Dans Mit Brennender Sorge, Pie XI :
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- d’une part ne stigmatise que
« le racisme émanant du paganisme germanique », c’est-à-dire
précisément ce que je dénonce plus haut : Pie XI rejette la responsabilité de
l’antisémitisme sur « le paganisme » au lieu de reconnaître sa matrice
chrétienne
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d’autre part continue à alimenter
l’antisémitisme en désignant le peuple juif comme déicide : "[Le] Christ
[…] a reçu son humaine nature d’un peuple qui devait le crucifier." Mit
Brennender Sorge, § 19.
Prendre Paul comme modèle de l’amour de l’étranger
est osé
quand on sait les discours enflammés qu’il a tenu contre les hérétiques
et même
contre les Juifs. Quant à l’esclavage, il a connu de beaux jours sous la
chrétienté, et s’est éteint pour des raisons économiques bien plus que
morales, et en tout cas pas religieuses. Encore en 1866 Pie IX déclara
ainsi : "L’esclavage, en lui-même, n’est
dans sa nature essentielle pas du tout contraire au droit naturel et
divin, et
il peut y avoir plusieurs raisons justes d’esclavage.« (Instruction du
Saint-Office du 20.06.1866.)
Dire que l’Eglise, dont la devise a si longtemps été
« Hors de l’Eglise point de salut », qu’elle est un exemple d’accueil
de l’autre est pour le moins paradoxal.
Plutôt que de parler de racisme, notion qui se réfère à des
traits physiques ou à des théories biologiques, il vaut en effet mieux
parler de rapport à l’étranger. Par
rapport à l’étranger, le monothéisme introduit l’intolérance :
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dans le judaïsme par
l’interdit des mariages mixtes. Cet interdit a certes été variable dans l’espace
et dans le temps, mais reste tenace encore aujourd’hui. Quel autre groupe
ethnique a maintenu aussi longtemps un tel exclusivisme ? Peut-être les castes
indiennes, mais au moins le système des castes a été dénoncé urbi et orbi, y
compris dans la Constitution indienne
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dans le christianisme et
dans l’islam en cherchant à convertir l’infidèle, la fin -son salut- justifiant
souvent les moyens,
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- le moteur dans les deux cas
est le même : l’impossibilité de cohabiter avec des idolâtres, ceux qui adorent d’autres dieux
(qu’on qualifiera de faux, d’illusoires, etc., le dieu monothéiste étant par
définition le seul vrai dieu)
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d’une manière générale la
tolérance implique un principe d’égalité d’accès à la vérité. La notion de
vérité révélée unique installe entre le croyant et l’infidèle une instance
tierce, transcendante, garante de la vérité : l’autre est par construction dans
l’erreur, il n’y a plus de tolérance possible.