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Commentaire de Krokodilo

sur Le mauvais tour de Babel


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Krokodilo Krokodilo 8 novembre 2012 11:33

Bebel n’est qu’un mythe, dont la version biblique n’est ni la seule ni la première, j’en avais d’ailleurs parlé sur AVox. Mais l’essentiel n’est pas là. Ce qui me gêne dans votre article, c’est que vous confondez langue commune et langue unique, induisant dans l’esprit du lecteur que l’une entraîne l’autre.

Une langue internationale, que ce soit l’anglais ou une autre, ne remplacera à mon avis jamais notre langue maternelle (ou dominante, d’éducation), celle à laquelle nous sommes tous attachés émotionellement par nos souvenirs d’enfance, celle que nous avons tendance à trouver « la plus belle », à tort puisque c’est très subjectif.

L’espéranto se propose comme langue commune facile (probablement dix fois plus, pour des raisons structurelles) et équitable, ses racines étant latines-grecques-germaniques, et sa grammaire reprenant des notions de base, comme détaillé dans le lien que vous indiquez.

Tout à fait d’accord que nous devons défendre les intérêts de la francophonie, et la diversité linguistique et culturelle, mais ne devons-nous pas aussi nous comprendre, et pas seulement entre Européens, mais aussi entre humains ? Nous sommes une seule espèce au sens biologique (avec de très nombreuses ethnies), pourtant c’est l’incompréhension qui est la norme entre les gens. Très peu d’entre nous peuvent communiquer efficacement avec des étrangers : que ce soit par l’anglais ou par une autre langue, il faut que les deux interlocuteurs soient d’un niveau suffisant pour échanger autre chose que du charabia avec de grands gestes.

Tant que la traduction automatique de poche demeure de la SF et un effet d’annonce des fabricants pour obtenir des budgets de recherche, l’anglais dès l’école primaire étant un échec patent outre une injustice européenne, l’espéranto demeure le meilleur outil à disposition (pas parfait certes) pour disposer d’un moyen de communication international.

Enfin, noyer l’espéranto parmi d’autres éléments, historiques comme le volapuk, ou récents comme l’europanto ou le klingon est une présentation qui ne reflète pas la réalité scientifique et linguistique : l’europanto est un sabir, un gadget imaginé par un ou plusieurs interprètes européens pour s’amuser, de même que le klingon au cinéma, tandis que le jargon des jeunes ou des cités est un classique phénomène de groupe. Mais aucune de ces créations n’est une vraie langue, apte à toutes les fonctions d’une langue. L’espéranto, au contraire, est apte à la traduction précise et fidèle, reconnu comme tel par des traducteurs, des linguistes, l’ONU, l’UE et d’autres instances. Même le récent dossier du monde sur « les utopies » qui prétend que l’anglais universel est un téta de fait le reconnaît : c’est la seule langue construite à avoir ces qualités, rien de plus, rien de moins. Sa stagnation (encore qu’Internet lui a donné visibilité et coup de fouet) n’est pas due à sa structure, ni à une crainte fantasmatique de voir toutes les langues remplacées, mais à un veto de la France il y a longtemps à la SDN, et à la volonté permanente de chaque grande nation de promouvoir sa propre langue (ou d’accepter la soumission à l’anglais comme les pays nordiques), bref à la « guerre des langues » comme on dit.

 Ce manque de volonté d’essayer une solution qui est pourtant la plus rationnelle est étonnant, mais c’est comme ça, nous semblons programmés plus pour la compétition que pour l’entraide et la coopération. Faute d’essayer l’espéranto, l’Union européenne est déjà anglophone... à l’exception du juridique.

En 15 ans, le pourcentage de documents en français est passé de 40% à 6% environ (récent rapport sur l’état du français).

A mon avis, le parallèle entre diversité biologique et diversité linguistique n’est qu’une analogie trompeuse, pas un fait scientifique. Notre cerveau est capable de garder notre langue maternelle et d’étudier une langue de communication. En pratique, la peur irrationnelle de la langue unique fait tout simplement le jeu de l’anglais, comme c’est évident dans l’UE. 


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