• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Surya

sur Quand le meurtrier est irresponsable


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Surya Surya 13 novembre 2012 14:20
J’ai tendance à ne pas accorder trop de crédit à certains témoignages de voisinage. Bien souvent ils n’apportent strictement rien, et se limitent à des remarques telles que : « je comprends pas, il disait toujours bonjour quand on le croisait dans les escaliers, j’aurais jamais pensé que... ». Je ne crois pas de toute façon que ce soit une bonne idée d’interviewer le voisinage, de venir braquer sa caméra sur la personne qui justement vivait juste à côté du monstre sanguinaire (je fais exprès d’utiliser cette expression qui fait très « presse à scandale »), à moins que l’on n’ait rien d’autre à proposer pour étoffer le reportage, ou qu’on cherche à insinuer dans la tête du spectateur « vous voyez ? C’aurait pu vous arriver à vous. »

Même comprise sur le plan juridique bien sûr, je ne pense pas que la phrase devrait être tournée de cette façon. D’autant que si on lit cet article 64 à une personne déclarée irresponsable, la façon dont la phrase est tournée ne va pas l’inciter à prendre conscience de son acte, à prendre conscience de son état, et au final à essayer de s’en sortir.

Je ne suis pas psychiatre, mais j’imagine qu’il doit y avoir, dans toute guérison, une part de participation personnelle et de volonté du malade à s’en sortir. On ne peut pas forcer quelqu’un qui ne le souhaite pas à guérir. Qui ne le souhaite pas ou qui s’en fiche complètement, vu qu’il n’y a pas « eu » crime ni délit, et qu’il a été reconnu qu’il n’était en rien responsable de son acte... ou, si on va par là, de tout autre acte qu’il pourrait être amené à commettre à l’avenir. 

Déclarer quelqu’un irresponsable, ok, mais le mal, ce qui a fait que cette personne est devenue ce qu’elle est, vient bien de quelque part. Bourrer les gens de médicaments pour les empêcher de recommencer, pas génial mais ça aura au moins le mérite de protéger la société, mais si on ne s’attaque pas aux racines du mal, ça ne servira jamais à rien.

J’ai entendu un jour à la radio (France Inter ? je ne sais plus) que le nombre de malades mentaux avait doublé durant les dix années qui venaient de s’écouler. A quoi est-ce dû ? Peut-on nier que c’est la société même dans laquelle nous vivons, qui, je pense, n’est pas adaptée à ce dont l’être humain a besoin, qui produit ces maladies mentales. Après, on panse les plaies comme on peut à coup de psychiatrie et de médicaments...

La plupart de ces gens, comme vous le dîtes, sont fort heureusement inoffensifs, mais cela n’enlève rien au fait qu’il faudrait prendre en compte leurs problèmes et les suivre, les aider, et puis tout de même, cela fait beaucoup d’irresponsables potentiels, qui n’auront peut être aucun signe avant coureur et péteront un jour les plombs sans que personne ne se soit rendu compte de rien et n’aient rien vu venir (ou pas voulu voir).

Je ne suis pas pour une sanction pénale si la personne est réellement irresponsable, mais pour une véritable prise en charge psychiatrique, un vrai suivi.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès