ils veulent.
                Enfin, si les USA ont les serveurs racines sous leur contrôle c’est normal dans le sens où comme je l’ai dit plus haut, ils étaient les premiers.
                Comme le font les enfants, je vous dirais : « Ben il fallait être là avant moi... »

                Vous dites : « l’Icann encadre notamment [...] le fonctionnement des adresses IP »
                C’est quoi ce délire ?
                Ce que fait l’ICAAN c’est éviter les vols d’adresse IP comme tout organisme qui se respecte.
                On sait que tel plage d’adresse appartient à tel organisme et c’est tout. C’est normal.
                Malgré l’arrivée de l’IPV6 cet encadrement, pour reprendre votre expression, est utile.
                C’est le contraire qui aurait été inquiétant.

                 
                Cordialement

                Leo Le Sage
                (Personne respectueuse de la différence et de la pluralité des idées)


              • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 4 novembre 2012 01:33

                Article assez brillant mais significatif du syndrome de « l’intellectuel français » consistant à proposer une métaphore (ici présenter l’Internet comme si c’était un organisme biologique), à broder un joli motif sur cette trouvaille, puis à oublier... que ce n’est qu’une métaphore. Ce qui conduit tout de même un peu à confondre science et littérature, ou pour le dire autrement à faire de la « patascience ». 


                • Romain Desbois 4 novembre 2012 10:30

                  Gaspard

                  Je suis assez d’accord et puis en fait je me dis que l’on a trop tendance à penser que nous ne sommes pas que des machines « qui pensent ». La biologie , c’est de la chimie, de la mécanique.

                  Ca heurte beaucoup de gens et particulièrement les croyants mais moi je pense que nous ne sommes que des machines ultra perfectionnées que la nature adapte encore et encore de manière empirique et pragmatique.

                  En cela je suis un darwiniste invétéré .


                • L'enfoiré L’enfoiré 6 novembre 2012 09:47

                  Absolument. Jouer avec les mots comme aime le faire les Français, n’apporte que des appréciations qui s’écartent très vite des réalités de terrain.

                  Quand j’ai vu les titres de chapitres de ce billet, j’ai ressenti très fort cette perversion qui survolent les sujets en manquant de terre-à-terre.
                  Un américain utilise des phrases courtes sans décoration mais qui font rêver l’auditoire.
                  Le français ajoute le décorum. 

                • ddacoudre ddacoudre 4 novembre 2012 01:59

                  bonjour joël

                  L’objet de cet article est de tenter de répondre à cette question : l’ADN d’Internet est-il modifiable de l’intérieur ? Ou existe-t-il une épigénétique d’Internet ?

                  je crois que la neuroscience à répondu d’une certaine manière a cette question. des études ont démontré que les neurone avaient la possibilité de déplacer leur ADN et donc d’avoir un génome flexible et également d’en produire de nouveau qui dopent l’apprentissage et de leurs activités sortent des décisions avant que nous les prenions, ce qui limite de fait notre libre arbitre, et un tel agencement d’internet conduirait à engendrer des décisions qui ne seraient pas celles de notre libre arbitre, mais celles d’une organisation complexe semblable à celle neuronale dont elle ne peut qu’être le produit.
                  cordialement.ddacoudre.over-blog.com.


                  • L’immigré 4 novembre 2012 05:19

                    Avouons-le : bien qu’il me paraît intéressant, je n’ai pas vraiment lu l’article (je l’ai survolé)...

                    Chacun sait que l’ADN est une structure moléculaire. Si on devait transposer cela à Internet, cela signifierait qu’Internet est une structure physique.
                    De mon point de vue, Internet n’est pas qu’infrastructure (au sens physique de ce mot), mais, aussi une structure logique (logiciels et données). De plus, il est en perpétuelle mutation contrairement, il me semble, à l’ADN qui mute lentement dans des conditions normales.

                    On peut aussi dire qu’Internet est une sorte de cerveau, comparativement au cerveau humain, les neurones étant chaque ordinateur et même chaque smartphone utilisant Internet est un neurone. Les échanges biochimiques montrant, entre autres, l’activité neuronale sont la donnée, sous forme de bits, dans Internet. Les synapses seraient, transposés à Internet, les câbles réseaux. L’intelligence d’Internet semble être l’infrastructure logique (système et applications). Et, l’âme d’Internet ? Les utilisateurs ? Why not ?

                    Le cerveau humain est, je pense, un centre de décision. Internet l’est-il ? Bonne question. Si quelqu’un veut bien se donner la peine de répondre, voire même de soulever le débat.
                    Le cerveau humain est formaté par son environnement (psychologie, sociologie, économie, technologie, etc.) qui, en quelque sorte, le détermine dans son système de pensée. Que dire d’Internet ? Jusqu’à quel point son environnement le détermine-t-il ? Ici aussi, que quelqu’un veuille bien se donner la peine de soulever le débat.

                    Peut-être suis-je (un peu) hors-sujet... J’en suis navré si c’est le cas.


                    • Romain Desbois 4 novembre 2012 10:38

                      Le net est peut-être le premier pas vers la possibilité de créer du vivant autrement que ce que nous pouvons déjà faire aujourd’hui (et on progresse très vite dans les découvertes).

                      Peut-être qu’un jour nous vivrons la « controverse de Valladolid » sur le thème : « les machines ont-elles une âme » ?

                      Pour cela il faudrait savoir vraiment ce qu’est une âme, une conscience.
                      Chose que l’on dénie encore aux autres animaux.

                      Personnellement je penche pour la version : âme/conscience = clé USB.

                      Une alliance géniale de chimie et d’électricité.

                      Bon , je retourne sur mon bûcher ... smiley


                    • L'enfoiré L’enfoiré 4 novembre 2012 10:49

                      « (un peu) hors-sujet »


                      Non, nous y sommes en plein. Un peu (trop) général, peut-être.
                      Que dire de votre commentaire.
                      Internet est une structure tout à fait physique. C’est du matériel qui se parle et communique.
                      L’ADN se modifie peut-être plus vite que vous le pensez.
                      L’homme que nous sommes, mute en permanence dans une vie.
                      Par son éducation, ses obligations, par son entourage.
                      En fin de vie, il n’aura pas les mêmes structures physiques, ni morales, ni parfois idéologiques.
                      Sa structure visible de extérieure ne sera pas la même non plus.
                      Si ses gênes ont été transmis dans sa succession, ils ont été modifiés.
                      Oui, Internet devient de fait un centre de décision par son influence.
                      Liszt ne connaissait pas Internet, bien sûr. Mais en fin de vie, de pianiste, il s’est transformé en religieux, parce qu’il y trouvait son intérêt financier, et parce qu’il était, comme beaucoup, à l’apogée de son succès dans le public. D’où sa reconversion.
                      Internet est tout autant restructuré par son environnement.
                      Le problème, c’est qu’il s’est souvent transformé en une foule de minitel et que l’extension vers la terre entière a été arrêté par la méconnaissance d’un langage commun.
                      Donc, l’influence est devenue locale.
                      Combien de rédacteurs sur cette antenne ont sorti des articles sur des endroits de la terre où ils n’ont jamais mis les pieds pour vérifier les dires d’autres personnes ?
                       


                    • Romain Desbois 4 novembre 2012 12:16

                      L’enfoiré

                      Très intéressant votre commentaire.

                      En tant que militant de l’espéranto depuis 30 ans je ne peux que vous suivre dans votre réflexion.

                      Mais je pense que les choses se mettent en place. Remarquez içi même sur Agoravox, les aveugles peuvent déjà entendre les articles.

                      J’ai entendu récemment que les Japonais avaient diffusé une application sur téléphone portable qui permet d’entendre en Japonais une conversation en anglais.

                      Je crois que c’est la mort de l’espéranto mais c’est une invention géniale que j’attends depuis longtemps.

                      Et j’ai hâte vraiment que l’on réussisse à faire la même chose avec le langage des autres animaux. Cela changerait nos rapports avec eux.
                      Mon rêve d’être un docteur Doolitle serait enfin réalisé.


                    • L'enfoiré L’enfoiré 4 novembre 2012 13:23

                      Salut Romain,

                      « Très intéressant votre commentaire. »

                      Merci, l’intérêt est toujours proportionnel aux moinssages sur cette antenne, si vous n’avez pas remarqué. Normal. Quand on ne sait que dire, qu’on ne comprend pas, il vaut mieux moinsser. smiley

                      « En tant que militant de l’espéranto depuis 30 ans je ne peux que vous suivre dans votre réflexion. »

                      J’ai appris les bases de l’esperanto. Cela ne veut pas dire que je suis devenu esperantiste. Pour deux raisons que j’ai déjà exposé quand Krokodilo publiait un article. J’aime la construction des mots comme des poupées riusses ou le lego. Mais,l’esperanto n’est pas allé assez loin jusqu’au niveau du phonème. Ce qui a obligé à augmenter le nombre de lettre plutôt que les diminuer.

                      « sur Agoravox, les aveugles peuvent déjà entendre les articles. »

                      Exact. Mais cela ne se fait pas encore après traduction.

                      « ...une application sur téléphone portable qui permet d’entendre en Japonais une conversation en anglais. »

                      Là, cela commence à m’intéresser.

                      « Mon rêve d’être un docteur Doolitle serait enfin réalisé »

                      Avant (ou en même temps), il faudrait déjà que les hommes se comprennent entre eux, pas uniquement avec des mots, mais entre idéologie.

                      Dernière phrase pour remettre notre discussion en liaison avec le billet de l’auteur. smiley


                    • Romain Desbois 4 novembre 2012 16:09

                      ave l’enfoiré

                      Oui même en parlant la même langue , on a des fois du mal à se comprendre.

                      Et dans comprendre il y a prendre smiley


                    • L'enfoiré L’enfoiré 4 novembre 2012 16:39

                      Je conseille d’aller voir cette vidéo avec comme invité l’auteur.
                      Je prépare ma réponse et mon commentaire que je n’apporterai pas ici.


                    • Joël de Rosnay 4 novembre 2012 17:16

                      Vous êtes en plein dans le sujet ! L’épigénétique en biologie ne conduit pas à des mutations de l’ADN, mais à une modulation de l’expression des gènes. Certains sont activés, d’autres inhibés, en fonction, notamment, de notre comportement (exercice, nutrition, management du stress, plaisir, réseau social et familial).

                      Le but de mon article est d’ouvrir la voie vers des réflexions sur une possible « épigénétique d’Internet ». Comment les actions des internautes, des sollicitations extérieures, des mouvements psycho-sociologiques de masse, peuvent modifier les programmes globaux de fonctionnement de cet écosystème informationnel.

                      Le cerveau n’est pas un centre hiérarchique de décisions. Il est « fluide ». Intégré au corps. Il répond, par exemple, à des hormones gastriques et il existe 100 millions de neurones dans l’intestin. Il n’y a pas de « centre hiérarchique » de décision dans Internet. ce réseau est « fluide » comme le cerveau et s’adapte en permanence par reconfiguration de ses « synapses ». Voyez dans mon article, la référence de ma conférence donnée en 2001 au Global Brain Group.

                      Enfin, quand à la question de savoir si Internet, à partir d’un niveau de complexité très élevé peut devenir « conscient de lui même », je vous renvoie à deux de mes livres dans lesquels j’aborde ce thème : « L’homme symbiotique » (1995) et « Et l’homme créa la vie » (2010), en espérant que vous trouverez des réponses à vos questions.


                    • Romain Desbois 4 novembre 2012 22:29

                      Joel

                      Merci pour vos conseils de lecture smiley
                      Je m’y replongerai volontiers.

                      Je crois que le débat ne doit pas s’orienter sur « la poule ou l’oeuf », car il s’agit certainement d’inter-action qui j’en suis convaincu parviendra à une symbiose entre le biologique et la machine.

                      Nous ouvrons seulement la porte actuelement et vous avez excellemment contribué à cela.


                    • Denzo75018 4 novembre 2012 08:12

                      L’ADN de l’auteur de cet Article n’a-t-il pas été un peu trop modifié !????


                      • L'enfoiré L’enfoiré 4 novembre 2012 09:58
                        1. Comparons Internet au réseau de neurones. Y a-t-il tellement de différences dans l’organisation ?
                        Quand certains neurones commencent à fatiguer, que ce passe-t-il ? D’autres arrivent à la rescousse. 
                        Sur Internet, il y a la propagande en plus. Les idéologies qui se retrouvent dans les fonctionnalités particulières des neurones. Les mutations sont plus rapides, parois plus raisonnées, moins darwiniennes. Mais à part cela ? L’épigénétique par associations proches peut accélérer tout autant l’évolution. 
                        Tout dépend comme il est dit de la portée des notes de la partition et du chef d’orchestre qui devra pour faire passer son message être charismatique et avoir une dose de psychologie.
                        La nature teste tout et n’importe quoi pour trouver le bon chemin de son progrès.
                        Elle a des échecs et donc laisse des chaînons manquants.


                        • L'enfoiré L’enfoiré 4 novembre 2012 10:04

                          2. Internet, un cerveau planétaire fluide


                           Ce cerveau planétaire pourrait-il conduire à la modification de l’ADN d’Internet en affectant les aspects scientifique, technique, culturel, politique et économique de cet immense écosystème informationnel ? Si oui, qui agit, comment, et avec quels moyens d’amplification ?

                          Réponse : par tous, la propagande, le mensonge, la prise d’informations partielles, la malversation et heureusement parfois, par la volonté de bien faire.

                        • L'enfoiré L’enfoiré 4 novembre 2012 10:14

                          3. GAFA, nouveaux maîtres du monde ?


                          YES. Absolutely.
                          Le Cloud est l’arme absolue.
                          Il y avait les processus qui étaient à l’origine dans les mains considérées comme privilégiées.
                          Avec le Cloud ce sont les données qui le deviennent, transmisent dans les nuages qui bougent avec le vent.
                          Par facilité (pas besoin de les sauver), l’utilisateur est devenu l’esclave d’un maître dont il ne connait pas les buts. Il confie ces données, son know how à une force occulte qui en fera ce qu’elle voudra ou qu’elle laissera faire par sa propre incapacité de se prémunir.
                          Les forums ne sont d’ailleurs pas mieux. L’antenne sur laquelle on se trouve, reliée à Cybion, si cela ne vous dit rien, je peux expliquer.
                           

                        • L'enfoiré L’enfoiré 4 novembre 2012 10:21

                          4. Des rapports de force aux rapports de flux


                          « Les mouvements les Indignés, Occupy Wall Street, le Printemps arabe et le Printemps érable… ont prouvé leur efficacité et affiché leur détermination. »

                          Ah, bon. En êtes-vous si sûr. Nous sommes passé d’un paradigme à un autre et nous avons un peu trop peu de recul pour nous rendre compte de ses aspects secondaires, qui comme sur toutes posologies, sont écrits en petit. 
                          Wikileaks et le populisme. Tout un programme de réflexions. Les corbeaux modernes.
                          Comment résister ?
                          Cela me rappelle un de mes billets « Etes-vous auto-immune ou polythéistes ? »

                        • Antoine Diederick 4 novembre 2012 20:58

                          à Enfoiré,

                          euh oui....

                          il y a le bon maître invisible et le mauvais maître de passage....( ici pas d’allusion particulière ) sinon qu’il faut considérer qu’il y a de cela.

                          Le cloud est une image poétique pour un usage très trivial....or le propre de la poésie est de nous faire accéder aux continents perdus de nos imaginaires....


                        • crazycaze 4 novembre 2012 11:40

                          Dans une conception probabiliste de l’épigénèse, il faut s’attendre aussi à ce que des modifications soient la conséquence de nouvelles opportunités ou contraintes offertes par l’environnement, mais aussi, conformément à la théorie générale des systèmes dynamiques, àl’existence de points de rupture, à de sauts qualitatifs. Quelles en seraient les formes ? L’existence de nouveaux systèmes, de nouveaux réseaux, parallèles et concurrents à ceux du GAFA mais animés par une éthique différente, avec la possibilité pour chacun de ses membres de contrôler l’utilisation qui est faite de leurs informations personnelles, de pouvoir s’assurer de l’identité de ceux qui visitent leurs pages/sites et leur usage des informations auxquelles ils accèdent, ou une révolution informatique qui rendrait internet obsolète... 


                          • Joël de Rosnay 5 novembre 2012 11:43

                            Crazycaze, vous avez raison de faire appel à la dynamique des systèmes complexes. Il peut y avoir des ruptures, des sauts quantitatifs et qualitatifs, émergence de propriétés nouvelles dans l’évolution d’un système complexe. Internet n’y échappe pas. GAFA contient les germes de sa propre modification épigénétique par les usagers. Ou de sa propre destruction ! Avec un remplacement (ou plutôt une complémentarité) par, ou avec, de nouveaux réseaux co-régulés par les utilisateurs eux-mêmes. Pour le moment cette évolution paraît encore bien utopique...


                          • Antoine Diederick 6 novembre 2012 19:55

                            bien possible qu’apparaissent des réseaux privés / fermés-ouverts / co-régulés....


                          • rocla (haddock) rocla (haddock) 4 novembre 2012 11:42

                            Faut bien que l’ épigénèse de passe ... smiley


                            • herbe herbe 4 novembre 2012 13:17

                              Merci pour cette réflexion.


                              Un article de wikipédia comme porte d’entrée au concept de Cerveau global peut-être utile par sa synthèse :
                              On vous y retrouve cher auteur cité ainsi que Howard Bloom que j’aime bien aussi.

                              En tout cas merci à vous de pondérer une certaine vision « optimistico béate » en exposant des risques bien réels hélas...

                              • Joël de Rosnay 4 novembre 2012 17:27

                                Merci Herbe d’avoir rappelé le travail fait dans le monde sur le « cerveau planétaire », le MOP (macro-organisme planétaire), ou le Global Brain.

                                C’est d’ailleurs la mission principale du Global Brain Institute, GBI (http://globalbraininstitute.org) que de faire des recherches sur ces grands thèmes pluridisciplinaires, avec des mathématiciens, informaticiens, sociologues, neurobiologistes, généticiens... 

                                Le sujet de mon intervention au séminaire du GBI le 7 décembre à Bruxelles, portera justement sur « Internet epigenetics »


                              • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 20:00

                                @herbe

                                Nan nan nan, un internaute (un humain quoi...) ce n’est pas un neurone dans un « cerveau global ».


                              • Antoine Diederick 4 novembre 2012 20:49

                                a J-M,

                                pas si simple....sur le cerveau collectif...


                              • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 20:54

                                Rien n’est simple, tout est compliqué voire complexche  ;) 

                                Mais il y a des fondamentaux à ne pas oublier.

                                Et là il y en a au moins 3 d’oubliés :
                                -la mise en avant fantaisiste et douteuse de GAFA
                                -l’emp^loi du terme hacker indéfendable car je ne le crois pas ignorant à ce point
                                -et l’oubli de Humanité&Humanisme&Individualité écrasé par cette globalité « théorique ».


                              • citoyenrené citoyenrené 4 novembre 2012 13:53

                                @ l’auteur,

                                merci pour cet article très intéressant,

                                ne connaissant pas assez l’épigénétique pour être pertinent sur le sujet d’une épigénétique d’internet, je n’étalerai que des platitudes

                                "une épigénétique d’Internet pourrait-elle assurer un co-contrôle, une co-régulation par les « utilisateurs neurones » d’Internet ? Et ces modifications épigénétiques, découlant du comportement des internautes, pourraient-elles avoir des effets positifs pour la démocratie, les libertés humaines et l’avenir de l’humanité ?« 

                                et bien je dirais que les rapports transversaux permis par internet se répandront lentement mais »naturellement« aux entreprises, aux sociètés, aux systémes politiques, en aménageant, améliorant l’organistation pyramidale, par les lents mécanismes que sont les évolutions des états d’esprit collectifs

                                pour le co-contrôle, la co-régulation, »oui", mais se posera peut-être la question de ’qui a la main sur l’interupteur ?’ outre le GAFA

                                article très poussé, à lire et à relire pour arriver au niveau de compréhension utile du texte,
                                merci


                                • Joël de Rosnay 4 novembre 2012 17:33

                                  Merci Citoyenrené pour votre commentaire positif et constructif.

                                  Sur les thèmes développés dans cet article, je donne plus de détails dans mon dernier livre « Surfer la vie » (www.surfelavie.com). Désolé pour la pub, mais il sera bientôt téléchargeable gratuitement sur Internet, comme trois de mes récents livres qui le sont déjà :

                                  www.scenarios2020.com

                                  www.pronetaires.com

                                  www.hommecreavie.com

                                   


                                • Antoine Diederick 5 novembre 2012 22:03

                                  bon, ben, faut aller lire tout cela, merci, encore du boulot en plus ..... smiley

                                  je crois me souvenir qu’il y à même des chercheurs qui essayent de crée des processeurs basé sur des cellules animales pour traiter de l’information, société israéllienne je crois...


                                • Antoine Diederick 4 novembre 2012 17:26

                                  l’analogie qui fait partie du mode de réflexion Thomiste suite à la pensée d’Aristote pourrait connaître quelques limites épistémologiques...toutefois, vous reprenez une vieille idée qui m’avait jeune blanc-bec, séduit : « Nos pensées et nos pratiques modifient-t-elles notre code génétique et si oui transmettons-nous à nos descendants ces modifications biologiques ? »

                                  C’est dans le monde de la psychologie et des neuro-sciences qu’est apparue cette hypothèse.

                                  Ce qui est intéressant, c’est de conduire cette réflexion dans le monde de la santé et des sciences sociales. Un questionnement est né à ce sujet dans la réflexion autour de la carcinogenèse par exemple.

                                  Autour du modèle biologique il y aurait électricité, substances chimiques etc....comme transmetteurs intelligents. A partir de là, la notion de flux est intéressante.

                                  En psychologie, il serait possible de penser qu’un changeant de comportement et en innovant avec de nouveaux habitus il y a changement de matière et de substance....

                                  etc....

                                  Maintenant comment faire le lien entre le vivant et la construction technique...celle d’un art partagé en somme....


                                  • Antoine Diederick 4 novembre 2012 17:35

                                    il me vient à l’esprit l’image du signe du Verseau, l’échangeur de « fluides »....


                                    • Antoine Diederick 4 novembre 2012 17:42

                                      Habitus chez Bourdieu :

                                      « [...] l’habitus est le produit du travail d’inculcation et d’appropriation nécessaire pour que ces produits de l’histoire collective que sont les structures objectives (e. g. de la langue, de l’économie, etc.) parviennent à se reproduire, sous la forme de dispositions durables, dans tous les organismes (que l’on peut, si l’on veut, appeler individus) durablement soumis aux mêmes conditionnements, donc placés dans les mêmes conditions matérielles d’existences. » Pierre Bourdieu, Esquisse d’une théorie de la pratique, p. 282.

                                      etc....

                                      Source Wikipédia.


                                      • Antoine Diederick 4 novembre 2012 18:07

                                        Je pense qu’il faudrait aussi écrire sur Internet et pensée totalisante ainsi que sur Internet / contrôle social...pour faire écho ici à ce qu’écrit Eau-du-robinet.

                                        Pour dire, la tentation du tout Internet....


                                        • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 19:13

                                          Vous allez mal le prendre si vous me lisez, vous êtes si fier, mais je trouve que vous avez pris un petit coup de vieux Joel de Rosnay, à l’instar de Edgar Morin, ou de Patrick Viveret par exemple...

                                          Oh, rien de bien méchant, un assoupissement neuronal, une baisse des sécrétions hormonales nécessaires aux inventions-indispensables pour Net et Société, un sens des compromissions qui vous fait caresser par le verbe les virus des palais qui tentent de faire muter avec force violence l’Adn d’internet car ils ont compris que leurs piètres positions et monopoles sont incompatibles avec cet Adn là et son expression phylogénétique presque naturelle pourrait ’ont dire.

                                          GAFA désigné aussi ostentatoirement comme principal danger pour l’expression de l’Adn d’internet ne vous flatte pas.

                                          Comme ne vous flatte pas l’emploi du mot « hacker » au mauvais endroit et de la mauvaise manière...

                                          Mais c’est aussi votre force notez bien, que d’être normé flirtant avec les hors normes. Cela vous a permis de surfer, sans risquer de tomber de la planche, et de réaliser 2 ou 3 choses...

                                          A votre âge, peut être, enfin, est il temps à présent de prendre des vrais risques, pour sauver l’ADN d’internet menacé de tous côtés par des manipulations outrancières telles que les pratiqua le Docteur Moreau, avec les résultats que nous savons...

                                          Cordialement.


                                          • Antoine Diederick 4 novembre 2012 19:41

                                            L’Ile du docteur Moreau et 1984, deux bouquins à lire....en effet.

                                            Pour le docteur, c’est ici


                                          • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 20:02

                                            Tout à fait, rajouter Le Léviathan aussi, au hasard hein because c’est complexche, vu que le focus GAFA laisse à désirer !


                                          • L'enfoiré L’enfoiré 4 novembre 2012 20:20

                                            Jean-Marc,
                                             Voilà un commentaire qui pourrait être intéressant. Je suis d’ailleurs étonné que Joël de Rosnay ne saute pas sur l’occasion de relever le gant.

                                            "un petit coup de vieux Joel de Rosnay, à l’instar de Edgar Morin, ou de Patrick Viveret par exemple..."

                                            >>> Absolument. Comme je l’ai écrit plus haut, on change avec le temps. On a plus d’expérience, mais c’est une expérience qui n’a pas toujours les ressorts de l’actualité et qui repose sur ses souvenirs de passé qui n’est plus le même.

                                            On devient de plus en plus vite obsolète de notre temps. On vieillit de plus en plus rapidement et on apprend plus de ses contradicteurs que des applaudissements béats. C’est du moins mon humble avis. Je ne réponds généralement pas beaucoup à la suite des applaudissements.

                                            "Oh, rien de bien méchant, un assoupissement neuronal, une baisse des sécrétions hormonales nécessaires aux inventions-indispensables pour Net et Société

                                            >>>Je vais vous avouer que j’ai été étonné que de Rosnay répondent aux commentaires. C’est nouveau. Est-ce une baisse des sécrétions ou le contraire ?

                                            "un sens des compromissions qui vous fait caresser par le verbe les virus des palais qui tentent de faire muter avec force violence l’Adn d’internet« 

                                            >>>Normal d’après moi. Je ne dirais pas compromissions, mais compromis. Avec l’âge, on n’est plus aussi »agile« mais simplement plus »fragile« . C’est à dire plus susceptible aux solutions médianes.

                                             »GAFA désigné aussi ostentatoirement comme principal danger pour l’expression de l’Adn d’internet ne vous flatte pas.« 

                                            >>>Utilisateur de toutes les lettres, je peux vous dire que le danger est bien là : »être flatté« . Les hackers aiment être flattés. Ils aiment que l’on reconnaissent qu’ils soient utiles.

                                             »... flirtant avec les hors normes. Cela vous a permis de surfer, sans risquer de tomber de la planche, et de réaliser 2 ou 3 choses..."

                                            >>>Hors normes ? Pas si sûr. Pour l’être il faut accepter d’être l’avocat du diable. D’aimer être moinssé, de remonter le courant populiste. Tomber de la planche, je pense savoir ce qui se cache derrière cette remarque, mais je n’en parlerai pas.

                                            "A votre âge, peut être, enfin, est il temps à présent de prendre des vrais risques, pour sauver l’ADN d’internet menacé de tous côtés par des manipulations outrancières telles que les pratiqua le Docteur Moreau, avec les résultats que nous savons..."

                                            >>>YES, il n’est jamais trop tard, mais il est temps.

                                             smiley


                                          • Antoine Diederick 4 novembre 2012 20:33

                                            bof, on ne voit dans le visage de l’autre que sa propre décrépitude smiley


                                          • Antoine Diederick 4 novembre 2012 20:35

                                            bon Enfoiré, il est temps de faire du sport, de respirer, de faire du vélo, du yoga pour réveiller le serpent qui est en toi......l’âge mûr c’est l’écaille du Dragon smiley


                                          • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 21:00

                                            Je ne lui ai pas lancé un « défi » ou un gant, j’ai dis ce que j’avais à dire, simplement, et rapidement, je ne vais pas écrire ici 150 lignes  :) 

                                            Ps. Vous savez tout de même qu’il est impliqué comme facilitateur de Avox je pense. Mais vu son « statut », il doit à présent faire plus. Quand on devient un peu vieux et qu’on ne risque plus grand chose et qu’on en a les moyens, il faut regarder les jeunesses et les soutenir dans leurs rébellions créatives, vu que le contexte est sérieusement décadent et tendanciellement assez inquiétant.


                                          • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 21:00

                                            ... s’adressait à « L’enfoiré »


                                          • Antoine Diederick 4 novembre 2012 21:14

                                            ben, être facilitateur cela a vertu pédagogique et vertu sociale...

                                            mais oui, si l’auteur apparait, c’est qu’il faut bien relancer un peu la machine, bien d’accord, c’est mon sentiment....

                                            dans le fond, peut - être que Cybion devrait organiser de manière ponctuelle les "rencontres Agoravox’, histoire de rassembler les passionnés du site.....

                                            mais c’est une autre histoire, le confort d’un ordinateur utilisé à domicile pourrait en prendre sur les touches à la confrontation du réel smiley

                                            Internet va s’installer dans les usages, si ce n’est déjà fait, à partir de là, la novation qu’il représente risque de perdre de sa fraîcheur et surtout d’être de plus en plus contrôlé....

                                            la révolution a bien eu lieu, maintenant comment va-t-il changer lui-même en changeant nos habitudes etc....c’est un vrai débat.

                                            Comment juger de l’interaction que propose Internet, sa défense etc

                                            l’accès pour tous à Internet devient aussi un débat politique avec des arrières pensées aussi.


                                          • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 21:41

                                            Mmmmh.

                                            Je suis bien plus ambitieux que vous concernant le rôle que doit remplir le net.

                                            Ca tombe bien, on (humains moins les quelques dizaines de milliers de dangereux nuisibles par perversion de l’âme ou simple stupidité carriériste, ici, en France- ollé) en a rudement besoin.

                                            Que « Cybion » organise, ou mieux co-organise, des rencontres IRL qui m’intéressent et intéresseraient des tas de gens j’en suis certain, au plus haut point.
                                            Il y a un homme très relativement lié à tout ça, assez loin, de l’autre côté de la mer, que j’aimerai regarder dans les yeux. Il est l’humanité audacieuse et brillante dans toute sa entièreté, avec ses probables défauts lui aussi  ;)
                                             


                                          • Romain Desbois 4 novembre 2012 22:41

                                            hum perso, bien que 30 ans de moins , j’aimerais avoir ce qui reste de neurones à l’auteur smiley

                                            Il semble que l’humilité proportionnelle à l’intelligence.

                                            Ne dit-on pas que l’on ne peut juger l’intelligence des autres qu’à l’aune de sa propre intelligence ?


                                          • herbe herbe 4 novembre 2012 23:10

                                            @jean-marc R


                                            Au fait tous les sujets peuvent faire débat.

                                            Je trouve ça assez stimulant....

                                          • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 23:27

                                            herbe, j’aime cette idée de coéducation intergénérationnelle.
                                            Mais dans le cadre d’un projet plus large.

                                            En outre, ce n’est pas Joel de Rosnay qui, là non plus, a eu cette idée...

                                            J’ai du respect pour vous Monsieur De Rosnay, mais ce papier m’a fait tiquer. Et vos prudences urbaines me posent questions sur le sens et la force de votre engagement, tenez, concernant les pronétaires par exemple, qui ne sauraient être le bras armé d’une haute bourgeoisie tirant les ficelles d’ans l’ombre pour que rien ne change au final...

                                            Les défis et dangers NBIC ne seront pas relevés avec un état d’esprit par trop « élitiste ».


                                          • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 23:34

                                            Il n’a pas plus de neurones que vous, au propre et au figuré. Relevez vous, humain...
                                             :)


                                          • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 23:34

                                            c’était à romaindesbois

                                            l’ergo de ce forum me rend fou  :)


                                          • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 09:32

                                            Bonjour à tous et spécialement à Jean-Marc,


                                             Comme j’ai dit plus haut, j’ai introduit mon commentaire à la suite de l’article « Surfer la vie avec scénarii du futur pour 2020 ».
                                             Je connais parfaitement ce genre de meeting pour y avoir assisté. C’est là qu’on devrait (ré)apprendre ce qu’on a découvert depuis très longtemps par son expérience propre.
                                             De beaux discours, on invente la roue et on l’extrapole en carré avec des coins comme cachettes surprises. L’informatique, cela fait 40 ans que j’en ai fait, depuis ses presque ses tout débuts. Internet, je l’utilisais sans Web. Chacun a détruit des emplois en masse. Je n’étais pas innocent pour ne pas le remarquer. Je l’ai même écrit et l’avenir avec Internet va encore plus bouleverser le monde du travail de manière inimaginable aujourd’hui. Nous ne sommes qu’au tout début de son évolution. Le travail dans son entier va changer de forme. On deviendra tous des travailleurs indépendants avec chacun plusieurs employeurs pendant des contrats limités dans le temps.
                                             Actuellement, la vitesse empêche encore beaucoup de choses. Le maillon faible de la chaîne, ce sont les connexions. Connexions qui arrivent tout doucement à la saturation complète dans l’échelle des ondes. N’oublions pas que tout passe par des fils, avec des infos qui sont codées au départ et décodées à l’arrivée.
                                            Dire que ce sont des périphériques n’est pas le problème. C’est quand ces périphériques prendront vraiment le contrôle de toute la chaîne d’information, que l’on ne pourra plus discerné le vrai du faut, qu’on ne va plus rire.
                                             Je suis un partisan du progrès, mais un progrès rationnel, exempt de fantaisies destinées à une seule tranche de la société.
                                             Nous sommes à la veille d’une grande élection américaine. Deux optiques différentes.
                                             Tout peut évoluer différemment en fonction des résultats.
                                             La France et l’Europe s’en rendent-elles compte ? 
                                              smiley   

                                          • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 09:44

                                            Ouf, déjà, -4. Pour le précédent.

                                            J’adore. Encore un petit effort. 
                                            Je paye un verre virtuel si j’arrive à -50.
                                             smiley

                                          • Joël de Rosnay 5 novembre 2012 12:07

                                            Pour Jean-Marc et l’Enfoiré. Je suis très touché de vos commentaires sur mon âge qui ne me dérangent pas du tout, mais indiquent bien que je peux apporter quelques réflexions originales (à mon âge !) sur l’évolution d’Internet, de la biologie et de la société.

                                            Pour votre information, je ne serai jamais « à la retraite » mais en perpetuelle transition de carrière. Je fais de mon mieux actuellement pour apporter des idées et des actions nouvelles à Universcience, pour les clients de ma société de conseil, pour les lecteurs de mes livres, mes « followers » sur Twitter, les lecteurs de mes blogs ou de ma page FB, ceux qui assistent à mes conférences en France et dans le monde, pour mes amis, ma famille, mes copains surfeurs de l’océan et du Net.

                                            C’est un honneur pour moi d’avoir des lecteurs et des commentateurs comme vous, qui savent mettre les choses à leur place, mais se trompent parfois en se référant au cliché de l’âge calendaire plutôt qu’à l’expérience vécue et pratiquée.


                                          • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 13:23

                                            Bonjour Joel,

                                             Il fêtait un anniversaire de six ans.
                                             C’est tout récent comme vous pouvez le constatez.
                                             Seulement dix ans nous séparent.
                                             Donc je connais la routine. 
                                             Moi, non plus je n’arrêterai pas.
                                             La seule différence, l’argent ne m’intéresse plus comme auparavant.
                                             Tout est dans le gratis.
                                             Mon blog n’en est qu’une preuve.

                                          • jean-marc R jean-marc R 5 novembre 2012 13:35

                                            Allons Monsieur de Rosnay, trêve de rhétorique svp.

                                            Comme vous êtes très malin, vous avez très bien compris que cette question d’âge ne concernait pas celui de vos artères, ce serait stupide de ma part de penser de la sorte, mais bel et bien celui de votre audace « en société » et pour la société.

                                            Je vous soupçonne fortement de manquer d’ « altruisme » pour des raisons de confort, et cela vous vieillit, tout comme Edgar Morin me semble terriblement vieux en fait.

                                            Je le regrette, pour internet, et pour humanité.

                                            Puisque vous avez l’âge l’intelligence et le statut social pour prendre des risques sans vous mettre en grand péril, faites le donc. Par « altruisme ».

                                            Avec mes respects sincères, et mes encouragements.

                                            Ps. Vous avez oublié Tristan Valmour dans la liste (en sus de L’Enfoiré -diantre que c’est pop !- et de je) de ceux qui ne confondent pas intérêt et dévotion, comme il se doit par respect pour l’Adn du Net  :)


                                          • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 13:41

                                            Maintenant, il ne faut pas tomber dans « le syndrome d’Erostrate » smiley


                                          • Antoine Diederick 4 novembre 2012 19:43

                                            Internet et la tentation administrative aussi....


                                            • Antoine Diederick 4 novembre 2012 19:51

                                               "Mais un réel danger menace l’avenir d’Internet et, à travers lui, des citoyens de la civilisation du numérique. Les forces en présence (entreprises, grands lobbies,- tels que industries financière, pharmaceutique, agroalimentaire, de l’armement, des drogues, de l’énergie- méga-organisations, États…) tentent d’accaparer les ressources et le pouvoir au sein de cet écosystème et cherchent à détourner ses propriétés pour désinformer, agir sur l’information elle-même, manipuler les cours de la bourse et le monde financier ou encore mettre en difficulté des entreprises concurrentes ou identifiées comme « politiquement incorrectes », voire en mobilisant des hackers pour pénétrer et espionner des cibles stratégiques."

                                              En fait, si ces forces tentent de s’en emparer c’est qu’elles ont bien compris l’enjeu stratégique du réseau...


                                              • Antoine Diederick 4 novembre 2012 20:01

                                                beaucoup de musiciens qui pratiquent Debussy le voient comme un musicien de la matière et du cosmos....et pas du tout l’homme des impressions, lui même se défendait d’être impressionniste , ce qui manque à Internet c’est une chair, une matérialité agissante.....

                                                c’est donc à l’internaute de faire la différence....

                                                c’est un débat....entre une approche utilitaire (un peu comme la monnaie européenne) et une approche de changement et de modification....

                                                Que se passerait-il si demain, je décidais :« Fini, Internet, je m’en fous, je balance mon pc ».

                                                Eh ? Bien, il ne se passerait rien de notable au plan collectif....sauf pour moi. smiley


                                                • Antoine Diederick 4 novembre 2012 20:27

                                                  A l’auteur,

                                                  Je n’aurai qu’un reproche à vous faire, le nombre d’heures supplémentaires de lectures que vous avez imposées aux étudiants du secondaire en période d’examen..... smiley

                                                  Ah, ce foutu Macrocosme..... smiley


                                                  • Joël de Rosnay 5 novembre 2012 12:17

                                                    Désolé pour les étudiants et leurs examens ! Mais on se construit dans les difficultés de la vie !

                                                    Petite précision : le livre en question (1975) est le « Macroscope », pas le « Macrocosme » smiley

                                                    http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Macroscope

                                                     


                                                  • jean-marc R jean-marc R 5 novembre 2012 13:39

                                                    Je l’aurai titré le Macrozoom, c’est plus « déséstabilisant » et « créatif »...

                                                    Attention, copyrighté et tout hein le terme, contacter pour réutilisation éventuelle  ;)


                                                  • Antoine Diederick 5 novembre 2012 20:25

                                                    Mon Dieu, oui, très très grossière erreur de ma part.....c’est confirmé , j’étais un très très mauvais étudiant.....

                                                    je suis rouge de honte....et mes petits camarades de Avox, m’ont laissé plonger. Ah, les traîtres....ils ricanent surement. smiley


                                                  • Antoine Diederick 4 novembre 2012 20:47

                                                    Le principe de macrocosme (de niveau d’organisation supérieur et sous entendu distinct) n’est pourtant pas exclu des sciences modernes. Les sciences humaines d’abord (en linguistique, en économie, sociologie, ...) ont introduit des notions comme le holisme, puis les sciences dites exactes (en biologie, en physique, en mathématiques,...), ont sur ces bases élaboré la systémique. Le but étant de généraliser le principe d’étude des sujets au sein de la globalité, et non plus dans un système virtuel parfait mais finalement limité dans son intérêt. (cf Le Macroscope par exemple).

                                                    extrait de Wikipédia ICI

                                                    La question du virtuel se pose.....avec Internet.....dans son apparence.

                                                    En abstract : Tout est dans tout....c’est une idée qui est reprise dans les grandes spiritualités.

                                                    Maintenant, je stoppe car cette idée est au coeur de la pensée mystique.

                                                    Il y a un cerveau collectif d’avant le collectif etc.


                                                    • Tristan Valmour 4 novembre 2012 21:42

                                                      Bonjour Monsieur de Rosnay. Votre article est intéressant, et on peut abonder dans votre sens à priori. A posteriori, c’est autre chose.

                                                      1.  « Donald Hebb et le biologiste et philosophe français d’origine chilienne Francisco Varela, notamment, ont démontré que le cerveau ne correspondait pas au modèle traditionnel proposé par les neurobiologistes et qu’il n’était pas non plus comparable à un ordinateur numérique fonctionnant en langage binaire (avec des bits de zéro et de un). » En effet, un neurone décharge (1) ou ne décharge pas (0). Non ?

                                                      2.  Le corps humain est certes fluide, mais on peut dire cela de la pierre qui s’adapte à l’érosion, donc en fonction de facteurs « épigénétiques ». Je vous trouve trop imprécis ici.

                                                      3.  La communication de neurone à neurone se fait par voie électrique au niveau des synapses électriques (gap-junction) et par voie chimique au niveau des synapses chimiques (neurotransmetteurs). Seulement, on n’a pas identifié tous les neurotransmetteurs. De là à parler d’isométrie, il me semble que c’est un raccourci. En plus, on connaît très mal les cellules gliales. On refait le spike grid de Stanford ?

                                                      4.  « On pourrait donc, de l’intérieur, modifier ou faire modifier des règles et des lois. » C’est possible, mais vous omettez de préciser que ce qui définit notre comportement, c’est notre éducation, fruit de multiples interactions avec notre environnement, ce qu’on appelle aussi expérience. Cette expérience est gravée dans des clusters qui ont tissé des réseaux de communication préférentiels en raison de la myélinisation des axones sollicités par lesdites expériences, et nous incite à utiliser des solutions déjà éprouvées par l’expérience pour pallier des situations inédites elles-mêmes transformables en expérience. Par conséquent, à mon avis, seuls des sujets jeunes peuvent modifier des règles et des lois, à condition qu’en dehors d’Internet, ils ne subissent pas plus l’éducation à la situation pyramidale. C’est ainsi que rien ne permet d’affirmer que les Crowd_ ne soient pas des phénomènes temporaires qui viennent remplir un vide.

                                                      5.  Les réseaux sociaux pèsent de tout leur poids ? Ah bon ? Les printemps arabes sont des échecs, ils ont accouché de régimes islamistes. Non, non, dès que le système en place se trouvera réellement menacé, il ripostera. Pour le moment, il ne dit trop rien, il recueille des informations, puis il appliquera tout simplement le théorème de Bayes. Quant aux Pussy Riots, excusez-moi, mais c’est un groupe minable qui n’aurait pas fait parler de lui sans l’aide du système qui voit le moyen de faire un pied de nez à un autre système.

                                                      6.  « La question demeure : ces mouvements conduisent-ils à modifier de manière épigénétique l’ADN d’Internet ? La réponse est vraisemblablement oui, car des millions d’internautes vont modifier leurs actions, leurs créations, leurs liens, leurs enregistrements, leurs contacts, leurs amis ou leur blog… selon leur appréciation personnelle de ces différents mouvements. » Vous croyez ? Ne vont-ils pas faire comme les touristes, consulter le routard , sans plus se laisser aller à découvrir le pays visité. Par conséquent, y aura-t-il réellement une modification des pratiques, ou juste un habillage ? Suivez-le guide non ? Il y a 24h par jour (apparemment) pour tout le monde, et on sait que tout traitement cognitif de l’information vise à la simplification dudit traitement afin d’éliminer le bruit (au sens neuroscientifique du terme) et la consommation d’énergie (liste non exhaustive). Si Agoravox existe, c’est bien parce que ce site répond à un besoin d’avoir un guide pour simplifier la recherche d’informations alternatives non ? Donc la prise de décision. Combien d’autres sites, peut-être plus intéressants, mais perdus dans les confins d’Internet ? Suivez le guide, c’est ce qui guide les hommes !

                                                      7.  « Pour ma part, je crois davantage à une co-régulation citoyenne par des femmes et des hommes informés, qui agiraient par feed-back citoyen en renvoyant l’information vers des centres décisionnels exerçant une forme de pouvoir transversal. » Absolument pas d’accord avec vous ; il s’agit d’une vision très élitiste et utilitariste qui priverait l’humanité d’autres possibles. Ces femmes et ces hommes seraient informés par qui et comment ? Comment vérifier leur aptitude à comprendre l’information ? Comment mesurer leur aptitude à décider ? Comment éviter les conflits d’intérêts ? Le mot « citoyen » et « informé » sont contradictoires. Bref, vous semblez vouloir éliminer les « inutiles », les « malades » de toute décision. Mais sans malade, point de médecin ; sans élève « sous doué », point de super enseignant, et pas plus de méthodes révolutionnaires modélisables pour augmenter le potentiel des « doués ». Vraiment, cette vision élitiste, je n’en veux absolument pas. D’autre part, cette vision est en contradiction totale avec toutes les théories sur la prise de décision, qui au contraire ont prouvé qu’un groupe hétérogène prend de meilleures décisions qu’un groupe homogène. Quand vous êtes informé, vous prenez des décisions sur la base de vos informations. Il faut des personnes complètement candides pour faire naître des questions intéressantes et innovantes. Sans malade, point de médecin. Donc, un homme, une voix, peu importe sa qualité. Démocratie directe en toute chose, et sans filtre. Enfin, comment réglez-vous le problème de la first person perspective (cf travaux d’Engel, Gallagher, Vogeley, Fink, Revonsuo, etc.) ?


                                                      • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 22:59

                                                        Moi, ce n’est pas a posteriori que ça m’a fait tiquer, et plusieurs fois, c’est pendant  :) 

                                                        Ah, merci pour ma culture générale, cf les travaux cités en fin de votre post.

                                                        Ps. Entre autres remarques possibles, trois. Je trouve votre point 5 pessimiste, certes ils recueillent des infos, ils surveillent tout, ils sont prêts à être dictatoriaux, mais in fine je ne vois pas comment ils pourraient empêcher le potentiel génétique du net de s’exprimer et prendre forme contre eux. Je trouve que dans votre point 6 vous sous estimez le poids de ceux qui ne suivent plus. Je ne suis plus « dans l’affaire » du coup imprécis sur ces questions, mais il me semble que votre point 1 « décharge OR NOT décharge » a été remis en question par des recherches assez récentes qui ont montré des dispositions quantiques dans les activités neuronales.


                                                      • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 09:53

                                                        Tiens cela me rappelle « Enlève-moi mes puces »

                                                        C’est aussi un périphérique ajouté.

                                                      • Joël de Rosnay 5 novembre 2012 14:40

                                                        Bonjour Tristan. Toutes mes félicitations pour cette remarquable et intelligente analyse de mon article.

                                                        Votre attitude sceptique et exprimant de nombreux doutes convient parfaitement à mon approche scientifique. Sans les doutes et les critiques constructives, il ne peut y avoir de progrès scientifique !

                                                        Je reprends brièvement vos commentaires par numéro de paragraphe, tout en partageant nombreuses de vos questions qui m’interpellent aussi, pour ne rien vous cacher, dans ma vison personnelle de l’évolution d’Internet et de la civilisation du numérique.

                                                        Je réponds brièvement car plusieurs réponses aux interrogations que vous soulevez, se trouvent dans mes deux derniers livres (« Et l’homme créa la vie » et « Surfer la vie ») www.hommecreavie.com et www.surferlavie.com )

                                                        1- Certes, les neurones « déchargent » en « tout ou rien », mais à la synapse des neuromodulateurs activent ou inhibent leurs réponses. Ce qui complexifie considérablement ces réponses neuronales. D’où la « fluidité » décrite par Hebb et Varela.

                                                        2- Je continue de penser que le corps, lui aussi est « fluide », en adaptation permanente, en fonction, notamment, de nos comportements. Le corps, à la différence d’une pierre, que vous mentionnez, ou d’un cristal, est un système complexe soumis à des informations interdépendantes, internes et externes. Il y a régulation cybernétique et adaptation, malgré la résistance homéostatique du « milieu intérieur » comme l’appelait Claude Bernard.

                                                        3- On connaît de mieux en mieux les fonctions des astrocytes (anciennement appelés « cellules gliales »). Ces cellules jouent une rôle de « hub ». L’information « saute » de hub en hub, comme pour le GSM, et à la différence d’une liaison câblée de point à point (point to point) comme pour le téléphone classique.

                                                        4- Oui, d’accord ! Des esprits non « engrammés » comme le disait Laborit, sont plus aptes à l’innovation et à la modiification des règles. La génération Y ou la NetGen ? Pourquoi pas ? Je ne vous suis pas totalement sur votre crtique du crowd-xxx, qui intègre une possibilité d’intelligence collective dont les effets sont désormais démontrés. Voir le site « Innocentive » mentionné dans mes livres et articles, ou les travaux de Pierre Lévy.

                                                        5- Assez d’accord avec vous ! Je vais nuancer mon interprétation de ces mouvements sociaux.

                                                        6- Je ne suis pas tout à fait d’accord avec votre notion que chacun ’suit le guide« . Quel guide ?Tout le nouvel Internet démontre des processus contraires. Des blogs, à Twitter et aux journaux citoyens. La preuve : votre commentaire fort intelligent qui ne suit aucun »guide« , sauf votre pensée personnelle qui s’exprime dans un journal citoyen, lequel préserve la liberté d’expression de ses lecteurs.

                                                        7- Là aussi je ne vous suit pas totalement. J’adhère à la seconde partie de votre commentaire, mais il me semble déceler une contradiction avec son début. Vous écrivez :

                                                         »...les théories sur la prise de décision, qui au contraire ont prouvé qu’un groupe hétérogène prend de meilleures décisions qu’un groupe homogène. Quand vous êtes informé, vous prenez des décisions sur la base de vos informations. Il faut des personnes complètement candides pour faire naître des questions intéressantes et innovantes.« 

                                                        Je suis bien d’accord, mais il n’y a rien d’élitiste dans mon approche de la co-régulation citoyenne. J’y vois au contraire une forme évoluée de démocratie participative, respectueuse de la diversité et des approches individuelles. Il me semble que je fais plus confiance que vous aux »citoyens« . Est-ce que vos doutes sur leur capacité à décider et à se »prendre en main" de manière transversale et solidaire, ne laisseraient-ils pas transparaître une vision justement élitiste et conservatrice de l’évolution des sociétés. Mais probalement, je ne vous ai pas très bien compris...

                                                         


                                                      • Tristan Valmour 6 novembre 2012 00:25


                                                        Bonjour Monsieur de Rosnay

                                                        Je vous remercie pour votre longue réponse – j’ai de la chance -, car je vous imagine occupé, et je l’espère pour très longtemps encore. Je tiens à vous dire que j’apprécie énormément votre travail comme votre personnalité, et ce que vous apportez à l’humanité. J’ai naturellement lu le macroscope, puis je l’ai relu des années plus tard, après avoir lu d’autres livres d’un abord apparemment plus difficile (comme l’excellent Philosophy of Complex system), et c’est alors que votre ouvrage a pris à mes yeux une autre dimension. Je lirai vos deux derniers livres, bien entendu. Je suis particulièrement vos actions dans le domaine de l’éducation, puisque c’est mon domaine de prédilection.

                                                        Le Potentiel d’Action (PA) est la base de la communication neuronale. PA = 0 ou PA =1, ça fonctionne bien en mode binaire. Et ce PA est un phénomène adaptatif, parce que les neurones conduisent mal l’électricité. Et bien sûr que l’amplitude du « tout-ou-rien » est modulable, fonction des TTX, ou K(Ia) par exemple (liste non exhaustive). Mais c’est, quantique ou pas, toujours le « tout ou rien » qui assure une conduction (1) ou l’absence de conduction (0). Au départ, comme à l’arrivée, on est bien en mode binaire…au vu de l’état actuel de nos connaissances (en tout cas des miennes) bien entendu :) Mais je comprends mieux l’emploi que vous faites du mot fluidité. Je crois que c’est ce mot que je n’avais pas bien compris. C’était un problème de niveau de langage (langage spécialisé / courant)

                                                        Les astrocytes (cellules macrogliales -> fibrillaires ou protoplasmiques) ne sont pas une catégorie de neuroglie (=gliales, terme générique), au même titre que les microglies, oligodendrocytes (cellules macrogliales -> satellites ou interfasciculaires), cellules ependymaires, gliales radiales (ou radiaires), pituicytes, et pinéalocytes ? Je n’ai pas étudié cela en français, alors peut être que je traduis mal, et il y a peut-être une différence avec la façon dont on enseigne cela en France, désolé. En revanche, je vous suis parfaitement pour le saut de hub en hub, ce qui peut d’ailleurs participer à l’explication du modèle hologrammique de Pribram, Lashley et Goldsheider, puis conduire à la mémétique, et donc au réseau.

                                                        Je vais m’expliquer sur le crowd-xxx. Le système économique dans lequel nous évoluons est de plus en plus fermé pour de multiples raisons, y compris le fait que ceux qui sont bien en place ne veulent pas de concurrence. Par conséquent, comme il existe malgré tout une pression des nouveaux entrants qui trouvent porte fermée, ces crowd-xxx existent, parce que le réseau des réseaux (internet) permet de mobiliser des capitaux (financiers, intellectuels…) à grande échelle, et qu’aujourd’hui, pour faire quelque chose, on a besoin de plus de capitaux qu’il y a 30 ans, sinon le projet (finalité du système) tombe à l’eau. Mais le crowd-xxx n’est qu’une tontine à grande échelle, il n’y a strictement rien de nouveau dans ce mécanisme. Les Chinois, les Mormons, les Libanais, certaines communautés africaines ou autres communautés religieuses connaissent cela depuis des siècles. Maintenant, ce qui sera intéressant à analyser, c’est : les personnes qui auront réussi grâce au crowd-xxx vont-ils participer à la perpétuation de ce système ou vont-ils rejoindre le système pyramidal classique, se disant que malgré tout, ils doivent leur réussite à eux-seuls ? Vous voyez ce que je veux dire ? Toujours ce problème d’égo. Et ça c’est profondément enraciné. Voilà pourquoi j’ai cité la first person perspective. Après, je n’affirme rien, je peux complètement me planter, et je l’espère d’ailleurs. Il y a peut-être effectivement une prise de conscience du besoin de partage et de coopération, parce que la Terre n’est pas extensible à l’infini, et parce que la démocratisation et massification des informations et connaissances nous oblige à penser en systèmes englobants…entre autres grâces à vous !

                                                        Sur l’intelligence collective, je suis complètement d’accord avec vous, et j’en fais suffisamment l’apologie sur Agoravox. De toutes les façons, pour des raisons physiologiques, on arrive aux limites de l’intelligence individuelle (à moins d’étudier en détail les synesthètes, parce qu’il faut quand même dire que le langage verbal, donc linéaire, est assez pauvre par rapport au potentiel de conceptualisation du cerveau humain. Même les neurones de la lecture verbale ne sont qu’un recyclage de la lecture d’images). Par conséquent il faut en passer par l’intelligence collective. Mais ce qu’il manque, ce sont deux choses importantes : un langage commun et l’abstraction de l’égo. Et ça, c’est très difficile. Vous avez cité Pierre Lévy, il est évidemment excellent. Mais connaissez-vous Jean-Michel Cornu ? J’adore ce mec.

                                                        Je vais m’expliquer sur la notion de « suivez le guide. », et je vais vulgariser, non pas pour vous mais pour l’ensemble des lecteurs. Notre cerveau est un détecteur de patterns, et il va toujours rechercher à simplifier et automatiser les processus cognitifs, parce qu’ainsi il économisera de l’énergie (penser, c’est dépenser de l’énergie, et c’est pour cette raison que l’intelligence individuelle humaine est très limitée. Penser plus, c’est consommer plus d’oxygène, etc.), et il pourra survivre. J’espère que je suis assez clair, parce que je dois traduire mes pensées en mots français courants, et ça ne m’est pas toujours aisé, ma mémoire de travail verbale peut saturer, toutes mes lectures et expériences arrivent trop rapidement sous des modalités différentes, et il faut les organiser sériellement pour les transmettre ici. Le guide est donc ce qui épargne de l’énergie (temps, argent, etc.). A la complexification des échanges au sein des systèmes répond corollairement un processus de simplification : le guide.

                                                        Je vais préciser sur la théorie de la prise de la décision : je faisais référence à l’inférence bayesienne (voir les travaux de Dehaene, David Barber, Pourret, Naïm, Marcot, Lauwereyns, etc.) et à la théorie de l’expertise. Un groupe d’experts (on peut considérer qu’être informé, c’est être expert) prendra des décisions sur la base intuitive de leur expertise (un expert est un intuitif, et d’ailleurs quand vous le soumettez à ses propres règles, il se plante). L’expert fonctionne en système cognitif essentiellement parallèle (à ce propos, Einstein avait 70% de cellules gliales de plus qu’un homme normal, donc des hubs en plus). Le candide (ou novice) prend des décisions selon un arbre parfaitement organisé. Il fonctionne en système cognitif essentiellement sériel. Mais c’est de la réunion des deux groupes (donc constitution d’un groupe hétérogène) que naîtront les meilleures décisions, une sorte de « sagesse » (comme l’appelle Dehaene). D’autre part, c’est le candide qui permet à l’expert de réellement progresser, et ainsi parvenir au dernier niveau d’expertise qui est la créativité.

                                                        La vision élitiste que je vous prêtais est sûrement le fruit d’une mauvaise interprétation, veuillez m’en excuser ; c’est moi qui vous ai mal compris. Quand j’ai lu « co-régulation citoyenne par des femmes et des hommes informés », j’ai compris que vous triiez ceux qui sont informés de ceux qui ne le sont pas, et laissiez ces derniers de côté. J’aurais mieux compris co-régulation citoyenne par les internautes ou pronétaires (puisqu’il s’agissait d’internet).


                                                      • jean-marc R jean-marc R 6 novembre 2012 10:36

                                                        @ Tristan Valmour

                                                        Comme vous je serai enclin sur la base des écrits et des prises de parole à faire confiance, mais des éléments venus de IRL me rendent prudent quant à la réalité de la structure opérationnelle qui guide Joel de Rosnay dans son appréhension du net (et du « pronetariat »...) comme objet social à vocation très créative.


                                                      • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 23:02

                                                        Pour relativiser ce papier... :)

                                                        http://queau.eu

                                                        Je me souviens avoir lu que il rêvait de voir les alpinistes, les charpentiers, les femmes de ménage, « en » être !

                                                        Mais j’ai pu mal comprendre...


                                                        • jean-marc R jean-marc R 4 novembre 2012 23:14

                                                          Utiliser les tags pour découvrir par « catégories », philosophie politique, considérations sur le net du genre infostructure, mondialisation, etc, autant de mines de diamants.

                                                          Et puis il y a les à côtés qui n’en sont pas, les étymologies, les poésies, les arts virtuels.

                                                          Ce site vaut largement bien des livres promus...


                                                        • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 novembre 2012 08:12

                                                          Zarbi 


                                                          Me fait penser au syndrome de Frankenstein ....le texte du Rosnay .

                                                          • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 09:49

                                                            Captain, 

                                                             Pas de gros mots là. smiley
                                                             Du moment que ce n’est le syndrome Oppenheimer...

                                                          • rocla (haddock) rocla (haddock) 5 novembre 2012 08:16

                                                            Pronétaire lève toi et marche .... smiley


                                                            • jean-marc R jean-marc R 5 novembre 2012 14:32

                                                               :)

                                                              Si ça pouvait être « ça » le messager et le message, ce serait bienvenu.
                                                              Mais, j’ai reçu hier un email de Jésus le keum de Nazareth qui m’a dit : « méfie toi des faux prophètes ».

                                                              Alors, j’attends de voir.


                                                            • COLRE COLRE 5 novembre 2012 10:26
                                                              Il m’intéressera de suivre la deuxième étape, celle du bilan (votre dernier livre). 15 ans après l’Homme symbiotique, une prospective un peu utopique mais à laquelle on était enclin à adhérer (c’était mon cas), je m’interroge sur les effets pervers et imprévus (car systémiquement imprévisibles) du réseau planétaire. Je ne me souviens plus, dans votre livre précédent, aviez-vous, par exemple, envisagé les « maladies » d’Internet ? « schizophrénie, paranoïa, mégalomanie ou dépression » notez-vous, mais il y a aujourd’hui un facteur aggravant. Ces maladies sont relativement cadrées et inhibées par les normes sociales dans la « vraie vie », alors qu’elles sont désinhibées, voire encouragées, dans le fonctionnement internétique. 
                                                              Du coup, elles me semblent prendre une place prévalente sur « l’intelligence collective ». D’accord, le système fait émerger une intelligence collective qui est davantage que la somme des intelligences individuelles, mais il fait aussi émerger des pathologies spécifiques qui sont davantage que la somme des pathologies individuelles.
                                                              Quels remèdes pour soigner « ces maladies psycho-technico sociétales  » en dehors d’une gouvernance verticale ? Vous croyez à une « co-régulation citoyenne par des femmes et des hommes informés, qui agiraient par feed-back citoyen en renvoyant l’information vers des centres décisionnels exerçant une forme de pouvoir transversal ». Mais ne croyez-vous pas que la sur-information permise par Internet est en réalité une sous-information quand elle n’est pas hiérarchisée et filtrée par des réseaux crédibles ? En d’autres termes, que la masse d’information indifférenciée n’est pas gérable par les cerveaux individuels. Et que cette situation est pathogène et produit nécessairement ces réactions qui caractérisent les forums d’Internet : paranoïa, complotisme, propagande, manipulation, agressivité, mégalomanie, négativisme... Autant de réactions qui agissent également par feed-back, au même titre que l’intelligence collective, ni plus ni moins. Il n’y a plus de discrimination entre processus sains et processus malsains. 

                                                              • Joël de Rosnay 5 novembre 2012 15:03

                                                                Colre : Vous parlez d’une Information filtrée et hiérachisée. Question : par qui ? Comment ? Je suis plus inquiet que rassuré ! smiley

                                                                C’est à chacun d’entre nous de rendre pertinente « l’infopollution » (ou excès d’information) pour donner du sens à notre travail et à notre vie. Nous avons désormais des outils pour cela. Encore faut-il se former, informer, partager. Un surcroît de « sagesse » est préférable à un surcroît d’information !

                                                                Peut-on contrôler un écosystème ? Chaque « noeud » d’un écosystème a une influence sur l’ensemble, et la totalité de l’écosystème influence, en retour, chacun des noeuds du réseau. C’est la règle pour l’écosystème (biosphère, atmosphère, hydrosphère, lithosphère) dans lequel vit l’humanité. Devrait-il en être de même pour l’écosystème informationel que nous appelons encore « Internet » ?

                                                                Quant aux « maladies » d’internet, j’ai comme vous, des doutes sur nos capacités à les guérir « de l’intérieur » !

                                                                Votre phrase me paraît importante : « En d’autres termes, que la masse d’information indifférenciée n’est pas gérable par les cerveaux individuels. Et que cette situation est pathogène et produit nécessairement ces réactions qui caractérisent les forums d’Internet : paranoïa, complotisme, propagande, manipulation, agressivité, mégalomanie, négativisme... Autant de réactions qui agissent également par feed-back, au même titre que l’intelligence collective, ni plus ni moins. Il n’y a plus de discrimination entre processus sains et processus malsains »

                                                                Sauf, si vous le permettez, une nuance qui a son poids :« pas gérables par des cerveaux individuels » ? Pas totalement d’accord. Pour gérer ce que vous appelez « la sur-information », nous avons des outils collectifs : moteurs de recherche et réseaux sociaux par exemple. Avec eux, non seulement « je sais », mais nous « savons ensemble », et « nous savons aussi ce que les autres savent ». Comparaisons et partages, pourraient faire la différence pour répondre à votre inquiétude sur « la discrimination entre processus sains et malsains. » 


                                                              • herbe herbe 5 novembre 2012 17:43

                                                                au sujet de la surcharge informationnelle, un apport intéressant et plutôt optimiste :


                                                              • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 18:34

                                                                «   »la sur-information« , nous avons des outils collectifs : moteurs de recherche  »’


                                                                Pourquoi croyez-vous que j’ai écrit « Eurek@ Google » ?
                                                                Le S&V en avait parlé de manière assez dithyrambique, comme si l’homme n’était presque plus « intéressant » dans la procédure de recherche.
                                                                Il n’y avait qu’à laisser faire la machine et à la sortie il y avait la solution à tous nos problèmes.. 


                                                              • COVADONGA722 COVADONGA722 5 novembre 2012 10:46

                                                                Bonjour Colre

                                                                Quels remèdes pour soigner ?

                                                                debrancher la prise non ma progéniture addicte y a droit regulierement .Sinon une fonction du net c’est l’éxutoire à defaut de therapie bien des dérangés s’y défoulent et representent ainsi un danger societal à minima.

                                                                Asinus



                                                                • COLRE COLRE 5 novembre 2012 11:47

                                                                  Bonjour Asinus,

                                                                  « Débrancher » c’est un déni... Débrancher l’autre, c’est une décision « verticale ». L’exutoire, c’est toujours une fuite. 
                                                                  Selon vous, il n’y aurait donc pas de remède. C’est possible, mais c’est justement la question. On est tous des « dérangés » qui nous « défoulons », c’est possible. Mais le danger sociétal n’en est-il pas favorisé ?
                                                                  Plus qu’un constat, j’aimerais bien comprendre les mécanismes et chercher des solutions à un système qui est là, qu’on le veuille ou non.

                                                                • Hermes Hermes 5 novembre 2012 11:01

                                                                  Bonjour,

                                                                  La métaphore est plaisante mais par trop hypnotique. Quelques remarques :

                                                                  Tout d’abord il ne fait confondre contenu et contenant : il y a les programmes qui permettent d’utiliser Internet, et qui conditionnent énormément la façon dont il est utilisé, et le contenant, qui est ce qu’on fait de l’outil, et qui dépend essentiellement de l’état d’esprit de l’utilisateur. L’outil va donner plus ou moins de pouvoir ou de libérté d’action, et là il y a une influence considérable des programmeurs des « GAFA ». Exemple : en arrêtant le portail iGoogle dans un an, le géant du net prive de façon autoritaire ses utilisateurs d’un outil permettant de construire une vision de synthèse efficace.... mais non contrôlable et pas rentable !
                                                                  Pour ce qui est de l’état d’esprit de l’utilisateur, celui-ci est de plus en plus formaté par les grands groupes financiers qui se sont progressivement positionnés pour se réapproprier ce qui était initialement une zone affranchie.
                                                                  A mon sens, il faut plutot voir Internet comme un espoir du passé. Il reste quelques ilots de liberté, mais à terme il deviendra de plus en plus un outil de contrôle et de décérébration, et sa financiarisation se dessine prograssivement, avec la sortie progressive des grands quotidiens du tout gratuit.
                                                                  On peut le comparer au phénomène des radios libres de ce point de vue.

                                                                  Toute métaphore mise à part, Internet ne peut pas abriter de conscience mais être un activateur ou un désactivateur de la conscience des internautes. S’il les enferme dans la fascination des mondes virtuels ou des communautés d’« amis » virtuels, dans une dépendance de plaisir à coup de stimulations tweetiques, c’est un outil de désactivation de la conscience, par création d’une dépendance et d’une identification. S’il les renvoie à eux même et à leur responsabilité dans la gestion de leur vécu, de leurs relations, et de leur propre inériorité, celà serait un outil d’activation de la conscience. Mais quel gouvernement veut d’un peuple conscient qui s’auto-gère ?

                                                                  La fascination du virtuel accompagnée de la facilité de déconnexion émotionnelle inhérente à l’outil lui-même (un écran n’est pas un autre être humain), donnent à Internet le potentiel d’un énorme outil de contrôle, plus que d’un activateur de conscience.

                                                                  Parler d’une conscience d’Internet serait plutot une façon de faire passer la pillule et d’attirer encore plus le badaud en l’hypnotisant (chic je fais partie de la conscience d’Internet), et parler des GAFA sans parler des enjeux financiers et politiques, c’est limiter un peu trop le périmètre de la réflexion.

                                                                  Le programmeur est un animal vénal (je ne parle pas de la frange des durs de durs de l’OpenSource) trop fasciné par la beauté de son code et de la reconnaissance de son savoir-faire pour se préoccupper de se battre pour que ses lignes de code libèrent les consciences, ne rêvons pas. Il est lui-même trop absorbé dans le miroir de ses programmes.

                                                                  Donc belle métaphore hypnotique, qui reflète le rêve de beaucoup : transférer sa conscience dans la machine pour devenir immortel. C’est sans doute au contraire parceque nous devons mourir (notre corps, nos idées, etc...) que nous pouvons développer cette conscience, et il serait dommage de manquer cette possibilité en la laissant s’identifier à un tas de pixels multicolores éphémères !

                                                                  Bonne fin de journée !


                                                                  • jean-marc R jean-marc R 5 novembre 2012 11:46

                                                                    ... Il n’empêche que...  :)

                                                                    Il y a un grand écart entre intérêt et dévotion
                                                                    et entre respect sans ampouleries et ronds de jambes pour salons mondains.

                                                                    Internet (et son « Adn » ?) a tout à voir avec les 2 premiers termes des 2 propositions ci-dessus, et pas grand chose à voir avec les 2 derniers,
                                                                    sauf dans le cas où cet Adn serait à corrompre par des modifications génétiques appauvrissantes et dictées par des forces internes et externes au net mais étrangères au plus prometteur des virtualités de ce « net ».


                                                                    • jean-marc R jean-marc R 5 novembre 2012 11:47

                                                                      Je me vote -1 moi même, ça évitera à « certains » de le faire  ;) 

                                                                      Mon côté altruiste peut être mais pas sûr, sachant que l’altruisme c’est très tangeant comme valeur en soi... !


                                                                    • Romain Desbois 5 novembre 2012 13:25

                                                                      vous ne parlez que de vous au point de vous répondre smiley

                                                                      Votre « éRgot » est risible smiley


                                                                    • jean-marc R jean-marc R 5 novembre 2012 14:33

                                                                       :)
                                                                      Mais moi je n’ai pas ma photo que c’est moi en image et en ligne...


                                                                    • Romain Desbois 6 novembre 2012 01:28

                                                                      moi non plus , personne ne connait mon visage smiley


                                                                    • jean-marc R jean-marc R 6 novembre 2012 10:37

                                                                       ;) ooooh, il a enlevé sa photo  :)


                                                                    • Ruut Ruut 5 novembre 2012 13:19

                                                                      Celui qui contrôle les serveurs DNS ou les fournisseurs d’accès, et les moteurs de recherche, contrôle internet.


                                                                      • Romain Desbois 5 novembre 2012 13:27

                                                                        mais comme dans 1984 et dans tous les scénarios de SF , il ya toujours un groupe de résistants qui combat les dérives d’un système.
                                                                        Pour faire plaisir au jeune Joël smiley je dirais que c’est comme dans un corps, des anticorps sont toujours là pour sauver la veuve et l’orphelin.


                                                                      • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 14:18

                                                                        Alors, vous y êtes en IPv6, vous croyez ?

                                                                         smiley

                                                                      • Ruut Ruut 6 novembre 2012 12:48

                                                                        Avec le NAT, l’IPV6 ne sert pas a grand chose.


                                                                      • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 14:25

                                                                        Selon une évaluation du 30 juin 2010, il y avait près de 1,99 milliard d’internautes dans le monde. En aout 2012, on en comptabilisait environ 2.50 milliard, alors qu’ils étaient deux fois moins nombreux 5 ans auparavant.


                                                                        Donc, il reste du « travail » pour 4,5 milliards de personnes.
                                                                        Où est-ce qu’on va les mettre, puisque cela sature déjà sur les bandes passantes ?

                                                                        • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 14:28

                                                                          ADN d’Internet.

                                                                          Avidité Désorganisation Nuages 

                                                                          • Gasty Gasty 5 novembre 2012 18:16

                                                                            Si l’humanité veut définir sa multiplicité comme une entité « DIEU » (pourquoi pas), il nous aura fallu, déjà bien plus de 7 jours pour tenter de nous reconstruire avec des matériaux. Et ce n’est pas fini. Parce qu’on finira bien par se mettre au monde un jour.

                                                                            Surtout, ne commettons pas les mêmes erreurs.


                                                                            • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 19:04

                                                                              « Surtout, ne commettons pas les mêmes erreurs. »


                                                                              Désolé, Gasty, toutes les (r)évolutions comme Internet ne seraient jamais allées aussi loin si elles n’avaient que des points négatifs.
                                                                              Internet a beaucoup de points positifs pour faciliter les relations entre les hommes. Beaucoup de facilités en finales pour améliorer n’osent pas parler de techniques que cela comportent. 
                                                                              Les déviances n’attendent pas pour émerger. Internet, reste net
                                                                              La science bionumérique à de l’avenir pour fusionner le numérique et l’analogique dans un environnement intelligent. 
                                                                              Les Japonnais sont très en avance dans la robotique et l’humanisation au physique de leurs robots. Humaniser l’aspect des « machines » qui font peur et que le cinéma ne manque pas de montrer sous la forme de rebelles contre les humains  



                                                                            • L'enfoiré L’enfoiré 5 novembre 2012 19:17

                                                                              Bonsoir Joël,

                                                                               Je tiens tout de même à faire ressortir que vous avez été présent et que ce ne fut pas cette fois, un article promotionnel pour un de vos livres, envoyé par procuration.
                                                                               Les questions posées, les commentaires ont cette fois, été répondus.
                                                                               J’ai été voir si cette constatation était une impression ou non.
                                                                               Ce n’était pas une impression  : 21 articles publiés. 24 commentaires dont la majorité ces derniers jours.
                                                                               Il y a donc un progrès évident et incontestable.
                                                                               Si vous ne me connaissez pas, il y a bien longtemps déjà que j’ai soulevé ce problème et pas uniquement pour vous.
                                                                               Mais c’était dans des temps anciens, quand je publiais sur cette antenne. 
                                                                              @+ comme on dit dans notre jargon interntois.

                                                                              • Antoine Diederick 6 novembre 2012 23:01

                                                                                Bonsoir,

                                                                                Je repasse par ici. Je suis surpris par le manque d’élégance de certains sur le site, vis-à-vis de l’auteur, dont tout le monde sait qu’il n’a plus rien à prouver.

                                                                                Imaginons-nous que dans quelques années en thérapeutique médicales, des nanoparticules intelligentes pourront faire des diagnostiques ou encore soigner des pathologies récurrentes...etc

                                                                                Quelle avancée ! Je ne suis pas spécialiste de ces questions mais il est presque certain que nous sommes à l’aube de très grands changements.

                                                                                Bonne soirée à tous.


                                                                                • Antoine Diederick 6 novembre 2012 23:14

                                                                                  ICI un lien universitaire.

                                                                                  Enfin pour ceux qui veulent approfondir via la théologie naturelle ou la sagesse, sur la notion d’être premier et principe d’éminence, c’est un bon départ pour aborder la notion de ’cerveau collectif’ qui devrait ( il faut le montrer) appartenir au principe de réalité....

                                                                                  Enfin voir aussi les questions d’éthique suite aux prochaines avancées scientifiques qui sont tout juste ’derrière la porte’.

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