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Commentaire de samuel_

sur Le déni par la France de ses crimes


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samuel_ 10 novembre 2012 16:01

@ Luc-Laurent

Vue votre perseverance a vous aussi, la moindre des choses est que je vous reponde smiley.

Quand je dis que « d’un point de vue scientifique, seuls les individus font des actes », je donne, comme tout le monde, un sens particulier au mot « scientifique ». Le mot « scientifique », comme le mot « nature », « personne », etc... n’est pas comme le mot « chat ». La convention linguistique donne un et un seul sens au mot « chat », sens que tout le monde connait. Par contre, quand une personne emploie un mot comme « scientifique », elle pioche parmi les mots qui existent, pour faire les distinctions qu’elle cherche a faire, dire les choses comme elle les voit elle. Il y a une convention linguistique qui nous dit quel est, en gros, le sens du mot « scientifique », et c’est pourquoi nous ne choisissons pas ce mot au hasard ; quand nous choisissons le mot « scientifique » il ne peut être remplacé par exemple par « ethique » ou « metaphysique ». Mais quand nous mettons le mot « scientifique » dans une pensée, dans un texte, nous precisons son sens, nous le singularisons, il acheve de prendre tout son sens en prenant place dans le contexte de notre pensee ou texte. C’est pour ça que les mots qu’utilisent les philosophes ont un sens propre a chaque philosophe : ils construisent une pensee qui ne se trouve pas prealablement dans la langue, il faut donc qu’ils donnent aux mots une part de leur sens, qui ne se trouve pas prealablement dans la langue.

 Mon emploi du mot « scientifique », quand je dis « avec un regard scientifique, seuls les individus font des actes », veut dire : avec le regard de l’historien. « Scientifique » veut dire ici : ce qui fait la rigueur du regard de l’historien, sa volonté de ne pas raconter n’importe quoi, et la volonte de l’historien de ne pas sortir du terrain de la description des faits, et du travail pour seulement les rendre intelligibles, et non porter sur eux un jugement moral ou esthetique. S’il fait un jugement moral ou esthetique, il peut le faire, mais ce n’est plus en tant qu’historien.

 Un historien voit des individus agir, et il en parle a longueur de temps dans ses livres. Mais quand un historien dit que l’Etat français a fait ceci ou cela, ce n’est jamais qu’un raccourci de langage pour dire que des gens a la tete de l’Etat ont donne tels ou tels ordres et d’autres les ont executes : c’est un raccourci de langage pour dire que des individus ont fait des actes, ça se reduit toujours a ça, et l’historien ne voit que ça.

 Dire que l’Etat a fait des actes suppose d’en faire un etre doué de la capacité d’agir, agir d’une maniere visible par l’ethique, c’est a dire engageant la responsabilite d’un etre capable d’agir. On peut dire que l’Etat agit en ce sens, en basculant dans l’imaginaire, en voyant vraiment l’Etat comme un grand geant avec une volonte. Ou alors, on peut dire que l’Etat agit en ce sens, de maniere plus subtile, en faisant un certain nombre d’affirmations ethiques : on dit que l’Etat porte la responsabilite des membres de la sociéte ; que toute la societe est responsable des actes des dirigeants de l’Etat et de ceux qui leur obeissent. Mais l’historien ne bascule pas dans l’imaginaire, et il ne base pas son discours sur des postulats ethiques, il ne manipule meme pas de concepts ethiques. Il ne peut donc pas voir un Etat agir au sens ethique.

 


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