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Commentaire de L’immigré

sur Education : qui est responsable ?


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L’immigré 13 novembre 2012 08:15

Pour répondre à votre article sur le culte de l’immédiateté que je n’ai pas encore entièrement lu :

« Le professeur n’a plus que son discours pour tenter d’instaurer une atmosphère de travail. »
Voilà l’exemple
même du défaut de l’enseignement en France : une perte de temps en palabres qui n’ont aucun lien sérieux avec le cours. Ces failles détruisent presque inéluctablement la motivation de certains élèves qui souhaiteraient avancer. Je ne vous parle même pas de la motivation des enseignants qui en prend un coup. Comment se fait-il qu’en France l’éducation ‒qui implique la formation des enseignants‒ ne soit pas vraiment jugée comme étant une affaire sérieuse ?

« un élève [n’a pas encore] pris conscience de l’importance de ses choix et des enjeux d’une vie »
Oui et non. J’étais assez conscient de la chance que j’avais d’intégrer une école : je savais déjà avant d’entrer en classe secondaire que j’avais besoin de l’école pour mon avenir. Par contre, j’ignorais le métier que je voulais vraiment faire.
Quant aux enjeux d’une vie, il est à souligner que beaucoup d’adultes perdent le sens des réalités lorsqu’ils consacrent leur fortune à des animaux de compagnie (vêtements pour chiens et chats) pendant que des SDF peinent à trouver à manger en France... Il m’arrive d’avoir honte d’avoir appris le français à cause de cela.

« devenir juge ou médecin sans imaginer ce que cela signifie en termes de travail et d’étude »
Ne sous-estimons pas l’influence des parents ou de l’entourage des enfants dans leurs aspirations. Beaucoup d’enfants souhaitent plaire à leurs « fans » (c’est-à-dire, leurs amis et parents) telle une quête de reconnaissance de l’appartenance à un groupe. Considérons aussi qu’il est possible que l’enfant ne fait que tenter de s’imaginer dans ce qu’il espère devenir, une façon de refouler ses échecs dont il pourrait être (trop ?) conscient. Les enfants ont une vague idée de ce qui les attend parce qu’ils sont peu informés et mal informés : en général, ils savent à peu près que, pour être pilote d’avion, il faut être doué en math, mais, ignorent souvent qu’il faut bien parler anglais.

« Ce sera toujours ça de pris. »
J’appelle cela l’« Effet Civilisation » : la facilité procurée par l’apparition de la technologie dans les mœurs qui l’ignoraient auparavant.
On peut aussi parler d’« Effet Fashion » : les enfants sont de plus en plus des fashion-addict ou fashion victims ‒c’est selon‒ avec cette ruée vers les consoles de jeu dernier cri, vers les vêtements de marque, vers le dernier smartphone, etc.
J’adore les nouvelles technologies, mais, je peux m’en passer pendant une semaine s’il le faut.

« Vivre, c’est profiter de l’instant présent en faisant ce que l’on veut. »
Carpe Diem ! Raisonnement à court terme occultant drastiquement la notion d’avenir en termes de visibilité sur le plan de la prospective. Cela montre aussi la crainte des parents concernant la précarité des emplois en ces temps de crise.

« Il y a aussi un autre perdant de taille : la formation scientifique des ingénieurs et des chercheurs français. »
Anormalement, curieusement et dangereusement négligé en France. En théorie, qui dit éducation de qualité dit qualification, qui qualification dit (possibilité de) recherche, qui dit recherche dit innovation, qui dit innovation dit brevet, qui dit brevet dit (en principe) revenus, qui dit revenus dit (en principe) investissement dans le bien-être de la population (éducation, santé), etc. Tout le monde connaît la musique, je crois.

« Qui est responsable ? »
Bonne question. Qu’est-ce qu’une responsabilité et quelles sont ses implications dans l’éducation et le succès de cette éducation ?
Avant de répondre à de telles questions, posez-vous des questions sur les acteurs et les indicateurs utilisés pour analyser la problématique.
Mes acteurs ? Il en existe trois :
Les parents : responsables du maintien et de l’entretien des enfants.
Les enfants : les concernés.
Les éducateurs : chargés de transformer les enfants afin d’en faire des personnes autonomes en leur inculquant les techniques et méthodes cognitives.
Mes indicateurs ? Ils sont essentiellement quatre :
Academic Ranking of World Universities  : Classement de Shanghai, invention chinoise.
Les Prix Nobel : domaine scientifique, invention scandinave.
Program for International Student Assessment  : sorte de test de niveau scolaire sur des adolescents d’environ 15 ans, invention de l’OCDE.
Indice de développement humain : indicateur synthétique statistique, invention de l’ONU.
Le corollaire de tout cela ? L’environnement. Elle serait définie par l’ensemble des acteurs et facteurs susceptibles d’influer durablement sur la prise de décision : politique, finance, technologie, sociologie, etc.
La place de la France, chantre et patrie des Droits de l’Homme, dans ces indicateurs ? No comment. Pourquoi  ? Une patrie des droits de la personne humaine devrait être the number one dans tous ces indicateurs : lorsque les droits humains sont respectés, les droits à l’éducation le sont et donc, par effet d’entraînement, les possibilités d’épanouissement intellectuel s’agrandissent considérablement. La France n’est même pas dans le Top Five de ces classements. Such a shame...

Je me demande même si, déjà à la base, il est si évident que cela de définir l’esprit scientifique. Une idée ?


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