Bonjour Monsieur de Rosnay
Je vous remercie pour votre longue réponse – j’ai de la chance -, car je vous imagine occupé, et je l’espère pour très longtemps encore. Je tiens à vous dire que j’apprécie énormément votre travail comme votre personnalité, et ce que vous apportez à l’humanité. J’ai naturellement lu le macroscope, puis je l’ai relu des années plus tard, après avoir lu d’autres livres d’un abord apparemment plus difficile (comme l’excellent Philosophy of Complex system), et c’est alors que votre ouvrage a pris à mes yeux une autre dimension. Je lirai vos deux derniers livres, bien entendu. Je suis particulièrement vos actions dans le domaine de l’éducation, puisque c’est mon domaine de prédilection.
Le Potentiel d’Action (PA) est la base de la communication neuronale. PA = 0 ou PA =1, ça fonctionne bien en mode binaire. Et ce PA est un phénomène adaptatif, parce que les neurones conduisent mal l’électricité. Et bien sûr que l’amplitude du « tout-ou-rien » est modulable, fonction des TTX, ou K(Ia) par exemple (liste non exhaustive). Mais c’est, quantique ou pas, toujours le « tout ou rien » qui assure une conduction (1) ou l’absence de conduction (0). Au départ, comme à l’arrivée, on est bien en mode binaire…au vu de l’état actuel de nos connaissances (en tout cas des miennes) bien entendu :) Mais je comprends mieux l’emploi que vous faites du mot fluidité. Je crois que c’est ce mot que je n’avais pas bien compris. C’était un problème de niveau de langage (langage spécialisé / courant)
Les astrocytes (cellules macrogliales -> fibrillaires ou protoplasmiques) ne sont pas une catégorie de neuroglie (=gliales, terme générique), au même titre que les microglies, oligodendrocytes (cellules macrogliales -> satellites ou interfasciculaires), cellules ependymaires, gliales radiales (ou radiaires), pituicytes, et pinéalocytes ? Je n’ai pas étudié cela en français, alors peut être que je traduis mal, et il y a peut-être une différence avec la façon dont on enseigne cela en France, désolé. En revanche, je vous suis parfaitement pour le saut de hub en hub, ce qui peut d’ailleurs participer à l’explication du modèle hologrammique de Pribram, Lashley et Goldsheider, puis conduire à la mémétique, et donc au réseau.
Je vais m’expliquer sur le crowd-xxx. Le système économique dans lequel nous évoluons est de plus en plus fermé pour de multiples raisons, y compris le fait que ceux qui sont bien en place ne veulent pas de concurrence. Par conséquent, comme il existe malgré tout une pression des nouveaux entrants qui trouvent porte fermée, ces crowd-xxx existent, parce que le réseau des réseaux (internet) permet de mobiliser des capitaux (financiers, intellectuels…) à grande échelle, et qu’aujourd’hui, pour faire quelque chose, on a besoin de plus de capitaux qu’il y a 30 ans, sinon le projet (finalité du système) tombe à l’eau. Mais le crowd-xxx n’est qu’une tontine à grande échelle, il n’y a strictement rien de nouveau dans ce mécanisme. Les Chinois, les Mormons, les Libanais, certaines communautés africaines ou autres communautés religieuses connaissent cela depuis des siècles. Maintenant, ce qui sera intéressant à analyser, c’est : les personnes qui auront réussi grâce au crowd-xxx vont-ils participer à la perpétuation de ce système ou vont-ils rejoindre le système pyramidal classique, se disant que malgré tout, ils doivent leur réussite à eux-seuls ? Vous voyez ce que je veux dire ? Toujours ce problème d’égo. Et ça c’est profondément enraciné. Voilà pourquoi j’ai cité la first person perspective. Après, je n’affirme rien, je peux complètement me planter, et je l’espère d’ailleurs. Il y a peut-être effectivement une prise de conscience du besoin de partage et de coopération, parce que la Terre n’est pas extensible à l’infini, et parce que la démocratisation et massification des informations et connaissances nous oblige à penser en systèmes englobants…entre autres grâces à vous !
Sur l’intelligence collective, je suis complètement d’accord avec vous, et j’en fais suffisamment l’apologie sur Agoravox. De toutes les façons, pour des raisons physiologiques, on arrive aux limites de l’intelligence individuelle (à moins d’étudier en détail les synesthètes, parce qu’il faut quand même dire que le langage verbal, donc linéaire, est assez pauvre par rapport au potentiel de conceptualisation du cerveau humain. Même les neurones de la lecture verbale ne sont qu’un recyclage de la lecture d’images). Par conséquent il faut en passer par l’intelligence collective. Mais ce qu’il manque, ce sont deux choses importantes : un langage commun et l’abstraction de l’égo. Et ça, c’est très difficile. Vous avez cité Pierre Lévy, il est évidemment excellent. Mais connaissez-vous Jean-Michel Cornu ? J’adore ce mec.
Je vais m’expliquer sur la notion de « suivez le guide. », et je vais vulgariser, non pas pour vous mais pour l’ensemble des lecteurs. Notre cerveau est un détecteur de patterns, et il va toujours rechercher à simplifier et automatiser les processus cognitifs, parce qu’ainsi il économisera de l’énergie (penser, c’est dépenser de l’énergie, et c’est pour cette raison que l’intelligence individuelle humaine est très limitée. Penser plus, c’est consommer plus d’oxygène, etc.), et il pourra survivre. J’espère que je suis assez clair, parce que je dois traduire mes pensées en mots français courants, et ça ne m’est pas toujours aisé, ma mémoire de travail verbale peut saturer, toutes mes lectures et expériences arrivent trop rapidement sous des modalités différentes, et il faut les organiser sériellement pour les transmettre ici. Le guide est donc ce qui épargne de l’énergie (temps, argent, etc.). A la complexification des échanges au sein des systèmes répond corollairement un processus de simplification : le guide.
Je vais préciser sur la théorie de la prise de la décision : je faisais référence à l’inférence bayesienne (voir les travaux de Dehaene, David Barber, Pourret, Naïm, Marcot, Lauwereyns, etc.) et à la théorie de l’expertise. Un groupe d’experts (on peut considérer qu’être informé, c’est être expert) prendra des décisions sur la base intuitive de leur expertise (un expert est un intuitif, et d’ailleurs quand vous le soumettez à ses propres règles, il se plante). L’expert fonctionne en système cognitif essentiellement parallèle (à ce propos, Einstein avait 70% de cellules gliales de plus qu’un homme normal, donc des hubs en plus). Le candide (ou novice) prend des décisions selon un arbre parfaitement organisé. Il fonctionne en système cognitif essentiellement sériel. Mais c’est de la réunion des deux groupes (donc constitution d’un groupe hétérogène) que naîtront les meilleures décisions, une sorte de « sagesse » (comme l’appelle Dehaene). D’autre part, c’est le candide qui permet à l’expert de réellement progresser, et ainsi parvenir au dernier niveau d’expertise qui est la créativité.
La vision élitiste que je vous prêtais est sûrement le fruit d’une mauvaise interprétation, veuillez m’en excuser ; c’est moi qui vous ai mal compris. Quand j’ai lu « co-régulation citoyenne par des femmes et des hommes informés », j’ai compris que vous triiez ceux qui sont informés de ceux qui ne le sont pas, et laissiez ces derniers de côté. J’aurais mieux compris co-régulation citoyenne par les internautes ou pronétaires (puisqu’il s’agissait d’internet).
06/11 23:14 - Antoine Diederick
ICI un lien universitaire. Enfin pour ceux qui veulent approfondir via la théologie naturelle (...)
06/11 23:01 - Antoine Diederick
Bonsoir, Je repasse par ici. Je suis surpris par le manque d’élégance de certains sur le (...)
06/11 19:55 - Antoine Diederick
bien possible qu’apparaissent des réseaux privés / fermés-ouverts / co-régulés....
06/11 12:48 - Ruut
06/11 10:37 - jean-marc R
06/11 10:36 - jean-marc R
@ Tristan Valmour Comme vous je serai enclin sur la base des écrits et des prises de parole à (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération