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Commentaire de Bereb

sur Pétition en faveur de l'espéranto au bac : il est encore temps !


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Bereb 18 novembre 2012 17:42

« l’espéranto est la seule langue construite a avoir suffisamment convaincu pour élargir le cercle de ses locuteurs et les renouveler à chaque génération, tandis que les autres n’ont qu’une poignée de partisans, ultra-minoritaires parmi des gens eux-mêmes minoritaires ! »


Voilà bien une réponse convenue et tellement prévisible (toujours la même depuis des années). Le fameux argument du nombre de locuteurs, ceux de l’Espéranto seraient les plus nombreux, CQFD car il n’y a, à vrai dire, aucun recensement précis : entre 10 000 et 10 millions (?). C’est tout sauf précis. D’autre part c’est un argument qui, s’il tenait la route, nous pousserait davantage à apprendre l’hindi, le chinois ou bien l’anglais, langues dont le nombre de locuteurs est parmi les plus élevés.

Voyez-vous j’ai étudié et pratiqué l’Espéranto pendant plusieurs décennies, séduit par l’idée d’une langue vraiment commune, persuadé un peu naïvement qu’il n’y avait en lisse que l’Espéranto (c’est un peu ce qu’on me répétait en boucle pendant toutes ces années), jusqu’à ce que les moyens d’information s’enrichissent de cet outil que nous utilisons presque quotidiennement maintenant : Internet, qui m’offrit l’occasion de découvrir que les alternatives à l’Espéranto n’étaient pas mortes et enterrées comme on me l’avait toujours fait croire, mais encore vivantes ou renaissantes, avec parfois des qualités égales ou supérieures, en tout cas plus convaincantes à quelques égards que l’Espéranto. Avez-vous seulement exploré, essayé, pratiqué ces alternatives, en dehors de l’Espéranto, pour pouvoir juger ou affirmer que l’Espéranto est la seule langue construite a avoir convaincu ? Convaincu qui ? Des personnalités de tous bords, convaincues par l’idée, comme je le suis, mais qui n’ont qu’une connaissance succincte, voire aucune connaissance de la langue elle-même ?

Que vous défendiez l’Espéranto, c’est votre affaire et nul ne peut vous le reprocher. Mais que vous le présentiez comme la seule solution à un problème, suffisamment sérieux pour qu’on ne le traite pas à la légère, devient de la malhonnêteté intellectuelle. Pas besoin d’être polyglotte pour juger de la valeur d’un langue construite, il peut suffire de juger si elle est « attractive et abordable » mais ses qualités linguistiques doivent être examinées par des spécialistes : des linguistes, des philologues ou des grammairiens, en particulier quand l’auteur de la langue n’est aucun de ceux-ci.

Pas besoin non plus d’être « partisan ». Une langue est une langue, même une langue construite, il n’y a pas besoin d’être adepte ou partisan, il suffit juste de la pratiquer, comme on le ferait avec une langue « naturelle ». 
En utilisant ce terme de « partisan », vous venez de mettre à mal la soi-disant « neutralité »de l’Espéranto (lorsqu’on est partisan, on n’est plus neutre), de même que vous pointez une contradiction quand vous affirmez, d’une part que l’Espéranto est une/la solution à « un plurilinguisme raisonné, une communication équitable », et d’autre part qu’il est la « seule langue construite » convaincante. On croit réentendre des accents de « unu mondo, unu lingvo » (un seul monde, une seule langue), un slogan espérantiste, un peu terrifiant, qui sévissait il fut un temps. 
Où est le respect de la biodiversité linguistique (et culturelle) dans tout çà, qui consiste à respecter toutes les langues, aussi minoritaires soient-elles ?
N’êtes-vous pas en train de pratiquer ce que vous reprochez, parfois violemment, à l’anglais, l’hégémonie linguistique, mais ici au sein même des langues construites ?

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