Depuis les dessins sur les parois des grottes, l’homme n’a fait que fabriquer des transcendances à partir de dessin.
On dessine un type en position hiératique, on lui met un disque de lumière autour de la tête et émerge une transcendance du genre ’Oh la la, si on est très immobile, très ordonné, très sage, très impassible, on devient magique’
On dessine un type franchissant un port à Arcole en tenant un drapeau, on favorise les éclairages sur lui, on évite les poussières et saletés et surgit une transcendance autour de ’courage à la guerre, patriotisme, sens du commandement...’
Puis, pour la première fois de l’Histoire, vers le XIXème siècle, peut-être parce qu’on ne pouvait aller plus loin en termes de fabrication de transcendances, on a commencé à jouer de l’émotion que procurent leur démolition.
Emotion lente, transgénérationnelle pour créer un totem ou un tabou
Emotion vive, immédiate lors de la démolition.
Un coucher de soleil n’est devenu une belle chose que récemment. Peut-être à partir du XVIIIème où l’on a commencé à s’intéresser à la nature. Pour l’instant cette transcendance tient encore. Mais nul doute qu’un artiste s’ingéniera à le flinguer.
Pendant 3000 ans on n’écrivait de pièces qu’en vers à allure de vers. Voilà qu’en 1830 Hugo commence à écrire en vers bizarres qui, à l’écoute, ne ressemblent plus à des vers. Scandale et succès.
Pareil pour la danse avec le Sacre du printemps et la musique bizarre de Stavinsky 70 ans plus tard.
De nos jours, parce qu’il y a une transcendance autour de l’amour pour les animaux de compagnie, il y a largement moyen de choquer en jouant à la démolir.
Les démolitions échouent lorsque le public n’est pas choqué.
Notre sécurité (entre nous, les gens) dépend énormément de la confiance en l’existence, chez ceux qu’on croise, du nerf de l’amour envers quelque chose de vivant.
Il est donc possible d’exploiter le fait que nous nous affolons lorsque nous voyons quelque chose nous donnant à penser qu’autrui ne possède pas ce nerf.
Même quelqu’un qui n’en a rien à faire des chats de manière directe, compte sur le fait que chacun est doux avec les animaux de compagnie. Il compe dessus pour oser sortir dans la rue. S’il voit que des individus n’ont pas ce sens et s’il voit que le public n’est pas choqué par ce spectacle de non douceur, il prend peur pour lui-même, il panique et le provocateur a gagné.
Reste que pour sa propre part l’artiste provocateur compte lui aussi sur l’existence de ce nerf chez les autres pour oser se promener dehors. Comme il voit que les gens sont choqués par son exploit, il réussit à la fois son coup et sa réassurance. Il réussit son sondage.
« Les gens ont été choqués, Chouette pour ma notoriété, Ouf pour ma sécurité (une fois l’orage passé) »
Ce jeu aurait pu durer longtemps en toute sécurité de tous puisque chacun ayant besoin de confiance en autrui, chacun promeut quelque amour envers quelque forme de vie, ne serait-ce qu’un cactus.
Mais arrive le moment où les gens en sont à caresser bien plus souvent un machin en plastique qu’une forme de vie biologique. C’est profondément effrayant en termes de sécurité pour sa propre vie. « Les gens me piétineraient pour prendre mon smartphone »
En dépit du choc que ça produit chez tous ceux qui ont besoin de croire au nerf de l’amour et parce qu’ils constatent que ça choque beaucoup de gens, cette affaire de lancer de chats réalisée dans un cadre de performance artistique offre une réassurance en « Ouf, les gens sont encore des êtres sensibles à la souffrance biologique, donc à la mienne ».
On voit qu’au fond ce n’est pas ce que fait l’artiste provocateur qui compte le plus pour nous, mais le spectable de nos réactions face à cette occasion de manifester notre croyance ou non en l’amour du biologique.
Et c’est vraiment le moment de nous interroger sur la question tant nous commençons à adorer la silicone.
Cela dit, je ne pense pas que l’évolution de nos amours vers les objets non biologiques puisse nous faire paniquer de manière exponentielle. Nous aurons de plus en plus peur mais cette peur aura un plafond car l’homme sait s’adapter.
Au problème d’argent près, car ça coûte cher, je pense que nous allons compenser ce risque de plus en plus grand d’être piétinés par des gens préférant les machines en devenant ces machines.
« Si je deviens mon smartphone, on tuera pour me posséder ; je serais logé, alimenté, carressé, choyé »
(A condition d’évoluer du point de vue technologique)
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à easy Puisque c’est comme ça, je ne serai jamais un smartphone
06/11 12:13 - easy
Depuis les dessins sur les parois des grottes, l’homme n’a fait que fabriquer des (...)
06/11 10:20 - siatom
avec un pseudo pareil, il ne pouvait en être autrement, merci
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