@ Romain Desbois et @ L’immigré
Hum, je me suis trompé dans une réponse écrite un peu plus bas sur cette page ! J’ai confondu Romain Desbois et L’immigré au sujet de ce commentaire sur les langues.
Je suis totalement d’accord avec Romain Desbois : apprendre des langues différentes peut constituer une perte de temps selon moi, et compte tenu de ses objectifs prioritaires de formation et de carrière.
Il est utile d’apprendre une ou deux langues dès le collège par exemple, et plus tard d’en approfondir l’étude en lycée, puis dans sa formation universitaire (ou autre), mais sans exagération.
Or on entend souvent qu’il est très utile de parler plusieurs langues, que l’on ne peut rien faire si ce n’est pas le cas, que c’est un facteur de progrès et de compétitivité, etc.
C’est vrai. Parler plusieurs langues est utile et déterminant dans beaucoup de situations. Etre ceinture noire de karaté est vital si on se trouve agressé dans la rue en revenant chez soi en pleine nuit. Savoir conduire un avion peut être grandement utile dans certaines occasions. Est-ce à dire qu’il est judicieux d’imposer l’apprentissage de trois langues, du karaté et du pilotage d’un avion pour obtenir son BAC ?
Je me contenterai ici de préciser ma pensée en envisageant seulement trois exemples.
Exemple 1 : Sous prétexte que l’apprentissage des langues entraîne le cerveau et permette de communiquer avec d’autres personnes, imaginerait-on d’imposer à tous les lycéens de passer par exemple 10h par semaine à apprendre l’anglais, l’espagnol et le mandarin ?
Le temps que l’on passerait à développer son cerveau de cette manière serait tout simplement perdu pour avancer dans l’étude des sciences. Ce serait du temps en moins pour découvrir les nombres complexes, leur interprétation géométrique, les transformations du plan, les similitudes, et les méthodes de raisonnement en logique, etc. On ne peut pas tout faire, il faut faire des choix ! Notre vie est courte vaindious !
Exemple 2 : Après ma première année de fac, j’avais rencontré, en vacances, une Finlandaise fort sympathique qui était lycéenne dans son pays. En parlant avec elle, elle m’apprit qu’en Finlande, à Jyvaskila où elle habitait, elle apprenait 5 langues différentes depuis l’équivalent de la sixième, si j’ai bien compris. Du finlandais (normal), du suédois (parce qu’il y avait des accords avec la Suède dus à une forte communauté suédoise installée en Finlande, et une volonté politique de souder la Finlande au bloc scandinave, pourquoi pas), de l’anglais (inévitable), de l’allemand (car ils ne sont pas loin), et du français (un choix personnel).
J’en déduisais qu’elle était dans une section littéraire, mais est-ce sûr ? Bon, et bien moi qui trouvais que l’on avait eu beaucoup à travailler pour réussir sa première année de fac en mathématiques et la physique, je ne voyais pas comment il aurait été possible que l’on me fasse faire autant d’études en langues au lycée sans saboter tous les apprentissages que j’y avais reçus en sciences. Tout ce que j’avais travaillé au lycée en maths et en physique était ENORME, et je remercie encore les professeurs qui m’ont ouvert des voies en sciences, et le programme de la section C qui était parfait ! Trois ans à réfléchir, à m’entraîner et à comprendre des choses sensationnelles. On résolvait des équations du second degré dans Z/11Z, et c’était remarquable. On comprenait mieux ce que représentait le corps des réels. Le programme de terminale C comportait une description précise de la géométrie affine et une explicitation des structures vectorielles (en algèbre linéaire) tellement rigoureuses et convaincantes que je m’aperçus quelques années plus tard, en licence, que je possédais déjà 80% du cours de géométrie affine et euclidienne que je suivais à la fac de Nice (donné par M. Chazarain : j’en profite pour dire qu’il s’agissait d’un une excellent cours, une vrai œuvre d’art). Mon année de terminale C m’offrait pratiquement un module d’enseignement en licence, c’était génial ! Il n’y avait qu’à approfondir et s’entraîner encore.
Si j’avais passé trois ans au lycée à baragouiner je ne sais quels dialectes, je n’aurais fait que perdre trois ans dans MA formation, celle que j’avais choisie. Je VOULAIS travailler dans un domaine scientifique, en maths ou en sciences physiques surtout.
Exemple 3 : La dernière réforme des maîtres était pathétique, comme je l’explique dans mon livre Délires et tendances. Une des inventions, sans doute issues d’un think tank génial organisé par des personnes très progressistes et linguistes dans l’âme, qui n’avaient, c’est certain, jamais touché aux maths de leur vie, a été d’imposer une épreuve de haut niveau en langue vivante, appelée CLES2, à absolument TOUS les candidats de TOUS les CAPES de France et de Navarre, quelle que soit la discipline concernée ! Fatale absurdité !
Si un Einstein avait voulu passer le CAPES de sciences physiques en 2011 pour enseigner en collège, il aurait été salement recalé s’il ne parlait que sa langue maternelle :
Examinateur : « Candidat Einstein ! Vous voilà bien présomptueux de vouloir enseigner la physique aux enfants de la république alors que vous ne maîtrisez même pas une langue étrangère ! A l’époque de la communication ! Mais vous vous croyez où ? Vous êtes ajourné ! Filez, et qu’on ne vous revoie plus dans cette salle de concours ! ».
Et se retournant vers son collègue progessif : « Quel toupet ! Il avait bien quelques connaissances en physique, mais comment peut-il imaginer que cela suffit pour enseigner au collège ou dans un lycée au XXIe siècle. Il y en a qui devraient quand même se mettre à jour… »
Voilà un tableau tordant s’il n’était pas tragique, car ce sont nos étudiants, et parmi les plus méritants, que nous pénalisons. Les conséquences de tels choix abscons n’ont pas tardé à se faire voir : le nombre de candidats présents aux deux épreuves écrites du CAPES de mathématiques est passé de 7969 en 1997 à 1285 en 2011, soit une chute de 84% !
Et au lieu de continuer à travailler sur mes livres de maths, j’ai dû me mettre à écrire Délires et tendances dans l’éducation nationale pour expliquer ce marasme car je ne comprends toujours pas pourquoi on s’acharne autant sur nos étudiants scientifiques.
Pour finir, je peux affirmer que l’on n’a pas besoin de connaître l’anglais ni aucune autre langue vivante ou morte pour enseigner les mathématiques de la maternelle au doctorat, que cela ne sert strictement à rien pour tous les enseignements jusqu’à BAC+5, donc au niveau Master, et que bien sûr, un niveau moyen en anglais permet de lire quelques articles de recherche dans la langue de Shakespeare quand on prépare un master de recherche ou un doctorat en mathématiques, mais qu’il s’agit d’un anglais scientifique auquel personne n’est préparé et doit se former tout seul comme un grand. Ensuite on a besoin de l’anglais pour publier dans des revues internationales si l’on devient enseignant-chercheur. Un anglais très spécial. Un niveau moyen d’anglais permet de lire par ailleurs des tas de bouquins intéressants qui n’ont rien à voir avec les sciences, mais là ce n’est pas dans l’exercice de son métier.
Comment peut-on en arriver à imposer une épreuve de langues au CAPES de mathématiques pour enseigner en collège ou en lycée ?
Pourquoi pas ne pas carrément envisager de n’utiliser que l’anglais pour tous les enseignements de la maternelle à l’université ? Après tout, cela ferait gagner du temps à tout le monde et serait plus cohérent. La langue maternelle actuelle pourrait être oubliée en une ou deux génération, ce qui ne serait pas un mal puisque nous devons préparer l’avenir, et que l’avenir c’est l’anglais !
Ah ! Si nos amis du Québec m’entendaient !
Un hic ! Près d’un milliard de personnes parlent déjà le mandarin sur Terre. Aussi on pourrait bien devoir encore ré-envisager le choix du langage dans quelques années. Alors, plus progressiste que les progressistes, je propose tout de suite de nous mettre tous à l’apprentissage du mandarin ! On ferait d’une pierre deux coups : avec des idéogrammes à la place de l’alphabet, la méthode globale de lecture ferait enfin l’unanimité à l’école primaire, et les parents en perdraient une fois de plus leur latin !
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