« ...Henri Ford, un patron légèrement allumé qui osa énoncer un précepte des
plus fondamentaux en économie. Il faut que je paye mes ouvriers
suffisamment pour qu’ils puissent un jour acheter les voitures que je
produis dans mon usine avec mes travailleurs. »
Exact. Pour être précis Ford pensait offrir des salaires conséquents à ses ouvriers pour qu’ils puissent consommer et enrichir leurs épiciers, leurs cordonniers, leurs barbiers, leurs poissonniers, leurs médecins, etc. L’objectif étant que les commerçants, les artisans, les professions libérales se jettent comme des morts de faim sur des Ford T. Or, non seulement ils ont acheté des bagnoles pour leur usage privé mais, en plus, s’en sont équipés pour leurs livraisons, leurs déplacements pro, faisant ainsi exploser la demande automobile, accroissant les bénéfices. C’est face à cette montagne de fric qui entrait dans ses caisses que Henri Ford a ensuite doublé les salaires de ses ouvriers pour qu’ils achètent, eux aussi, les voitures produites dans ses usines. C’était le cercle vertueux de la consommation.
Ford a d’ailleurs été suivi dans cette logique de « choc de consommation » par d’autres capitaine de l’industrie aux USA et... en France, comme les familles Renault et Peugeot. Conséquence, dans les années 1910, à la veille de la Grande guerre, la production automobile française était quasi-équivalente à celle des Etats-Unis. Loin devant la Grande Bretagne et surtout l’Allemagne, spécialisée dans la fonte et la sidérurgie lourde. Ce qui fut d’un précieux secours, salvateur, en septembre 1914, quand la multitude des taxis parisiens transportèrent les troupes du Général Gallieni sur la Marne, écrasant l’armée de Von Kluck... et changeant le cours de l’histoire.