à l’auteur,
Je n’ai pas la moindre compétence juridique, mais je serais quand même fort étonné qu’il soit question de l’amour dans les textes de loi qui définissent le mariage. Cette formalité à la mairie sanctionne le projet de deux individus de vivre ensemble, éventuellement de se reproduire. Le reste, c’est de la guimauve. Si quelqu’un peut me démentir, bien évidemment, je m’inclinerai.
Le difficile n’est pas de faire des enfants, mais plutôt de ne pas en faire : ça implique un certain nombre de précautions et un certain effort d’attention. Si vous voulez faire des enfants, la méthode est extrêmement connue, c’est très simple et vite fait, sans douleur et même plutôt agréable. Il n’y a aucune loi qui vous l’interdise, que ce soit dans le mariage, le Pacs ou même en dehors de tout cadre légal.
Si vous ne voulez pas en faire, vous n’en aurez pas et vous ne serez jamais père au sens le plus ordinaire du mot, ni responsable dans une centaine d’années de la mort de quelques pauvres bougres qui râleront sur un lit d’hôpital. C’est là une solution tout à fait philosophique, c’est la mienne, et je m’en trouve très bien, les futurs agonisants potentiels encore mieux.
Il n’y a que les imbéciles pour se réjouir paradoxalement de ce que Cioran appelait « le malheur d’être né ». Arrivée à l’âge des rhumatismes, Madame de Sévigné confiait à sa fille qu’elle aurait bien préféré « mourir entre les bras de sa nourrice ». Et de fait, tous ceux qui sont un peu lucides, s’ils avaient pu avoir avec leur mère un petit dialogue dans les jours qui ont suivi leur conception, lui auraient probablement conseillé de se faire avorter. Quand vous serez un peu plus vieux, si vous aimez encore la vie et si vous vous rendez compte qu’il faudra bien la perdre, vous ferez le bilan et vous que tout cela n’est pas bien drôle.
Je mets dans le même sac de l’immaturité calamiteuse les homosexuels aussi bien que les couples stériles prêts à tout pour engendrer des mortels ou, si ce n’est pas possible, en adopter.
J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui, n’ayant jamais songé à faire des enfants, acceptent à l’improviste, confrontés par exemple à la situation d’un enfant devenu orphelin et qu’ils connaissent, de l’adopter et de se compliquer l’existence. Ils n’en avaient pas besoin, ils s’en chargent, et quelquefois très bien. Ils n’attendent de ce geste rien pour eux-mêmes.
Plus généralement, on peut poser que s’il est envisageable de CONSENTIR à avoir des enfants, d’en prendre le risque en négligenant la contraception ; en revanche, il est tout à fait contraire à l’éthique la plus élémentaire d’en VOULOIR et de se prendre pour Dieu lorsqu’on n’est même pas capable de trouver une solution d’évitement à la fatalité de devoir mourir. La première politesse serait en effet de leur demander au préalable, à ces malheureux, si cela leur convient. Ce n’est malheureusement pas possible.